Exportation du blé ukrainien : La condition de Poutine
Hayet Youba
Vladimir Poutine ne cède rien pour rien car il sait bien qu’à la guerre, comme à la guerre, tout doit être bien calculé. Raison pour laquelle le président russe ne donne pas son accord pour l’ouverture de couloirs permettant l’exportation du blé ukrainien via la mer noire, sans exiger que cette «vente» soit concomitante. Ainsi pour éviter une crise alimentaire mondiale en ouvrant la voie au blé ukrainien à sortir de cette zone de guerre, Poutine exige la levée de toutes les restrictions occidentales sur les céréales russes. C’est du « donnant-donnant » et la balle est maintenant dans le camp des occidentaux. Réuni en sommet tripartite avec les présidents turc et iraniens, à Téhéran, l’occupant du Kremlin a déclaré «nous faciliterons l’exportation des céréales ukrainiennes, mais en partant du fait que toutes les restrictions liées aux livraisons aériennes à l’export des céréales russes soient levées ». «Nous nous étions entendus depuis le début sur ce point avec les organisations internationales. Mais personne n’a pris la responsabilité de finaliser tout cela, y compris nos partenaires américains », a-t-il poursuivi, pointant du doigt l’Occident. « Les restrictions sur les livraisons d’engrais russes sur le marché mondial ont été levées par les Américains, dans la pratique », a assuré M. Poutine. Selon plusieurs médias américains, les Etats-Unis ont en effet poussé les compagnies internationales de négoce à renforcer leurs approvisionnements russes en engrais, en dépit de sanctions officiellement encore en place. Le tout, pour booster la production agricole. « S’ils veulent sincèrement améliorer la situation sur les marchés mondiaux alimentaires, j’espère qu’il en sera de même concernant les exportations de céréales russes », a encore souligné Vladimir Poutine. L’Ukraine est l’un des principaux producteurs de blé, de maïs ou encore de tournesol. 20 à 25 millions de tonnes sont bloquées dans le pays, et le chiffre pourrait tripler d’ici l’automne, avant que ces stocks, entravés par le blocage des ports de la mer Noire, et notamment Odessa, ne finissent par pourrir si rien n’est fait.
H.Y. /agences