Gaz algérien : le pragmatisme exigé par le Président Tebboune
En Conseil des ministres, le Président Tebboune «a enjoint le ministre de l’Energie et des Mines d’œuvrer à hisser le niveau de production de gaz, en vue de préserver la moyenne nationale de consommation, d’une part, et de renforcer l’exportation, d’autre part, en exécution des engagements pris par l’Algérie vis-à-vis de ses partenaires étrangers ». En effet, la consommation nationale en gaz est très élevée. Ace rythme, en 2033, l’Algérie, avait prévenu Abdelmadjid Attar, expert en énergie, ne pourra exporter qu’à peine 10% de gaz naturel, contre 80% en 1980, 79% en 2005 et 58% en 2019. Des arbitrages vont s’imposer.
Dans son étude, M. Attar relève en effet, concernant les productions et les découvertes réalisées depuis 2015, un total de 2,5 milliards de TEP en gaz naturel, alors que les besoins de l’Algérie à l’orée 2050 s’évaluent à 6 milliards de tep, soit 6000 milliards de mètres cubes, pour garder le même rythme de consommation interne et d’exportation.
Notons par ailleurs que l’Algérie a réalisé un nombre record d’exportations de gaz naturel en 2022. Et la politique énergétique en Algérie consiste à répondre à la demande intérieure, qui n’a cessé d’augmenter entre 3 et 4% au cours de la dernière décennie, et à approvisionner les marchés mondiaux avec cette énergie vitale. Plusieurs contrats de partenariat avec des étrangers dans le domaine du développement des hydrocarbures, qui permettront une augmentation de la production nationale des quantités de pétrole et de gaz entre 2023 et 2028.
L’Algérie est actuellement le troisième fournisseur en gaz naturel de l’Union européenne (UE) après la Russie et la Norvège. La volonté de l’UE d’arrêter complètement d’importer du gaz russe en 2027 au plus tard et le fait que les autorités russes aient déjà fortement réduit leurs exportations vers les pays européens créent des besoins supplémentaires de gaz et poussent l’UE à chercher d’autres fournisseurs que la Russie. « L’Algérie a une place à prendre dans ce nouveau contexte énergétique et elle a commencé à le faire, comme le montre l’accord entre la Sonatrach et le groupe italien Eni conclu en avril 2022 », explique Francis Perrin, spécialiste en questios énergétiques. Aux termes de cet accord, Eni pourra importer des volumes additionnels de gaz algérien dès 2022 à travers le gazoduc TransMed. Ces volumes supplémentaires seront de 9 milliards de mètres cubes par an en 2023-2024. Pour M. Perrin, l’Algérie peut être une partie de la réponse à la crise en Europe. Elle a des atouts dans son jeu ».
Mohamed Ait S.