Dans une étude consacrée aux alternatives possibles à la gestion des réserves de change par la Banque d’Algérie, Pr. Farid Yaïci et sa doctorante Ouaret Samira (Université de Béjaïa) affirment que par la création d’un fonds souverain, « l’Algérie aurait gagné plus que les rendements des placements de ses réserves ».
Les réserves en devises, notent les deux universitaires, sont gérées d’une «manière prudente par la Banque d’Algérie, qui préfère les placer dans des devises internationales dites de refuge et des obligations souveraines des Etats notées AAA ». Toutefois, depuis 2018, «la stratégie de la Banque d’Algérie en termes de placements des actifs a été modifiée préférant des placements dans des obligations supranationales et des agences et, depuis 2019, des investissements en actifs libellés en RMB ont été réalisés». Ce choix est «jugé judicieux, au regard de la dégradation de la note de la dette souveraine de plusieurs pays et de la place de la Chine et de sa monnaie dans l’économie mondiale ».
A partir des expériences des Fonds souverains de l’échantillon, les universitaires indiquent que l’Algérie «pourrait constituer un FS d’objectifs divers, ne serait-ce qu’à titre pilote, lui permettant une bonne gestion de ces réserves de change ». Ce Fonds « serait destiné à l’investissement et à former une épargne pour les générations futures, respectant les points suivants : application stricte des lois, fournir des rapports périodiques, bonne gouvernance du fonds, possibilité de diviser le fonds en sous fonds, permettre des placements à l’étranger dans des titres à court, moyen et long terme, coopérer avec d’autres fonds dans le but d’échanger les expériences ». Le fonds « peut faire appel durant les premières années d’activité à des experts étrangers ».
Les auteurs de l’étude publiée à la Revue des économies de l’Afrique du Nord, soulignent par ailleurs que la Norvège constitue « le meilleur exemple en matière de gestion des réserves de change, donc le parangon ou le Benchmark, en décidant, dans un souci de diversification du portefeuille et de minimisation des risques, de les répartir en trois portefeuilles (revenus fixes, actions et amortisseur pétrolier), l’Algérie gagnerait à s’en inspirer ». De plus, « la Banque d’Algérie pourrait investir dans des actifs libellés en d’autres devises pour la qualité de la dette souveraine de leurs pays émetteurs et de leurs rendements intéressants dans un environnement de baisse des taux d’intérêt en Europe ».
Mohamed Ait Saïd