Humeur/ Fils blancs
Le hasard n’a guère de place en politique. En diplomatie non plus. Donc, ce n’est pas sans une note d’agacement amusé que j’ai relevé la double charge menée ce vendredi par le gros des troupes de la diplomatie marocaine. Nacer Bourita, d’abord, est venu nous prévenir que l’essentiel des victimes du terrorisme se trouve en Afrique.
Le chef de la diplomatie marocaine s’exprimait devant le conseil de paix et de sécurité africain. Pourquoi ne pas croire à la noblesse de cette mise en garde ! le devenir de l’Afrique nous importe et nous touche au plus haut point.
On parle ici de cette même Afrique que le Maroc avait « déserté », la laissant livrée à sont triste sort, avant d’y revenir en 2017, non sans être porteur de perfides arrière-pensées. Mieux ou pire, c’est selon, ce retour s’est accompagné du cheval de Troie sioniste, dont les premières attaques ont été repoussées avec succès, dans l’attente des suivantes.
Cela, pour dire que Bourita, qui œuvre à creuser la tombe du continent noir, est menteur et perfide dans sa mise en garde.
D’autant que son action a été parfaitement coordonnée le même jour avec ce trublion d’Omar Hilal, ambassadeur du Maroc auprès des Nations-Unies. Ce dernier, qui « blablatait » devant le conseil de sécurité, a quant à lui (re)mis en garde contre « le terrorisme et le séparatisme ».
En dépit de l’écume de la rage et de la haine qui nimbe ses lèvres persiflantes, il a réussi à dérouler son discours alarmiste sans citer une seule fois le nom du front Polisario. Pas besoin de lui en savoir gré pour la délicatesse hypocrite de cet exercice rhétorique.
Pour ma part, journaliste qui suit de près les dossiers sahraoui, sécuritaire et palestinien depuis bientôt une trentaine d’années, force m’est de relever que la menace terroriste est en effet une morbide réalité qui nous cerne et nous concerne à tout instant. Toutefois, ce sont sa définitions et ses principaux acteurs et commanditaires qui posent problème.
Il me souvient d’abord que l’AG de l’ONU, où l’ensemble des Etats ont droit de cité, avait renoncé depuis des années à permettre l’adoption d’une définition commune du terrorisme. Si cela avait été fait loin du diktat du conseil de sécurité, cela aurait permis de placer au banc des accusés l’apartheid colonisateur du Maroc et de l’entité sioniste.
C’est la lutte antiterroriste elle-même qui pêche à cause de ses choix militaristes aveugles. J’en dirais quelques mots un jour. Pour le moment, c’est la question marocaine, et sa puérile offensive, qui accapare le plus clair de mon attention. Rabat a partie liée avec le terrorisme. Ce constat axiomatique relève même du secret de polichinelle. L’argent sale du trafic de drogue, dont le Makhzen fait publiquement commerce. Ce sont par exemple les barbouzes dAbdellatif Hammouchi et Yacine Mansouri qui ont créé le MUJAO (mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest).
M. Taleb Omar, ambassadeur de la RASD à Alger et ancien premier ministre, a confirmé ces faits gravissimes dans l’entretien qu’il a accordé à La Patrie News. Ce groupe criminel, qui se trouve derrière l’assassinat de nos diplomates à Gao, dans le nord du Mali, est également l’auteur de nombreuses actions terroristes dans le sud algérien ainsi qu’à Chahid El Hafed. Ce n’est hélas pas tout. Tant s’en faut.
Le terrorisme d’Etat marocain se cristallise à travers son recours aux drones tueurs dans le Sahara Occidental. Les victimes en sont nombreuses, dont de paisibles camionneurs algériens, au moment où la vie y est devenue quasiment impossible.
Le Polisario, quant à lui, est le représentant légitime du peuple sahraoui, comment en a décidé l’ONU, les cours de justice africaines et européennes, ainsi que près de la moitié des Etats membres des Nations-Unies. Il se bat pour l’indépendance son pays et l’arrêt du pillage de ses ressources naturelles.
Il est temps de lui accorder son référendum d’autodétermination. Sa patience et sa tolérance quasi légendaires ont quand même des limites. Avis !
Mohamed Abdoun