Humeur
Intimidation
Par Mohamed Abdoun
En ce bas monde en train de partir en vrille, il est devenu nécessaire de se caparaçonner d’une sorte de cynisme sommaire pour ne pas flancher, se laisser choir sur la chaussée, pleurer des larmes inutiles ; qui n’emporteront même pas les torrents de sang, indécents et incandescents, des plus de 34.000 martyrs de Gaza. Est-ce assez cher payer pour arracher son droit d’exister ? Sans que oui. Mais pas pour l’entité israélienne. Celle-ci tombe définitivement son masque. Ne prend plus du tout la peine de faire semblant. Son slogan, lancé depuis 1897, année de la tenue du congrès de Bâle, a toujours été « un terre sans peuple pour une terre sans peuple ». Les Palestiniens sont invisibilités, déshumanisés, pour faire admettre à l’opinion mondiale la grosse pilule de leur élimination massive. Ce faisant, il est impératif qu’un Etat palestinien digne de ce nom, membre à part entière de l’ONU, ne voie jamais le jour. Tel-Aviv et Washington y travaillent intensément. Leur ultime plan est d’éliminer l’ensemble des camps de réfugiés, réécrire l’histoire, effacer la Nekba de l’histoire globale de l’humanité, cesser de parler de droit au retour, de rappeler que les Palestiniens sont aussi enracinés sur leurs terres ancestrale que leurs oliviers millénaires. Faire oublier aussi que par-dessus tout, l’entité israélienne, basée sur le terrorisme d’Etat et l’apartheid, n’existe que depuis la Nekba de 1947. Autant dire depuis hier. L’élimination des camps de réfugiés suppose aussi celle de l’UNRWA. L’Algérie, dont les actuelles actions ne me rendent plus jamais fier de faire partie de cette grande nation, œuvre par tous les moyens à bloquer cet insidieux processus de liquidation totale de la cause palestinienne. L’histoire retiendra que c’est nous qui avons été, en ce mois d’avril 2024, derrière la résolution proposant d’intégrer la Palestine à l’ONU en tant qu’Etat à part entière, et que la proclamation de la de la naissance officielle de ce même Etat palestinien en octobre 1988. C’est nous qui somme derrière l’allocation d’une somme d’argent importante au profit de l’UNRWA afin d’en bloquer l’insidieuse élimination, et sa « dissolution » dans les autres organisations d’aides humanitaires des Nattions-Unies. L’UNRWA vivra. L’Algérie nouvelle, objet et sujet de notre fierté, y veillera personnellement. L’histoire retiendra aussi l’attitude défaitiste et traitresse de beaucoup d’Etats, dont des pays arabes, signataires des accords d’Abraham. Comme sur le terrain à Gaza, une lutte à mort est engagée au plan diplomatique. Dans une démarche d’intimidation diplomatique, le ministère israélien des Affaires étrangères a convoqué les ambassadeurs de plusieurs pays ayant voté en faveur de l’adhésion de la Palestine aux Nations Unies sur la base de la résolution soumise par l’Algérie. Oui, l’entité israélienne ne s’encombre plus de scrupules. Ne fait plus semblant. Son attitude dictatoriale est une preuve de plus que c’est elle qui doit cesser d’exister pour la paix, la stabilité et l’harmonie dans le monde. Il n’y a là rien d’antisémite dans ces propos. Majoritaires partout dans le monde, les juifs « normaux », qui ne sont pas racistes, néonazis et terroristes, n’en pensent pas moins. A moins de revenir vers un minimum de légalité internationale, en revenant vers les frontière de 1967, en permettant la naissance d’un Etat palestinien ayant pour capitale Al Qods-Est, et en quittant le Golan syrien, occupés et annexé illégalement avec la complicité des Américains. Même me Hamas, perdant toute raison d’exister, cèderait la place à un mouvement tourné vers l’avenir, la paix, le développement et non plus la résistance. Le reste, tout le reste, ne serait que stérile verbiage. Non, il ne faut pas que ces plus de 34.000 martyrs soient morts pour rien. L’entité israélienne est le seul « Etat » admis de force et de farce à l’ONU, né du massacre d’un peuple, celui de Palestine, et qui n’a pas de frontières clairement définies et arrêtées dans sa constitution. Son expansionnisme invétéré peut vous aider à en deviner les raisons…
M.A.