La délégation, qui l’accompagne renseigne sur les dossiers abordés
Les enjeux d’une visite
Hayet Youba
A travers la composante de la délégation qui accompagne le président français lors de sa visite de trois jours à Alger et son programme, il est aisé de deviner les thèmes qui seront abordés. Emmanuel Macron qui affiche l’ambition d’ouvrir « une nouvelle page d’avenir » dans les relations franco-algériennes comme le souligne l’Elysée, arrive à Alger après une longue brouille diplomatique. Ce sera pour lui une occasion de faire oublier les mésententes et de relancer les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie sur de nouvelles bases. Avec la présence des ministres de l’Economie et des Finances, de l’Intérieur, de l’Europe et des Affaires Etrangères, celle de la Culture ou encore la secrétaire d’État chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, Emmanuel Macron ciblera la question mémorielle, la circulation des personnes, la coopération économique et peut-être militaire, l’énergie, et la culture. Le président français va aborder la crise du gaz qui s’accentue en Europe en raison des coupures russes et tenter d’obtenir un accord de principe pour une hausse de l’approvisionnement de l’Europe en gaz algérien. Sur le plan économique, la France qui a perdu du terrain cherche à le retrouver, raison pour laquelle Emmanuel Macron s’est fait accompagner par de nombreux hommes d’affaires mais aussi par les patrons d’importantes sociétés françaises. Mais avant toute coopération économique, il faut une collaboration étroite sur le plan diplomatique. Macron n’est pas sans le savoir et ne manquera pas de faire des « concessions » pour reprendre sa place dans le marché algérien. Ce sera sur le dossier visas, que le président français va montrer sa bonne volonté d’aller vers une collaboration plus étroite. Sur le dossier de la mémoire, le président français ne serait pas dans une logique de repentance, tel qu’exigé par Alger. Il tentera de compenser ce manque à l’exigence d’Alger en appelant à l’ouverture d’« une nouvelle page vers l’avenir ». L’Algérie qui a décidé, elle, de se tourner vers le monde et de reléguer au second plan son « butin de guerre » à savoir la langue et la culture françaises en adoptant l’anglais comme langue d’enseignement, n’a pas échappé à l’œil vigilent du président français qui tentera, dans ce domaine cultuel aussi, de reconquérir du terrain.
H.Y.