L’Algérie au milieu du gué : Le Hirak , la contre révolution et les guerres de dernière génération
Les forces du progrès et de la rupture sont confrontées aux forces de réticenceet au changement qui se terrent dans les coulisses des arcanes du pouvoir informel, dans les alcôves et les antichambres de la conspiration .
L’opinion publique a été surprise et atterrée par le retour , à de hautes fonctions, avec fracas, du lecteur attitré des discours de Bouteflika, fervent soutien du 5ème mandat .
Sur les réseaux sociaux , la consternation populaire voit ainsi ses rêves menacés, par tant de déviances , qui risquent de créer la fracture que personne ne souhaite .
Lors de son investiture, le Président de la République a exhorté la population a dénoncer toutes les déviances, tout en décourageant publiquement les opportunistes de tous bords , qui manifestent leur existence politique , par des soutiens douteux , qui menacent la crédibilité des gouvernants .
Au Japon le Président du Comité Olympique qui a tenu des propos sexistes, a présenté ses excuses après avoir été acculé par l’opinion publique qui a considéré de telles paroles comme outrageuses.
Dans les démocraties , toute atteinte à l’honneur et à la dignité des citoyens,par des gouvernants , quelque soit leur niveau , n’est pas tolérée . Cela est immédiatement suivi par la démission ou la fin de fonction .
La force populaire du hirak est appelée , lors des prochains scrutins , à participer massivement aux élections pour porter au pouvoir les candidats du peuple .
Le temps des coups de force est révolu. Celui qui aspire à gouverner l’Algerie doit sortir des urnes, plébiscité de manière démocratique, par la majorité du peuple .
Le chaos et le désordre sont une thérapie qui a semé la désolation que nous devons éviter à tout prix .
Il n’y a pas de dualisme entre le peuple et l’armée qui est d’essence populaire. Elle constitue le dernier rempart qui protège l’Etat, la sécurité, l’unité et l’intégrité de la nation .
Notre pays évolue dans un magma mondial , mouvant , crisogene , belliciste et hostile, où tous les coups bas sont permis .
Seul l’Etat de droit est en mesure de mettre l’Algerie à l’abri des crises et des conflits qui reviennent lors de chaque alternance , en faisant ressurgir le spectre de la transition, soutenu par des forces occultes, d’obédience féodale, partisane du statuquo.
Les ingérences étrangères réussissent, là où les Etats sont fragiles, peu crédibles, non représentatifs , dont la légitimité est fortement contestée.
Les guerres du 21 eme siècle sont informelles et insidieuses. Elles évoluent dans l’ombre des complots et des trahisons, laissant peu de place à la raison et à la morale.
En pareille situation, le réalisme politique doit être de mise, pour celui qui ne veut pas être surpris par des événements graves et inattendus .
Les guerres de dernière génération sont synonymes de la capacité des États à imprimer au monde une évolution qui garantit le leadership, le contrôle et la domination des ressources mondiales .
Les guerres de dernière génération ont évolué dans le temps , sous diverses formes , dans le cadre d’une mondialisation où les États se font la guerre , de manière incessante , informelle et redoutable, laissant sur le pavé des millions de morts et une société éprouvée, martyrisée et décimée, par tant de malheurs qui nous subissons depuis une éternité .
La première et la deuxième guerre mondiale se sont faites avec des armes destructrices de dernière génération, qui ont été une honte pour la conscience et la dignité occidentale , qui a vécu ces deux événements tragiques sur son propre territoire .
La guerre froide a mis aux prises deux protagonistes qui se sont battusà mort , à distance et par procuration , avec des armes de dernière génération, faisant intervenir des moyens nouveaux, dans le domaine de la guerre psychologique , de l’information , de la propagande et de la désinformation .
L’effondrement en 1990 de l’ex URSS, ayant mis fin à la guerre froide , a ouvert les espoirs de nouvelles perspectives de paix mondiale qui a battu en brèche un mode bipolairede gouvernance mondiale , empreint de multelateralisme, laissant place à un monde de gouvernance mondiale unipolaire , qui a évolué , contre toute attente , vers la domination , sans partage , du capital mercantiliste mondial .
La montée en puissance de pays émergents , tels que la Chine , la Russie, l’Inde , le Brésil et l’Afrique du Sud, a permis de réduire les effets néfastes , d’un monde dominé exclusivement par une Amérique conquérante , arrogante et méprisante, et par un occident complice qui s’est investi dans la renaissance d’un empire colonial , en se redéployant , de manière brutale, dans des guerres moyenâgeuses , dans le monde arabe et en Afrique .
La troisième guerre mondiale a bel et bien eu lieu , par le biais de ces coalitions occidentales internationales militaires qui ont fait la guerre et détruit des Etats et des peuples.L’occident parle de paix mais il ne sait faire que la guerre .
Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité sont la marque de fabrique de l’occident qui s’évertue à se transformer en chapelle des droits de l’homme.
La mondialisation du capital mercantiliste a battu en brèche l’autorité de l’Etat qui n’est plus en mesure de réguler et de protéger les couches sociales les plus faibles .
Les frontières ont été démantelées , pour garantir la libre circulation des marchandises.
Les peuples ont été sacrifiés sur l’autel du gain et du profit , provoquant , partout dans le monde , le tsunami de la contestation populaire, d’un ordre établi inique et injuste .
Les démocraties libérales ne sont plus le bon exemple de la bonne gouvernance .
La démocratie est en crise. Les modes de représentation populaire , classiques, ont été pris en otage par les lobby de la finance internationale.
Le peuple Algérien béni cherchera sa voie , en restant fidèle au serment du 1 er novembre. Il ne laissera aucune chance à des ingérences étrangères, ni à des opportunistes de tous bords .
Pour recouvrir les espaces et les territoires de ses empires,l’occident a usé de tous les subterfuges ignobles, et malhonnêtes, coups d’Etat, domination sous la couverture de l’aide , de la cooperation , de la formation et de l’assistance au développement, pour revenir , sous de nouvelles formes , dans la reconquête coloniale, en installant et soutenant dans nos pays des gouvernants fantoches et compradors .
Les guerres de dernière génération ne se limitent pas aux guerres psychologiques , de manipulation de l’opinion publique, formatée par de puissants réseaux sociaux qui contrôlent et dominent le monde .
Les guerres de dernière génération ont prit le dessus sur les guerres militaires classiques, où les fantassins n’ont plus le dernier mot, sur les théâtres des guerres .
Les guerres de dernière générations sont le propre de l’intelligence artificielle et de la robotique . Elles ont plusieurs profils . Elles sont multiples , aussi dangereuses , les unes que les autres .
Elles sont économiques et culturelles , ou des valeurs d’un nouveau monde s’imposent au reste du monde , qui nl’a pas réussi le pari du développement et de la modernité .
Ce n’est pas là quantité des armes qui fait la force d’une nation, même si celles ci sont nécessaires et dissuasives . Ce sont la qualité de ses gouvernants qui font sa force .
Le monde arabe , malade et régressif, représentant 5% de la population mondiale , importe 50% des armes produites dans le monde .
La force d’une nation , c’est sa capacité à répondre aux besoins de sa population , de la protéger , de développer une capacité qui lui permet de riposter aux périls et menaces proteiformes qui évoluent dans le temps .
La menace n’est pas uniquement étrangère . Elle est aussi de nature interne , quand les gouvernants menacent l’avenir de toute une population , en substituant à l’Etat de droit , des forces occultes et extra-constitutionnelles qui mettent en danger la sécurité et l’unité de la nation .
Une nation qui importe tout pour se nourrir , se met elle même en danger, dès lors qu’elle n’assure pas sa propre sécurité alimentaire , sanitaire et technologique.
Dans notre pays , les forces extra constitutionnelles ont mis en danger l’avenir de notre pays, en lui refusant les voies du progrès et de la modernité .
Ces forces extra constitutionnelles, continuent à opposer une résistance farouche, à une rupture radicale , en faisant le forcing , pour maintenir au pouvoir les symboles de la déchéance de notre pays et d’un système qui a mis en coupe les richesses de l’Algerie.
Les partis clientélistes reviennent avec force , dans le but de reproduire des schémas de gouvernance qui ont mené notre pays droit au mur .
La population , dans son hirak , ne cesse d’envoyer des messages forts , pour aller vers un changement réel et radical, sans les symboles du 5 eme mandat qui persistent .
Seul l’élite patriotique , loin du clanisme et des partis clientélistes , est en mesure de mettre à l’abri notre pays des lendemains incertains et périlleux .
La possible reproduction des mêmes schémas de gouvernance , qui ont ruiné l’Algerie , est une menace potentielle à l’existence de la nation Algerienne.
L’Algérie doit aller, sans état d’âme, au pas de course , vers la modernité et le changement radical .
Des crimes ont été commis contre les intérêts supérieurs de la nation , victimes de dilapidation de deniers publics , à grande échelle .
La justice doit frapper fort , pour envoyer les signaux de l’avènement de l’Etat de droit , pour le bien de la nation.
Le Hirak béni , oui , mais le retour outrageux des caciques d’un système révolu est une menace au changement et à l’Etat de droit .
Le futur est plein de périls de toutes sortes . Il appartient aux États forts qui ont réussi et ont acquis la force, le savoir faire et les nouvelles technologies .
Les États fragiles, peu résiliants , dont la gouvernance et obsolète , sont confrontés au dilemme d’exister dans l’honneur ou de disparaître dans le déshonneur .
Ceux qui ont présidé aux destinées de notre pays, pendant des décennies , ont réussi à faire de l’Algérie une province de la France .
Ce système politique anti national, fondé exclusivement sur la gestion de la rente, a réussi à faire l’exploit de produire une Hogra et une Harga massive , d’une jeunesse qui a perdu l’espoir de lendemains meilleurs .
L’Algérie traverse un chemin escarpé, sinueux, plein d’embûches , où des forces occultes veulent , par tous les moyens, empêcher l’Algerie d’être un État fort et redouté .
C’est écrit dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale française, publié le 29 avril 2013, chargé de définir une stratégie globale de défense et de sécurité.
Les rédacteurs français de ce livre ont fermement énoncé que l’Afrique est le dernier eldorado de la France qu’elle doit à tout prix préserver .
C’est dans le cadre de cette stratégie coloniale que l’Algerie ne doit pas aller vers la démocratie . Elle doit rester l’enclos et la province de la France qui manoeuvre , avec hostilité, dans les coulisses , pour installer la régression et la dépendance de notre pays à l’empire colonial français.
Le cheval de Troie de cette stratégie se décline par la mobilisation des frères musulmans et des salafistes ,dans le monde arabe , devant empêcher l’avènement de la démocratie.
Les monarchies du Moyen Orient et au Maghreb, foncièrement anti démocratiques, financent les frères musulmans et les salafistes. Elles ont été les premières à normaliser leur relation, avec l’entité sioniste, sacrifiant ainsi la cause sacrée de la Palestine . Leur mission est de combattre le progrès et la démocratie dans le monde Arabe.
L’Arabie saoudite , les Émirats Arabes Unis et le Qatar, assurent ,par procuration , la levée des fonds , pour contrôler le printemps arabe et recruter des armées de djihadistes.
Le Hirak doit absolument garder son caractère national et pacifique . Pour cela , les intérêts supérieurs de l’Etat Algérien seront protégés par les forces vives de la nation.
On constate des tentatives de son infiltration , par l’apparition ,lors de ces dernières marches , de nouveaux slogans, devant créer des clivages , des conflits , une atomisation du hirak , pour mieux le dominer et le contrôler, en vue de renvoyer l’Algerie à la décennie noire, des années 1990 .
Les officines étrangères secrètes sont déjà à pied d’œuvre, pour installer le printemps maussade en Algérie.
Kacimi Hassen
- Ancien directeur au ministère de l’intérieur .
- Consultant .
- Spécialiste de la gestion des crises, des questions migratoires et des problématiques du Sahel .