Le premier ministre malien devant la 77ème AG de l’ONU
« La junte française au service de l’obscurantisme »
Le discours du colonel Abdoulaye Maïga, devant la 77ème AG de l’Onu a été largement partagé sur les réseaux sociaux. Le premier ministre par intérim du Mali, s’en est violemment pris à la France à la tribune de l’organisation onusienne qualifiant les autorités françaises de « junte » qui a «fourni des renseignements et des armes à des groupes terroristes». Sur le retrait de la force Barkhane du Mali, il a estimé que « le Mali a été poignardé dans le dos » par les autorités françaises qui « ont renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme », a déclaré, trois fois, le colonel Maïga, accusant la France de « pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde » mais tout en précisant « nous refusons tout amalgame avec le peuple français que nous respectons. » Le premier ministre intérimaire malien va affirmer également que c’est la France qui « commandité et prémédité des sanctions inédites, illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali ». Et de continuer « Enfin, obscurantisme de la junte française, qui a violé l’espace aérien malien en y faisant voler des vecteurs aériens tels que des drones, des hélicoptères militaires et des avions de chasse, plus d’une cinquantaine de fois, en apportant des renseignements, des armes et munitions aux groupes terroristes. » Abdoulaye Maïga n’a pas manqué par la suite à répondre au secrétaire général de l’ONU et de critiquer plusieurs présidents africains. Revenant sur la crise qui a éclaté autour de 46 ivoiriens détenus au Mali, le colonel va commencer par rejeter les dernières déclarations d’Antonio Guterres qui a a affirmé, récemment, que les détenus ivoiriens n’étaient pas des mercenaires, contredisant les accusations de Bamako. M. Maïga a rappelé à SG de l’ONU qu’il s’agissait d’une affaire «bilatérale et judiciaire» et ne « relevait » pas des attributions du secrétaire général des Nations unies avant de réitérer sa demande d’une réforme de la force de maintien de la paix de l’ONU au Mali, la Minusma qui en 10 ans n’a pas réussi à atteindre ses objectifs dénonçant au passage « les influences extérieures négatives et les tentatives d’instrumentalisation de certaines entités légalement présentes au Mali, pour servir des agendas cachés (…) aux fins de déstabilisation ». Le colonel Maïga a s’en est pris ensuite au président nigérien Mohamed Bazoum, qu’il a accusé de ne pas être nigérien, ou le chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara, en décrivant « la manœuvre permettant à un président de conserver le pouvoir pour lui seul et son clan » en changeant la Constitution. Il a également accusé le président en exercice de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), de « mimétisme » des Nations unies. « Il est important de lui préciser que le secrétaire général des Nations unies n’est pas un chef d’Etat et le président en exercice de la Cédéao n’est pas un fonctionnaire. Par conséquent, il serait indiqué qu’il ne banalise pas la Cédéao » a-t-il fait savoir rappelant à ce dernier que les pays africains de l’Ouest ne manqueront pas de lui demander des comptes sur sa période de gouvernance.
H.Y./médias