Les graines de la plus grande cédraie de France ratiboisées d’Algérie au XIXe siècle
La forêt de cèdres du Mont-Ventoux est située dans le sud de la France, plus précisément dans le département du Vaucluse. Elle est devenue, au fil du temps, la plus vaste de l’Hexagone, voire d’Europe.
Plantée en 1860, les graines de cette cédraie ont été ratiboisées d’Algérie. « Au XIXe siècle, le mont Ventoux a fait partie des massifs qui ont bénéficié de la politique de restauration des terrains en montagne (couramment abrégée en RTM, ndlr) et qui avait pour objectif de reboiser les terrains surexploités et très pâturés, sur lesquels étaient observés des problèmes d’érosion », explique Olivier Delaprison, responsable de l’unité territoriale du Mont-Ventoux, cité par l’Est Républicain.
En poste en Algérie, un forestier avait découvert les mêmes conditions climatiques du Mont-Ventoux. Il avait commencé à réfléchir aux espèces qui pourraient y être plantées.
« Deux espèces sont sélectionnées, pour leur potentielle bonne adaptation au terrain : le pin noir d’Autriche et le cèdre de l’Atlas », ajoute l’Est Républicain.
Le choix s’est porté, au final, sur le cèdre de l’Atlas algérien. Une grande opération, menée par l’armée coloniale, fut donc lancée. Des milliers de cônes, abritant des graines, sont acheminés dans de « grandes barriques en bois, jusqu’au Ventoux ».
« À leur arrivée, les cônes ont été étalés directement dans la neige et se sont désarticulés avec le froid, laissant tomber leurs graines sur le sol, sans passer par des semis », détaille Olivier Delaprison.
Toutefois, la cédraie tomba dans l’oubli pendant une quarantaine d’années car cet arbre met beaucoup de temps pour pousser. Il faut attendre le XXe siècle pour constater qu’elle s’est adaptée au climat de la région.
La forêt s’est même étendue naturellement vers l’est « grâce à la forte dissémination des graines présentes dans les cônes, qui voyagent facilement en étant portées par les vents ».
« Près de 160 ans après sa plantation, la cédraie du Mont-Ventoux est aujourd’hui devenue la plus grande d’Europe, avec 1400 hectares de superficie, dont 400 hectares de forêt historique, où les plus anciens arbres plantés dans les années 1860, sont aujourd’hui encore debout », souligne l’Est Républicain.
Pour lui épargner les affres du réchauffement climatique, des efforts sont conjugués pour préserver l’espèce.
Skander Boutaiba