Engagements sur l’Investissement, la Finance islamique et la Monnaie et le crédit
(Patrie 4)
Depuis son investiture, le Président Tebboune a entamé des chantiers institutionnels importants ainsi que des réformes économiques et financières. L’année 2022 a vu la réalisation de quelques-uns de ces engagements. La loi sur l’investissement est un exemple parmi tant d’autres. Préparée sous différents angles, le texte, très attendu par les investisseurs, apporte une série de mesures d’une grande importance. Adoptée le 27 juin dernier par l’Assemblée populaire nationale (APN), puis le 13 juillet par le Conseil de la Nation, la nouvelle loi n 22-18, a été publiée au Journal officiel (N50). Les dispositions de ce texte visent à encourager l’investissement dans le but de développer les secteurs d’activités prioritaires à forte valeur ajoutée, d’assurer un développement territorial durable et équilibré et de valoriser les ressources naturelles et les matières premières locales. Cette nouvelle loi consacre également et de façon très claire la liberté d’investir, ainsi que “a transparence et l’égalité dans le traitement des investissements. Saluée par différents hauts responsables étrangers, cette Loi a déjà tracé le chemin pour un retour en force des IDE (investissements directs étrangers).
Le dossier de l’industrie automobile enregistre déjà une affluence de demandes. D’autres mesures salvatrices sont contenues dans ce texte. Il s’agit, entre autres, du recentrage du rôle du Conseil national de l’investissement (CNI) à la seule mission de proposer la stratégie de l’Etat en matière d’investissement, de veiller à sa cohérence globale et d’évaluer sa mise en œuvre, ainsi que la reconfiguration de l’Agence nationale de développement d’investissement (ANDI), avec une nouvelle dénomination « Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement ». Notons que cette nouvelle loi sur l’investissement découle d’une vision intégrée qui réunit les énergies et les compétences en les intégrant dans le développement local et national à travers l’entrepreneuriat et l’investissement pour créer la richesse et élargir et promouvoir les activités.
Une autre Loi portant Monnaie et crédit est attendue prochainement. Des nouveautés seront apportées. Le texte prévoit une ouverture des prestataires de service de paiement (PSP). Pour ce faire, la Banque centrale est déterminée à apporter l’ancrage juridique nécessaire, et l’ouverture devra se faire de façon progressive. Sur ce sujet, Chabane Assad, fondateur du Cabinet conseil Finabi, ce nouveau texte devra « autoriser la création d’établissements de paiement spécialisés dans la commercialisation des moyens de paiement électronique ». Aussi, M. Assad relève la nécessité d’« alléger le processus de création (exigence en capital), de contrôle et de gouvernance de ces nouveaux établissements ». Ces mesures s’inscrivent dans l’objectif de « permettre aux nouvelles startups activant dans le secteur bancaire et financier (fintechs) d’avoir les agréments indispensables rapidement pour optimiser l’inclusion financière promptement ». L’autre proposition phare formulée par M. Assad consiste en la transformation d’Algérie-Poste en Banque postale islamique. Le réseau postal de l’opérateur public, argumente l’analyste, est le plus grand réseau d’Afrique, puisqu’il comptait à la fin de l’année dernière 4.106 bureaux de poste et 65 bureaux mobiles, soit près du tiers du réseau postal africain. Le nombre de comptes gérés par Algérie-Poste avoisine les 24 millions. «La force de frappe de l’opérateur public afin de conserver les salaires des fonctionnaires et de drainer de nouvelles ressources financières du circuit informel est significative», argumente le premier responsable de Finabi Conseil. D’autre part, il préconise le développement de la grande distribution en Algérie afin de «lutter contre l’inflation galopante et optimiser cette inclusion financière souhaitée».
Par ailleurs, M. Assad appelle à considérer le factoring comme une opération de banque et autoriser la création d’établissements financiers spécialisés dans le factoring. «Les crédits proposés par les banques ne sont pas adaptés de manière optimale aux demandes de financement des entreprises sur le court terme», note M. Assad.
Par ailleurs, il convient de préciser que les engagements de M. Tebboune ont permis l’émergence d’une finance islamique, dont les résultats commencent à se vérifier sur le terrain. Le nombre de comptes va crescendo ainsi que celui des guichets ouverts dans des banques publiques. L’ancrage juridique sera renforcé par, comme l’avait promis le Premier ministre, l’émission de sukuks privés, en plus des sukuks souverains. Pour Dr. Abdelrahmi Bessaha, économiste au FMI, les perspectives de la finance islamique sont sujettes à deux conditions. Il est question de «la mise en place de mesures d’ajustement du cadre des affaires pour le rendre compatible avec la banque et l’articuler avec les politiques macroéconomiques».
Aussi, il y a «la capacité de la finance islamique à capter une partie de la liquidité qui est thésaurisée et finance l’économie informelle. Le poids de cette dernière est d’environ 30% du PIB (soit $53 milliards), sur la base de la méthode nouvelle d’estimation appelée méthode des écarts statistiques de la comptabilité nationale». En chiffres, le nombre de comptes bancaires relevant de la finance islamique s’est élevé, à fin août 2022, à plus de 66.000 comptes, soit une hausse annuelle de 152%.
Ces chiffres interviennent dans le sillage du saut qualitatif notable enregistré en matière de promotion de la finance islamique et du renforcement de l’inclusion financière.
En outre, la valeur des dépôts bancaires a enregistré une hausse de 122% en huit (8) mois, passant de 22 mds da fin décembre 2021 à 49 mds da à la fin d’août 2022.
Mohamed Ait S