Mali : L’UA rappelle à l’ordre Assimi Goita
Il était quasi-évident que le pouvoir de transition au Mali, arrivé au sommet de l’Etat par un putsch, allait multiplier les manœuvres dilatoires pour se maintenir au pouvoir. Ainsi donc, la transition du colonel Assimi Goita, censée ne durer qu’un temps bien défini, a-t-elle eu tendance à d’étirer indéfiniment dans le temps.
Après l’annonce, somme toute attendue, du report des élections générales, l’Union africaine a exhorté l’actuel pouvoir militaire au Mali à élaborer une feuille de route pour finaliser le processus de transition politique.
Cette demande est formulée suite au report sine die des élections, qui étaient initialement prévues pour restaurer un gouvernement civil, et revenir à la légitimité constitutionnelle. C’est le vœu qui a maintes fois été formulé par Alger sans la moindre immixtion de notre part dans les affaires internes et souveraines de nos voisins du sud. La junte au pouvoir au Mali, a tendance à prendre ses aises à agir de manière inconsidérée, et à ignorer les besoins et choix des citoyens qu’elle est censée représenter.
Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga a déclaré que les élections ne se tiendraient qu’après la stabilisation complète du pays, actuellement en proie à une sévère crise sécuritaire. Il va sans dire que cette déclaration aventureuse ouvrer la porte à des perspectives insondables. Les choix sécuritaires et politiques d’Assimi Goita, consistant à dénoncer l’accord de paix d’Alger de 1995, et à se mettre à dos toute la partie septentrionale de ce pays, remet en cause durablement la stabilité et la cohésion du Mali.
L’exclusion de la frange touaregue et musulmane de ce pays, est un choix suicidaire. Au reste, l’option du tout sécuritaire n’a jamais été la solution idoine face au terrorisme. Alger en sait quelque chose. Nos voisins et amis maliens, au lieu de s’appuyer sut notre aide et notre expérience pour garantir leur sécurité et leur stabilité, ont préféré se fier au chant des sirènes marocaines, israéliennes et émiraties, avec des résultats catastrophiques pour toute l’AES (Alliance des Etats du Sahel).
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a exprimé sa préoccupation quant à cette suspension, la qualifiant de contreproductive pour une transition inclusive. Il a appelé les autorités de transition à revoir cette décision et à avancer vers la finalisation du processus de transition.
Mahamat a réaffirmé l’engagement de l’Union africaine à collaborer avec les autorités de transition et toutes les parties maliennes concernées pour restaurer l’ordre constitutionnel dans les délais établis, en vue de promouvoir la paix, la stabilité et le développement durable au Mali. En attendant, avec ses choix hasardeux, le Mali s’enfonce de plus en plus dans une crise multidimensionnelle aux conséquences multiples et incommensurables.
Kamel Zaidi