Mohamed Said Beghoul, expert en énergie : « augmenter de 30 à 50% l’activité de transformation dans les hydrocarbures en 2022 est un pari difficile »
Le Gouvernement, explique le premier ministre, «poursuivra les réformes engagées par l’État pour le développement du secteur de l’énergie et des mines grâce à l’évaluation des ressources naturelles avec à la clé une augmentation des activités de transformation dans le secteur des hydrocarbures de 30 % actuellement, à 50 % en 2022. Quel sera l’impact d’un tel acquis?
En hydrocarbures, la transformation (notamment pétrochimie) accuse un grand retard malgré sa haute valeur ajoutée. C’était, pourtant l’objectif phare du Président Houari Boumédiène dans le cadre du plan Valhyd. Beaucoup de projets ont été inscrits dans la décennie 2010-2019 mais sans résultats.
Augmenter de 30 à 50% l’activité de la transformation dans le secteur des hydrocarbures avec les installations actuelles me paraît un pari difficile.
Hisser de 20% cette activité d’ici un an (2022), je me demande comment et sur quelles bases de départ. Après tout, ce serait aussi une bonne chose du fait qu’une éventuelle augmentation de produits finis à l’exportation est beaucoup plus bénéfique qu’une augmentation des exportations de produits bruts.
L’investissement dans l’extraction et le développement dans le secteur énergétique, va augmenter de 7,4 milliards dollars en 2021 à 10 milliards de dollars en 2023, ce qui permettra une augmentation production commerciale initiale (la production primaire) dans une branche hydrocarbures de 187 millions de tonnes équivalentes à du pétrole en 2021, 195,9 millions de tonnes d’équivalent pétrole en 2023. Un commentaire?
En espérant que c’est des prévisions réalistes. En décembre 2015, on avait aussi annoncé que la production (191 millions TEP- MMTEP) va augmenter de 5% en 2016 pour atteindre 200 MMTEP, mais en 2016 la production est restée à 192 MMTEP pratiquement comme en 2015 et de 2017 à 2020 elle a même chuté de 196 MMTEP à environ 175 MMTEP.
Maintenant, si elle augmente de 175 MMTEP en 2020 à 187 MMTEP en 2021 puis à environ 196 en 2023 ce serait une bonne chose même si elle reste encore loin du pic de 233 MMTEP de 2007 car il ne faut pas oublier que ça reste insuffisant pour répondre convenablement au marché intérieur ( 55 MMTEP) , à la réinjection et aux exportations sachant aussi que le gaz assure 98% de la génération électrique tant que les énergies renouvelables peinent à décoller.
Propos recueillis par Yacine Bouali