Mort de Nahel : Reconstitution du drame à Nanterre
Quartier figé, ce dimanche, aux abords de la préfecture de Nanterre (Hauts-de-Seine) où se tient, depuis 9 heures, la reconstitution de la mort de Nahel, adolescent de 17 ans tué par le tir d’un policier, le 27 juin 2023, après un « refus » d’obtempérer.
Les abords de la place Nelson-Mandela (Hauts-de-Seine) sont en effet, bouclés ce dimanche pour une reconstitution qui a commencé dans la matinée, à l’abri des regards et dans le calme, rapportent des médias locaux.
Autour de la place Nelson-Mandela où la puissante Mercedes jaune conduite par d’adolescent s’est échouée il y a un peu moins d’un an, le dispositif de sécurité se révèle dissuasif. À intervalle régulier pourtant, de petits groupes de jeunes viennent s’y frotter, sans toutefois manifester d’hostilité.
« Il faut les comprendre, souffle une retraitée dont le yorkshire se dégourdit les pattes sur les allées des terrasses. Cette histoire les a touchés, certains d’entre eux ont perdu un ami. Et puis, qu’on le veuille ou non, Nahel est devenu un symbole. Ils viennent voir ce qu’il se passe exactement mais ils ne feront rien de répréhensible », rapporte Le Parisien.
« Ils ont conscience que cette journée est importante et même primordiale pour l’enquête », appuie une éducatrice venue prendre la température à deux pas de la préfecture où, comme sur tous les axes, des barrages de police filtrent les allées et venues.
« Dans le fond, ça ne sert pas à grand-chose d’être là, reconnaît un ado. Mais la vérité, c’est aussi qu’on a envie de le voir. » Autrement dit, apercevoir le fonctionnaire de police qui, ce tragique 27 juin, a pressé la détente de son arme de service, touchant Nahel en plein thorax.
Ce policier mis en examen pour homicide volontaire, les rares jeunes présents ce dimanche ne s’apercevront pas, maintenus, comme la presse, à distance raisonnable des lieux de la reconstitution.
Ils ne le verront pas répéter les gestes effectués, ce jour-là, à l’endroit exact du tir, à l’angle du passage François-Arago et du boulevard de la Défense. Tout juste apercevront-ils le bolide, amené sur place, sur un camion plateau.
Parmi les points de l’enquête à éclaircir ce dimanche, la question de la légitimité du tir. Florian M. a avancé trois raisons. En premier lieu, le danger que représentait la conduite de Nahel: « J’ai pris la décision d’ouvrir le feu pour stopper la fuite, car je pense que sinon il aurait pu renverser quelqu’un”, avait-t-il expliqué lors de sa première audition.
Le dossier a établi que Nahel avait manqué de renverser un piéton et un cycliste dans la course poursuite qui a précédé le tir.
Deuxièmement, le risque que courait son collègue policier, Julien L., si la voiture redémarrait. « Pour moi, il était encore dans la voiture » et pouvait se faire « embarquer » ou écraser « s’il était resté accroché sur la portière », détaillait Florian M.
Enfin, le danger que représentait la situation pour lui-même: « Sur le moment, j’ai cru qu’il allait me renverser. Parce que là, si je tombe entre la voiture et le trottoir, il aurait pu me rouler dessus. »
Symbole du débat sur les violences policières
L’enquête sur la mort de Nahel, devenue un symbole du débat sur les violences policières, doit notamment établir si l’usage de l’arme à feu était légitime. Selon des éléments de l’enquête, après une course-poursuite, le véhicule conduit par Nahel avait été immobilisé par la circulation. Une première version policière, selon laquelle l’adolescent aurait foncé sur le motard, a rapidement été démentie par une vidéo de la scène diffusée sur les réseaux sociaux.
On y voit les deux policiers sur le côté du véhicule, braquant leurs armes respectives sur le conducteur. L’un d’eux déclenche son tir alors que le véhicule redémarre. La voiture s’encastre ensuite dans un bloc de béton, quelques dizaines de mètres plus loin. Les policiers présents ont maintenu qu’ils se sentaient en danger de mort car ils étaient coincés entre la voiture et un mur.
R.I