Pupitre «presidency of the republic»: L’Algérie souveraine provoque un choc
Hayet Youba
« Le passage de l’Algérie à l’anglais signale l’érosion de l’emprise de la France », c’est là le titre d’un des articles du média américain Politico. Dans le corps de l’article, il est souligné que diplomates et observateurs occasionnels à Paris ont pris note de l’inscription du panneau sur le pupitre d’Emmanuel Macron au palais présidentiel lors de sa dernière visite en Algérie. Le panneau indiquait « Presidency of the Republic » au lieu de « Présidence de la République » en français. L’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt a également été invité à commenter l’absence de la langue française : « Je n’étais pas surpris mais choqué » a déclaré Xavier Driencourt avant d’ajouter « C’est très délibéré. C’est un message pour la France mais aussi une façon de dire au peuple algérien que le français n’a rien de spécial, c’est une langue comme une autre ». Driencourt n’a pas tort en disant que le français est «une langue comme les autres», on pourrait juste rajouter que pour l’Algérie il s’agit d’un «butin de guerre». Mais cela n’oblige nullement le pays de rester «confiner» dans la langue française ratant l’occasion de s’ouvrir sur le monde grâce à la langue universelle qui est l’Anglais. L’Anglais est la langue la plus utilisée dans le monde du travail et pour la communication internationale. 80% des données existantes sur internet sont en anglais et 95% des publications scientifiques aussi ! C’est aussi la langue du monde professionnel et diplomatique. Sa prédominance est donc indubitable et maitriser toutes ses subtilités permet de faire face à n’importe quelle situation. En ce qui concerne «l’acte délibéré» soulevé par Xavier Driencourt, l’ancien diplomate en Algérie semble confondre entre «acte délibéré» et «acte de souveraineté». L’Algérie a pris la décision de s’orienter vers l’anglais en annonçant même l’enseignement dès le primaire de cette langue à la place du français. Une décision judicieuse du président de la République qui vise à faire émerger le pays et le connecter avec le monde entier. Si pour ne pas «choquer» l’ancien ambassadeur Driencourt, l’Algérie indépendante doit préserver éternellement les caractéristiques d’une «colonie française», alors il n’est pas tôt qu’il se remette de son choc car l’époque de la Françafrique est bien révolue ! Durant trois jours, l’Algérie a accueilli, à bras ouverts, le président français. Une visite qui marque par la volonté politique des deux pays à renforcer les relations bilatérales et à impulser une dynamique selon une vision nouvelle, basée sur un traitement d’égal à égal et l’équilibre des intérêts. Dans son message de félicitations à Macron à l’occasion de sa réélection à la tête de la République française, le président Tebboune avait souligné « qu’il s’agisse de mémoire, de relations humaines, de consultations politiques ou de projections stratégiques, de coopération économique et d’interactions dans toutes les sphères de travail en commun, la vision nouvelle, pleinement respectueuse des souverainetés et de l’équilibre des intérêts, que nous partageons, a le potentiel d’ouvrir à nos deux pays de vastes horizons d’amitié, de convivialité harmonieuse et de complémentarité mutuellement avantageuses». A plus d’une occasion, le Chef de l’Etat a conditionné la reprise de relations normales avec Paris par « un respect total de l’Etat algérien » et sur la base d’un traitement d’ « égal à égal ». De même que le choix du Président français de se rendre en Algérie au début de son deuxième mandat reflète l’intérêt qu’accorde Paris à la consolidation de ses relations avec Alger, en tant que partenaire stratégique de poids, et dénote sa reconnaissance du rôle axial de l’Algérie dans la région. C’est ce que Xavier Driencourt ne semble pas encore assimiler. La France, elle, est en droit d’être maintenant dans une bataille pour maintenir l’influence du français dans le monde mais cela est une question franco-française.
H.Y.