Dans cette interview qu’il a accordée à la Patrie news, Nadil Rachid, président du Comité de direction de l’Autorité de régulation des hydrocarbures livre un bilan de ses activités en 2023 et évoque les projets en cours. Il aborde, aussi, les capacités de Sonatrach en matière de production du gasoil, essence et GPL qui permettent de couvrir la consommation interne, sans devoir recourir à l’importation.
La Patrie news : Quel est le rôle de l’Autorité de régulation des hydrocarbures ?
Nadil Rachid : Avant d’évoquer les missions de l’Autorité de régulation des hydrocarbures, il faudrait expliquer les raisons qui ont conduit à sa création en 2005, dans le sillage de la promulgation de la loi sur les hydrocarbures, dont l’objectif était de capter les investisseurs étrangers. A l’époque, deux organismes ont été créés : Alnaft pour valoriser les gisements et l’Autorité de régulation des hydrocarbures pour protéger l’environnement et les eaux souterraines.
L’Autorité a pour mission aussi le contrôle technique des équipements placés dans les installations pétrolières, qui doivent être aux normes internationales. Sa troisième mission est la régulation des prix des produits pétroliers sur le marché national.
Il existe douze distributeurs des produits pétroliers, Naftal et onze opérateurs privés. L’ARH leur permet un accès équitable à l’approvisionnement et la distribution.
L’ARH a aussi une autre mission, celle du transport par canalisations. Nous avons 22 000 km de canalisations. Une entreprise étrangère n’a pas besoin d’en construire. Elle utilise les canalisations de Sonatrach. Comment en disposer et par quel prix ? C’est l’ARH qui le détermine.
Pouvez-vous nous parler de la nouvelle plateforme numérique ?
L’ARH examine les dossiers de fourniture des équipements et des risques sur l’environnement. Ce qui sous-entend des cartons de documents et des tonnes de papiers. Nous avons conçu une plateforme numérique, par le biais de laquelle les dossiers sont déposés et notre réponse donnée. Nous collaborons, sur ce projet, avec une entreprise nationale. L’état d’avancement a atteint, on peut dire, 90%. Probablement à la fin du premier trimestre 2024, ou au plus tard au début du deuxième trimestre, la plateforme sera opérationnelle. Les demandes de constructions de stations-services ou de points de vente des huiles moteurs nous parviennent déjà par cette plateforme. Cette procédure raccourcit les délais de traitement des demandes et réduit les coûts. Et puis, désormais le lien est direct entre l’ARH et les opérateurs, sans l’intermédiaire du directeur de l’Energie et des Mines de la wilaya.
Quel est votre rôle dans l’attribution des agréments aux investisseurs étrangers ?
Toutes les installations pétrolières, des champs aux stations de distributions passant par les canalisations et les ports pétroliers, sont soumises à des autorisations délivrées par l’ARH. Elles prennent en compte la préservation de l’environnement et la fiabilité des équipements. L’investisseur étranger est également assujetti à un agrément. Les procédures sont accomplies en un temps très court.
Le président de la République a décidé de la réalisation d’une nouvelle station de raffinage du pétrole à Hassi-Messaoud ?
Ça sera la deuxième raffinerie de pétrole à Hassi-Messaoud et la sixième à l’échelle nationale (Hassi-Messaoud, Adrar, Alger, Arzew et Skikda). La nouvelle raffinerie, qui sera livrée en 2027, sera d’un grand bénéfice pour l’Algérie. Elle aura une capacité de production d’environ 5 millions de tonnes. Ainsi, l’Algérie passera d’importateur de carburants à exportateur. Elle sera, en outre, pourvoyeuse de postes d’emplois. L’ARH sera partie prenante de ce projet, en réalisant des études sur les dangers sur l’environnement et sur les équipements en des délais courts.
Quel est le bilan d’activités pour 2023 et les perspectives de 2024 ?
Pendant la pandémie à la Covid-19, la consommation a diminué. Ce qui nous a permis de constituer des réserves de carburants et couvrir, à présent, la consommation interne sans devoir importer 2 millions de tonnes de gazole et jusqu’à 500 000 tonnes d’essence, comme nous le faisions avant l’épidémie. En quatre ans, Sonatrach a consenti de gros investissements pour augmenter la capacité de production des carburants. Sirghaz (GPL) est produit localement. La production de l’essence, de l’ordre de 4 millions de tonnes par an, est supérieure au niveau de consommation nationale. La production de gasoil caracole à 10 millions de tonnes par an. Elle est quasiment équivalente à la consommation interne. Nous pouvons dire qu’aujourd’hui, nous avons atteint l’autosuffisance. L’Algérie n’importe plus de carburants depuis quatre ans.
Nous avons clôturé l’année 2023 avec une consommation de 10,1 millions de tonnes de gasoils, 3,3 millions de tonnes d’essence et 1,73 million de tonnes de sirghaz.
Nous nous attendons, en 2024, à une hausse de la consommation du gasoil à hauteur de 3% et aussi de sirghaz tandis que la consommation de l’essence se maintiendra dans les mêmes proportions.
Etes-vous en mesure de couvrir les besoins des citoyens en sirghaz ?
Evidemment. Par ailleurs, les conditions de sécurité de sirghaz sont telles qu’il n’y aucun risque dans son utilisation. Il est vrai que les véhicules, dotés de réservoir de GPL, sont interdits d’accès aux parkings fermés à cause du risque d’émanation de gaz, mais pas dans les aires de stationnements en plein air. Les gens sont conscients des avantages de sirghaz, dont plus de 1 700 000 tonnes sont consommés annuellement, alors que dans les années 80, la consommation ne dépassait pas les 50 000 tonnes.
Plus d’un million de véhicules sont équipés en GPL. 100 000 voitures le sont chaque année. Nous n’avons aucune contrainte à couvrir les besoins.
Est-ce que les prix de sirghaz changeront en 2024 ?
Les pouvoirs publics n’envisagent pas d’augmenter les prix des carburants. Même les réservoirs de GPL ne seront pas cédés plus cher.
Un dernier mot …
En perspective, la réalisation de raffineries qui nous permettent de nous orienter vers l’exportation. Dans l’intervalle, la consommation doit être rationnelle. Chaque litre économisé vaut épargne en devise forte.
Interview réalisée par Dahmane Bensalem
Traduite par S. Biskri