Nouveau gouvernement : quand continuité et renouveau vont de pair
Le rideau est enfin tombé sur la composante du nouveau gouvernement issu des élections législatives du 12 juin dernier, une composante qui a mis plusieurs jours à murir, les choix et les objectifs devant être pris en compte de prime abord.
Comme il n’y a pas de majorité absolue à l’APN, c’est donc le président de la république qui a choisi son premier ministre, au lieu d’opter pour un chef du gouvernement issu d’une majorité qui s’est avérée somme toute celle du premier magistrat du pays, Abdelmadjid Tebboune, les partis et les listes indépendantes ayant réitéré leur allégeance et leur soutien au programme présidentiel.
La nomination d’un technocrate qui a fait ses preuves et qui a démontré des capacités très grandes à gérer les crises multiformes dans lesquelles se débat l’Algérie et son abnégation pour offrir le meilleur à son pays.
De là, il était aisé aux observateurs de supputer sur une composante gouvernementale composée de personnalités intègres et compétentes pour mener à bien les réformes engagées par le président de la république tout en œuvrant pour une sortie de crise rapide et sans dégâts pour le pays.
Le diagnostic étant fait selon lequel la crise était socioéconomique avant toute autre chose, le traitement judicieux concocté par le président de la république était de mettre en place un exécutif complémentaire, composé d’hommes de terrain, des technocrates comme Aymene Benabderrahmane et, surtout, n’ayant aucun antécédent ‘infructueux’ socialement.
Déjà, à la lecture de la liste des nouveaux membres du gouvernement, nous pouvons remarquer que les portefeuilles réservés aux partis et aux listes indépendantes ne sont pas nombreux et que les nominés avaient des profils allant dans le même sens que la majorité de leurs collègues. C’est donc plutôt les capacités intrinsèques des nouveaux ministres qui ont mené à leurs choix, l’appartenance partisane étant reléguée au second plan.
Les ministres ayant obtenu des résultats probants dans leurs secteurs respectifs ont, dans l’ensemble, été maintenus, à l’instar de la communication, de l’enseignement supérieur et recherche scientifique, de l’industrie pharmaceutique, de la santé, de l’intérieur et, surtout, des finances dont Aymene Benabderrahmane garde le portefeuille malgré qu’il ait été nommé premier ministre.
Justement, cette particularité du nouveau gouvernement est que l’objectif primordial est d’ordre économique et financier en premier lieu et que, ayant fait ses preuves, Tebboune a préféré le garder plutôt que de charger un autre avec un pourcentage d’inconnues dont l’Algérie n’a que faire.
L’autre lecture, politique celle-là, révèle que le renouveau est là et que l’Algérie s’engage dans des réformes profondes qui ne peuvent s’embarrasser de considérations politico-partisanes qui freineraient tout le processus, souvent juste pour bloquer les « adversaires ».
Nous pouvons aussi penser que l’ère des marchandages pour faire passer des lois souvent scélérates est peut-être bel et bien dépassée car, à considérer le nombre restreint de ministres issus de la composante partisane de l’APN, le choix a été fait selon des critères de rentabilité et de capacités plutôt que pour recueillir des voix « pour’ à l’Assemblée.
Cela consolidera aussi bien l’exécutif qui devra trouver les solutions idoines et présenter les projets les plus appropriés que les législateurs qui seront obligés de trouver les failles et de les corriger, plutôt que d’approuver pour faire plaisir à tel ou à tel parti.
La reconduction d’anciens ministres ayant prouvé leurs compétences dans la gestion de leurs portefeuilles respectifs permettra une continuité des réformes et des programmes déjà engagés, évitant ainsi à l’Algérie ce qui a toujours été une tare : effacer ce qu’a fait le prédécesseur et recommencer, éternellement, sans jamais arriver à destination.
Enfin, la nouvelle équipe gouvernementale a vraiment du pain sur la planche et devra s’acquitter convenablement de sa tache afin de regagner la confiance des citoyens, condition sine qua none pour toute réussite de l’Etat.
Tahar Mansour