Plusieurs milliers de personnes ont défilé dimanche à Paris « contre les racismes et l’islamophobie » dans le cadre d’une marche visant en particulier « les violences policières », qui avait été interdite par le préfet de police puis autorisée par la justice. La manifestation a rassemblé environ 3.000 personnes, selon une source policière. Marchant derrière une banderole « Nos enfants sont en danger », les manifestants sont partis de Barbès en début d’après-midi à l’appel d’une cinquantaine d’organisations dont La France insoumise, le NPA (Nouveau parti anticapitaliste), Attac et Solidaires. « Il fallait penser une mobilisation hors marche blanche et événements dramatiques car les violences policières, ce sont les violences les plus graves qui touchent nos enfants, ceux des quartiers, les enfants pauvres, noirs ou arabes », a estimé auprès de l’AFP Yessa Belkhodja, co-initiatrice de cette marche. Mais « ces violences ne sont qu’une partie des violences, il y a des violences quotidiennes », a-t-elle ajouté. « Nos enfants ne sont pas des gibiers de flics », clamaient des pancartes. Sur d’autres, citant Frantz Fanon, on pouvait lire « le racisme est une plaie de l’humanité ». Selon la psychiatre Fatma Bouvet de la Maisonneuve, « les gens sont de plus en plus conscients que la France garde un imaginaire collectif colonial et qu’un certain nombre de personnes issues des pays des ex-colonies sont considérées comme des sous-hommes ». « Il y en a marre de cette justice à deux vitesses de ces regards quand on sort de nos quartiers, ces fouilles, ces délits de faciès », a témoigné une manifestante, Jennifer Kalam, auxiliaire de puériculture de 44 ans. Comme elle, de nombreux manifestants portaient un keffieh en solidarité avec la population de la bande de Gaza, où l’armée israélienne a de nouveau effectué des bombardements meurtriers dimanche, notamment sur la ville de Rafah. La manifestation, sur laquelle flottaient des drapeaux palestiniens. « Si nous sommes ici dans un moment où on déshumanise largement les Palestiniens, (….) c’est pour dire que toutes les vies se valent. (…) Le fil rouge que nous portons aujourd’hui, c’est l’égale dignité des êtres humains », a déclaré à la presse la présidente du groupe des députés LFI Mathilde Panot, présente aux côtés d’ Eric Coquerel et Danièle Obono.
R.I.