Pierre Audin appelle Emmanuel Macron à déclassifier les archives de la guerre d’Algérie
Pierre Audin, fils du Chahid Maurice Audin, a appelé le président français, Emmanuel Macron, à appliquer la loi concernant les archives sur la guerre d’Algérie. Selon lui, ces dernières doivent être déclassifiées par carton car le délai de 50 ans est passé.
« Le président de la République devrait être garant de la loi qui a été adoptée par la représentation nationale et devrait dire tant qu’il n’y a pas une autre loi, c’est cette loi qui s’applique », a-t-il expliqué dans un entretien accordé ce mercredi à Franceinfo.
Et d’ajouter, « C’est quelque chose d’original de la révolution, le fait de dire que les archives doivent être consultables par les citoyens. OK, il y a un délai de 50 ans. Mais c’est tout. Il y a un délai de 50 ans ».
Dans ce contexte, Pierre Audin a accusé le secrétariat général français à la Défense et la sécurité nationale (SGDSN), qu’il qualifie « d’officine secrète qui travaille auprès du Premier ministre », de bloquer l’application de la loi sur la déclassification de ces archives.
« La loi de 2008 dit qu’au bout de 50 ans, les archives sont consultables. Il y a quelques exceptions, par exemple des dossiers de santé, des choses comme ça, mais autrement, les archives sont consultables quoi qu’il arrive, qu’il y ait un tampon secret défense ou pas dessus », a-t-il rappelé. Et de déploré, « Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Depuis 2011, le SGDSN a décidé et il l’applique depuis 2020, qu’il fallait déclassifier chaque papier, c’est à dire que si l’administration, l’armée, par exemple, a mis un tampon ‘secret défense’, il faut que l’armée mette un tampon ‘déclassifié’ ».
Enfin, Pierre Audin s’est montré sceptique quant à trouver « des traces » du meurtre de son père dans les archives.
« Il y a peu de chances qu’on en trouve des traces dans les Archives nationales. Dans les archives [du général Jacques] Massu, [qui avait obtenu des pouvoirs de police pour faire cesser les actions du FLN] peut-être », a-t-il pointé.
En septembre 2018, Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de l’armée française dans la torture et le meurtre de Maurice Audin. En mars 2021, il a reconnu la responsabilité de la même armée dans la torture et le meurtre d’Ali Boumendjel, avocat et militant nationaliste algérien.
Skander Boutaiba