Pluies diluviennes à Alger
La capitale se noie
Il faut agir. Il n’est pas concevable, en 2022, de continuer à subir la nature sans réagir.
Hayet Youba
Alger se noie. Comme à chaque fois, dès que le temps fait des caprices, la capitale perd la boussole. Un sempiternel scénario qui se répète, donnant une image désolante d’Alger paralysée après, à peine quelques averses.
Il ne s’agit plus des flaques d’eau sur les trottoirs ou juste à côté des regards, encore moins de nids de poules qui défigurent les routes mais depuis quelques temps maintenant, dès qu’il pleut c’est carrément les autoroutes qui sont inondées !
Les interminables embouteillages en raison des routes coupées et qui pouvaient durer par le passé deux ou trois heures, ont vu leur temps d’attente doublé voir même triplé. Hier donc, les algérois ont fait face au même train-train d’un jour pluvieux. Ils ont passé la majorité de leur journée au volant, à klaxonner ou à subir celui des autres pour en finalité ni réussir à travailler, ni à régler une course. Certains se sont même vus dans la contrainte de rompre le jeûne du carême sur la route et de prendre leur mal en patience car la situation avait de quoi mettre les nerfs des conducteurs en pelote. Annoncées dans un bulletin météorologique spécial, les pluies, parfois sous forme d’averses orageuses, ont affecté plusieurs wilayas du Nord du pays et cela se poursuivra jusqu’à vendredi. Il ne s’agit donc nullement de surprise et même si ces pluies n’ont pas été annoncées, durant l’hiver ou le printemps, il faut s’attendre aux pluies. Pourquoi alors vit-on sempiternellement le même cauchemar à chaque fois ? Chaque année, les fortes pluies, d’été ou d’hiver qu’importe, provoquent d’énormes dégâts et les crues des oueds emportent des familles entières. Cela a bien été le cas en 2020 où l’Algérie a enterré 23 jeunes. En 2001, le drame a été beaucoup plus lourd faisant au moins un millier de victimes. Certains vont sûrement dire qu’il s’agit là d’une catastrophe naturelle et que contre la nature déchaînée, l’homme est impuissant!
Certes, cela peut effectivement être le cas dans certaines situations exceptionnelles, mais sûrement pas celles qui sont récurrentes. Or, dans la capitale, il suffit souvent d’une heure de pluies diluviennes pour que la ville, quartiers et réseau routier, baigne dans l’eau. Et il est à se demander pour quelles raisons toutes les politiques qui ont été pensées afin d’endiguer ce phénomène n’ont pas porté leurs fruits? Il y a donc nécessité et depuis longtemps d’étudier le phénomène pour pouvoir bien le maîtriser et intervenir sur tous les leviers, par une approche globale: prévention, prévision et protection. Une chose est sûre, il est temps de faire le bilan et tirer les leçons. Quelles sont les erreurs qui ont été commises? Y a-t-il un problème dans les études effectuées? Dans l’application des décisions? Ou encore, bien en amont, dans le lancement d’alertes? Il faut savoir s’il y a lieu d’adapter les structures hydrauliques ou revoir le plan d’occupation du sol ou engager des actions permettant de protéger individuellement les bâtisses vulnérables. En un mot: il faut agir. Il n’est pas concevable, en 2022, de continuer à subir la nature sans réagir.
H. Y.