Pour que nul n’oublie
Par Abdelkader Reguig
Je voudrais en ce jour 18 février journée du Chahid témoigner sur un oublié de l’Histoire de l’Algérie, le moudjahid Si El hadj Miloud Habibi que j’ai eu l’honneur de connaître pour éclairer l’opinion Algérienne sur la vie et l’œuvre du défunt quant à sa participation à la libération de notre chère Algérie du joug du colonialisme français. Si Miloud Habibi un homme de grande corpulence et d’envergure, il est ne’ le 20 août 1916 à Mascara, de parents modestes fellah.
Il est scolarisé dans la médersa coranique de Baba Ali le quartier populaire très connu de Mascara. En 1936 il est membre de l’association El oulémas Musulmans. Il adhère très tôt comme militant à l’étoile Nord Africaine, à l’âge de 21 ans en 1937 il est nommé responsable du Parti du Peuple Algérien (PPA) de Mascara par Messali El Hadj.
Trois jours avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale 26 août 1939, le PPA était interdit. Lors de l’intervention en 1940 de Messali Hadj au quotidien El Ouma Messali Hadj écrit dans El Ouma : « L’Afrique du Nord n’est rattachée à la France par aucun sentiment, si ce n’est par la haine que cent ans de colonisation ont créé dans nos cœurs. Au nom de la République française, 60 millions d’êtres humains subissent la plus ignoble servitude.
Notre patrie est le Maghreb et nous lui sommes dévoués jusqu’à la mort. Si vouloir vivre en hommes libres c’est être anti-français alors nous le sommes et nous le serons toujours. Le colonialisme français cessera peut-être d’exister chez nous, sans laisser d’autres traces que le souvenir d’un cauchemar ».
Si Miloud profitera de cette intervention pour informer les militants de cette prise de position au moment où la population française d’Algérie se rallia à la France de Vichy Maréchal Pétain. Il sera recherché pendant plusieurs jours par la police Française. Il se réfugiera dans les monts des Beni-Chougrane dans la tribu de ses ancêtres. En 1945 suite aux manifestations Si Miloud est arrêté et incarcéré à El Bayadh. En 1947 il est responsable du bureau de Mascara du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) était un parti nationaliste algérien fondé en 1946 à la suite de la dissolution du Parti du peuple algérien.
La ville de Mascara en liesse recevra le Zaim Messali Hadj. La police finira par l’arrêter et l’incarcérer pour atteinte à la sûreté Nationale à Mascara. Le fougueux militant a été condamné à 6 mois de Prison ferme.
Le Bâtonnier Ali Chekkal lui rendra visite en prison issue de la même lignée d’origine maraboutique, Ouled Sidi Daho pour le convaincre de cesser ce militantisme qui n’aboutira jamais, il lui proposera un burnous de Caïd. Si Miloud lui répondra « pour asservir encore plus notre peuple comme toi ».
Ali Chekkal était né à Mascara le 23 septembre 1896. Après des études aux lycées d’Oran et d’Alger, il obtint la licence de droit et s’inscrivit au barreau de sa ville natale, dont il devint par la suite bâtonnier.
Il fut élu à l’Assemblée algérienne le 4 avril 1948 sous l’étiquette de l’Entente franco-musulmane et fut régulièrement réélu jusqu’à la dissolution de cette Assemblée, dont il assuma plusieurs fois la vice-présidence.
Ali Chekkal n’avait pas tardé à prendre parti contre la révolution. Il avait rapidement affirmé sa confiance dans l’avenir de la communauté franco-musulmane, « réalité vivante sous la protection du drapeau tricolore » ainsi qu’il l’écrivait dans la déclaration qu’il avait faite au Monde.
« L’Algérie était une province française… dont le sort a été réglé par des dispositions légales conçues et affirmées solennellement par le Parlement français » précisait ainsi sa pensée quant à l’indépendance réclamée par les rebelles. Il fut condamné par le FLN, le 26 mai 1957, au stade de Colombes, alors que venait de s’achever la finale de la coupe de France de football, le fidai Mohamed Ben Sadok tua Ali Chekkal, ancien vice-président de l’Assemblée algérienne, qui avait assisté au match aux côtés du président de la République, René Coty.
A l’appel du djihâd pour la Palestine en 1948 Si Miloud s’investit en tant que militant pour les causes justes dans le monde, mais le colonialisme français l’a arrêté à la frontière entre la Tunisie et la Libye, et incarcéré à la prison de Serkaji. Relâcher après 8 mois de prison Si Miloud Habibi est de nouveau dans la clandestinité avec l’Organisation Secrète(OS).
Il est l’un des premiers maquisards avec Mustapha Srambouli, Boumedienne, Benfreha et d’autres. Dès le déclenchement de la Révolution armée il est responsable de la zone 6 de la wilaya 5 dans les monts de Béni-Chougrane. En 1957 il est chef de la zone7 wilaya5 dans les monts l’Ouarsenis.
Rappelé par la direction de la révolution il participe à la création du « Commandement de la frontière occidentale «. Une fois la mission terminée, il a été désigné pour diriger la révolution au Centre Ben M’hidi de la ville marocaine d’Oujda, où il a travaillé avec le colonel Houari Boumediene. A la crise L’État-major général (EMG) qui est la structure du commandement de À la fin de 1960, le GPRA accuse l’EMG.
La crise est ouverte. L’EMG (Boumédiene, Kaid Ahmed et Mendjli) refuse d’obtempérer, remet sa démission le 15 juillet 1961, En installant l’instance de direction de l’Etat -Major avec à sa tête le Cdt Si Moussa ( Benahmed Mohamed ) ainsi que le Ct Zerguini et d’autres.
Le Ct Si Moussa « du commandement des frontières de l’est » est un barodeur un homme rigoureux connu à l’intérieur comme Capitaine si Mourad qui infligea une déroute unique a l’Armée Française dans la bataille du djebel Amor- Aflou. Le GPRA et Les trois B demandèrent discrètement la possibilité de visiter l’Etat-major.
Le Ct si Moussa accepta la visite du GPRA . Le GPRA confirmera le Ct Si Moussa en tant que Chef d’État-major. Le Cdt Si Moussa en homme d’Etat et intellectuel pensait « qu’Il fallait aider l’armée de cesser d’être un pilier du régime pour devenir avec l’administration un pilier de l’état. Dans l’épreuve de force entre l’armée des frontières unifiée derrière le Colonel Boumedienne, le Cdt Si Miloud Habibi se rallia a la légitimité avec le Cdt Si Moussa.
Le Cdt Si Miloud Habibi au lendemain de l’indépendance de l’Algérie il était recherché, il a repris les armes contre les milices Il s’est réfugié dans les montagnes de Beni- chougrane.
Il est descendu de son maquis grâce à la médiation du Col Boumediene et Hadj Mohamed Benalla, où il fut assigné à résidence à Oran, jusqu’au 19 juin 1965. Le Chef de l’Etat Houari Boumediene le nomme Commissaire du Parti FLN a Mostaganem jusqu’en 1970.
Le Ct Si Miloud Habibi a souffert d’une maladie oculaire qui lui a fait perdre la vue malgré son transfert en France, en Belgique et en Russie pour y être soigné. Si Miloud a vécu en un farouche défenseur de l’Algérie, l’aimant jusqu’à la folie, et ne s’est permis aucun privilège en retour.
Le 10 Janvier 1992 Si Miloud décède à Mascara, avant de voir l’Algérie sombrer dans une lutte fratricide.
Gloire à nos martyrs.
Abdelkader Reguig Président de la Fondation Algérie