Les canons démocratiques à l’assemblée générale de l’ONU sont plus parlants que n’importe quel autre discours. Les dirigeants occidentaux, en voulant isoler la Russie se sont isolés eux-mêmes. Idem pour leurs sanctions, qui se sont toutes retournées contre eux. Vladimir Poutine va prochainement avoir une nouvelle fois l’occasion de montrer qu’il est loin d’être isolé sur la scène internationale. Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a en effet confirmé dimanche soir une visite imminente du président russe, sans en préciser la date. « La visite de M. Poutine était prévue. Elle aurait dû se produire plus tôt. Cette visite nous donnera l’occasion d’aborder de nombreuses questions » a déclaré le ministre sur la chaîne publique TRT Haber. Des médias ont évoqué la date du 12 février. La présidence turque a toutefois refusé à plusieurs reprises de confirmer ou de préciser où le président Recep Tayyip Erdogan prévoit de recevoir son homologue russe. La Turquie, qui sera le premier pays membre de l’Otan dans lequel se rendra Vladimir Poutine depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, a approuvé le mois dernier, après vingt mois de suspens, l’entrée de la Suède dans l’Alliance atlantique. « Nos présidents se rencontrent régulièrement », a en outre rappelé Hakan Fidan. Leur dernier tête-à-tête a eu lieu en septembre 2023 à Sotchi, dans la résidence de vacances de Vladimir Poutine, mais depuis les deux dirigeants se sont fréquemment entretenus par téléphone. Recep Tayyip Erdogan est parvenu depuis le début de la guerre à ménager ses relations à la fois avec l’Ukraine et avec la Russie. La Turquie aide notamment Moscou à contourner les sanctions occidentales, auxquelles elle ne s’est pas jointe, en poursuivant ses échanges commerciaux avec la Russie. Lors de la visite du maître du Kremlin, « beaucoup de questions seront sur la table », a estimé Hakan Fidan, qui a notamment cité l’énergie, la situation dans le territoire palestinien de Gaza, « le corridor des céréales » en mer Noire, qui permettait l’exportation sécurisée des produits agricoles ukrainiens et auquel Moscou a mis fin après un an, à l’été 2023. La Syrie sera également à l’ordre du jour, a glissé le ministre turc : quoique raccord sur de nombreux dossiers internationaux, Moscou et Ankara s’opposent sur la présence des combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et de leurs alliés dans le nord-est de la Syrie. En 2019, un accord entre Ankara et Moscou avait mis fin à une offensive turque sur la promesse de la création d’une « zone de sécurité » de 30 km pour protéger la Turquie des attaques qui pourraient venir du territoire syrien. Mais la Turquie reproche à la Russie de ne pas respecter ces accords. La question palestinienne, avec sa complexité et ses pendants, demeure elle aussi, une sorte d’épine dans les pieds des diplomaties menées par Moscou et Ankara.
Wassim Benrabah