Document exclusif
Travail mémoriel : Tout ce que vous devez savoir sur les neuf points retenus par la Commission mixte
La commission mixte algéro-française chargée de plancher sur l’effort mémoriel conjointement décidé par les présidents algérien et français, a rendu un rapport de 9 points dont nous avons obtenu copie en exclusivité. Cette commission, conjointement présidée par Mohamed Lahcen Zeghidi du côté algérien et Benjamin Srora du côté français, a transmis ce rapport pour approbation aux deux chefs d’Etats en date du 3 février courant. Elle propose notamment de tenir la prochaine séance de travail en France durant les deux mois à venir. En attendant, un travail important, résumé en 9 points, a été abattu. S’agissant de la restitution des archives, il est question de « 5 mètres linéaires d’archives de l’Algérie de l’époque ottomane ainsi que la remise de 2000000 de documents numérisés des archives nationales ottomane des archives nationales d’outre-mer. Tout comme elle s’est attelée à définir la période, la nature et la typologie de ces archives et documents numérisés ». la commission, gérée par des historiens, s’astreint à une grande méthodologie dans son travail mémoriel. « La commission mixte s’est également accordée sur la nécessité et l’utilité de définir un ordre de priorité dans la numérisation des fonds d’archives à commencer par les archives militaires et diplomatiques du XXe siècle la commission mixte propose également de développer des partenariats entre les archives nationales algériennes et française dans les domaines de la formation et de la numérisation et de favoriser l’accessibilité et le partage des ressources numériques. Certaines de ces archives progressivement découverte et numérisée pourraient aussi faire l’objet de publications scientifiques. Venons-en aux restitutions des objets symboliques que continue de revendiquer notre pays. « La partie algérienne de la commission propose un une liste de biens symboliques comme ceux ayant appartenu à l’émirat Ahmed Bey et d’autres personnalités algériennes à titre d’exemple l’épée le burnous, le Coran la tente et les canons de l’émir l’attente d’Ahmed Bey ». Il est aussi question de la restitution de « la clé et les étendards… ». Ce n’est pas tout. La commission se félicite en effet de la proposition faite par des musées comme le quai Branly où le Louvre de réaliser un inventaire des items provenant d’Algérie par ailleurs la commission mixte propose de réaliser des expositions sur l’histoire de l’Algérie au 18e siècle A partir des fonds présent dans les musées en France et en Algérie ».
Le projet de visite en France du président Tebboune remis au goût du jour ?
Elle propose notamment que l’exposition sur l’émir Abdel Abdelkader réalisé au muséum en 2022 soit également présenté dans un musée en Algérie. Bref, à la lecture de ce document, sobre et rondement mené, il est permis de juger que cet effort mémoriel, qui avance par méthodologie et avec parcimonie, a toutes les chances de déboucher sur des résultats concrets, à même de permettre de tourner un jour, sans jamais la déchirer, la page douloureuse de notre histoire commune. Il va sans dire que des excuses françaises demeurent de mise, sachant que c’est la France qui est dans la position de l’agresseur, de l’envahisseur et du spoliateur, que nous étions, pour notre part, dans celle du défenseur. « La commission mixte préconise de poursuivre l’élaboration d’une chronologie sur les différents aspects militaires politiques et économiques et sociaux et culturels tout au long de la période coloniale 1830 1962 en commençant par le 19e siècle ». les faits crus, accablants, enfin établis, accuseront et accableront indéniablement la France. En attendant, la bonne foi du président Macron, déjà exprimée une première fois quand il n’était encore que candidat à la présidence française, semble y être encore, même si sa majorité vire de plus en plus vers la droite radicale, celle des tortionnaires des Algériens et des nostalgiques du « paradis perdu de l’ancienne Algérie française ». Une douzaine de lieux situés en France métropolitaine et en France d’outre-mer seront retenus afin de rendre hommage aux milliers d’Algériens morts en exil, souvent dans des conditions atroces. Côté algérien, les cimetières chrétiens et juifs sont censés être cartographiés. Le fameux canon Baba Marzouk, surnommé « Le Consulaire » et qui terrorisait les flottes française et espagnole, n’a hélas pas été évoqué dans ce document. Il trône, debout, à l’entrée d’une caserne à Toulon, avec posé dessus, le coq français. Sa restitution est une nécessité impérieuse, au risque de voir ces historiens accuser les journalistes de griller les étapes ou bien de parasiter ce travail d’orfèvre. En tous cas, et face à cet énorme travail mémoriel déjà abattu, avec de très prometteuses perspectives, la visite en France du président Tebboune a toutes le chance d’être remise au goût du jour dans les tous prochains mois.
El Ghayeb Lamine