Privé de son ancien protecteur : L’« empire français » agonise…
Jacques Attali, homme de lettre et ancien haut fonctionnaire français qui, d’ordinaire, sait mesure et raison garder, n’y est pas allé par le dos de la cuiller pour commenter la série de déconfitures qui frappent coup sur coup la France « macroniste » ou « macronienne », sur les plans diplomatique et géostratégique. Pour lui, en effet, et c’est parfaitement vrai d’ailleurs, l’affaire des sous-marins destinés à l’Australie, tombée à l’eau sans jeu de mot aucun, est loin d’être une simple affaire commerciale qui fait perdre aux entreprises françaises quelques centaines de millions de dollars, ni même celle d’un poignard américain planté dans le dos élyséen. Non, cette affaire va bien au-delà, qui menace carrément la sécurité et la survie de « l’empire français », tel que connu jusqu’à présent. Pour faire court, le protecteur attitré de la France, et de toute l’Europe de l’ouest, les USA en l’occurrence, viennent de la lâcher brusquement en révisant leurs périostites, mais aussi leurs alliances et leurs visions prospectives. Ce n’est pas tout, Pour Attali Washington est un géant aux pieds d’argile, et une puissance planétaire en plein déclin. Or, face à la montée en puissance de la Chine, les USA tissent à la hâte de nouvelles alliances dans le Pacifique qui, désormais, n’ont absolument rien à voir avec la configuration héritée de l’après-guerre froide et des accords de Yalta. « Pour faire court : la France est en train d’être reléguée au rang d’une alliée oubliée d’un empire en déclin. Situation de double affaiblissement, la pire en politique », écrit en substance Attali. Et de développer sa courte analyse en ajoutant que « les Etats-Unis n’ont plus les moyens de protéger l’ensemble de leurs alliés, comme ils le faisaient jusqu’à présent ; alors ils font le choix de se recentrer et de se préoccuper surtout de se protéger de la Chine, dans le Pacifique, en négligeant l’Europe et le Moyen-Orient, puis s’en retirant par à-coup ». Et c’est un peu là que le bât blesse. En effet, ‘les Etats-Unis cherchent à construire au plus vite, quels que soient les dégâts collatéraux, une alliance militaire avec quelques pays de la région Pacifique. En oubliant au passage quelques-uns d’entre eux, dont l’Inde, l’Indonésie et les Philippines ». Esseulée depuis son retour à l’OTAN, la France éprouve le plus grand mal à achever sans grands dommages sa « campagne » militaire au Mali. Pis encore, elle est carrément sans protections probantes pouvant advenir d’adversaires plus puissants, à l’image de la Russie, ou même de pays qui aspirent coûte que coûte à s’émanciper du carcan mortel de la « françafrique ». Paris doit se préparer à vivre une phase grandissante de déclin permanent en mettant un terme à son « arrogance » et à son « paternalisme » à l’endroit de certaines de ses anciennes colonies. La roue de l’histoire tourne. Et c’est tant mieux pour certains, et bien fait pour les autres…
Kamel Zaidi