Quand Israël supprime les visas pour les Émiratis et refuse de le faire pour les Marocains
Alors que les ressortissants de l’occupant israélien ont toujours pu accéder au territoire marocain sans visa, les sujets de Mohammed VI, désireux de se rendre chez le nouvel allié moyen-oriental de leur roi, n’ont pas ce droit.
Bien que le makhzen ait normalisé tambour battant, bien qu’il se soit mouillé jusqu’au cou, l’occupant israélien lui rappelle, de temps à autre, que l’idylle est à sens unique et que certaines lignes sont infranchissables. L’une d’entre elles est une probable suppression des visas pour les Marocains.
Il y a quelques jours, la compagnie Royal Air Maroc a annoncé le lancement d’une ligne directe entre Casablanca et Tel-Aviv à raison de trois fréquences par semaine. Elle précise, dans ce sens, que le nombre de vols pourrait être porté à cinq.
« Cette nouvelle liaison répond aux attentes de la communauté marocaine établie en Israël qui entretient des liens forts avec son pays d’origine. Elle vise aussi à permettre aux touristes ainsi qu’aux femmes et hommes d’affaires de se rendre au Maroc ou en Israël », s’est vanté la compagnie aérienne dans un communiqué largement repris.
Dans le même temps, des relais médiatiques proches du makhzen, dont le 360.ma, ont véhiculé une rumeur selon laquelle une motion a été déposée à la Knesset, le parlement de l’occupant israélien, par des députés. Elle a pour but d’exempter les ressortissants marocains de visa.
En réalité, les médias marocains ont été induits en erreur par un Meir Masri, un propagandiste et homme politique israélien très hostile à l’Algérie. Sur Twitter, il a affirmé être à l’origine de l’initiative conjointe d’exemption de visa.
Or, il s’avère que c’est faux, voire un leurre. Et c’est, une fois de plus, un média très proche du palais de Rabat, en l’occurrence Assabah, qui se charge de faire l’annonce après avoir interrogé un responsable au sein de la cellule de communication du ministère israélien des Affaires étrangères.
« Le visa n’a pas été annulé et la Knesset n’est pas habilitée à se prononcer sur ce genre d’accords qui sont du ressort des ministères des Affaires étrangères des deux pays », a-t-il précisé.
Avant de s’adresser au ministère israélien des Affaires étrangères, le quotidien marocain a sollicité l’ambassade d’Israël à Rabat. Cette dernière a refusé de communiquer. Du reste, les rares visas accordés aux Marocains, l’ont été à titre exceptionnel.
S’agissant de ce volet, l’occupant israélien semble pratiquer le « deux poids, deux mesures » vis-à-vis de ses nouveaux amis arabes. S’il refuse de supprimer les visas aux Marocains, ils accueillent à bras ouverts les Émiratis.
En octobre 2020, Israël et les Émirats arabes unis ont décidé de supprimer mutuellement les visas. Au mois de janvier dernier, le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé que les Émirats arabes unis ont ratifié l’accord d’exemption de visa entre les deux pays, le premier entre l’État hébreu et un pays arabe.
Il était censé entrer en vigueur le 12 février 2021, mais il semblerait que la pandémie l’a un peu retardé, selon l’agence Anadolu.
Yanis Younsi