Quand Paris ferme les yeux sur le dévoiement par l’Égypte d’une aide militaire française
Selon le média en ligne d’investigation Disclose, qui s’est basé sur des documents confidentiels, des renseignements fournis par la France aux autorités égyptiennes ont été utilisés à mauvais escient par ces dernières.
Au lieu de contribuer à la lutte antiterroriste, l’aide française a été dévoyée pour cibler des trafiquants à la frontière égypto-libyenne. D’après le même média repris par l’AFP, l’État égyptien s’est servi de Sirli, une mission de renseignement français à son profit, pour collecter des informations, puis mener des raids aériens en direction de véhicules de contrebandiers présumés.
Disclose ajoute que les forces françaises, déployées à cet effet, auraient été impliquées « dans au moins 19 bombardements contre des civils, entre 2016 et 2018 ». Bien que leur hiérarchie ait été alertée « à intervalles réguliers », aucune mesure n’a été prise.
En janvier 2019, une note adressée à la ministre française des Armées, Florence Parly, avant une visite officielle en Égypte avec le président français, Emmanuel Macron, a fait état de « cas avérés de destruction d’objectifs détectés par l’aéronef » français. En vain, la mission ne sera jamais compromise.
Quant à l’armée française, elle est toujours « déployée dans le désert égyptien », note la même source.
Réagissant à l’information, le ministère français des Armées a botté en touche. Dans un communiqué, il a qualifié l’Égypte de partenaire avec lequel Paris entretient « des relations dans le domaine du renseignement et de la lutte antiterroriste […] au service de la sécurité régionale et de la protection des Français ».
« Pour des raisons évidentes de sécurité et d’efficacité, nous ne communiquerons pas davantage sur la nature des dispositifs de coopération mis en œuvre dans ce domaine », a-t-il ajouté en précisant que Florence Parly avait donné instruction pour « qu’une enquête soit déclenchée sur les informations diffusées par Disclose ».
Yanis Younsi