Récupération des bien de la corruption : L’Algérie met le paquet
L’Algérie met actuellement le paquet pour aboutir au plus vite à la récupération de tous les biens et argent issus de la corruption. C’est l’une des grandes lignes importantes que s’est fixé le gouvernement sur instruction du président de la république qui a fait de cette question l’un des points forts de ses engagements envers la société algérienne. Depuis le début du mois de Mars, on assiste à une grande accélération du processus devant mener à cette récupération. Sur le terrain on assiste désormais à la mise à exécution des décisions de saisies ordonnées par la justice à l’encontre des personnes condamnées définitivement pour corruption. Des informations dignes de foi affirment que les opérations de saisie en cours concernent tous les hommes d’affaires condamnés dans le dossier du montage automobile et financement occulte de la campagne pour le cinquième mandat. Les biens immobiliers, terrains, bureaux, véhicules de Ali Haddad et Mahieddine Tahkout ont été définitivement confisqués et leurs comptes bloqués. Des sources dignes de foi nous font cependant savoir que la justice a fait un geste humanitaire en laissant les familles des concernés continuer à bénéficier d’une maison. « Les juges ne peuvent pas jeter des épouses et leurs enfants à la rue, ils ont droit à un toit et décision a donc été prise de leur céder les domiciles familiaux », indiquent plusieurs avocats contactés sur le sujet. Cette mesure ne concerne cependant pas l’ancien ministre de l’industrie, Abdesslam Bouchouareb, auquel tous les biens ont été saisis.
Les biens des cinq autres hommes d’affaires condamnés dans le dossier du montage automobile devraient être eux aussi récupérés incessamment, apprend-on de la même manière. D’autres avocats contactés sur le sujet affirment que les documents autorisant l’exécution des saisies ont été remis par les tribunaux compétents aux parties concernés par l’opération de saisie. Des informations concordantes ont par ailleurs révélé que les proches de plusieurs anciens ministres et ex oligarques ont tenté durant ces derniers vendre les biens qui se trouvaient sous saisie conservatoire. Il s’agit d’une mesure qui précède la condamnation définitive elle seule à même de donner un caractère exécutoire à la décision. Conscients de cette situation, les autorités ont dû prendre très rapidement des mesures. Ce dimanche, à l’APN, le ministre de la justice a d’ailleurs publiquement annoncé la mise en place d’un plan d’urgence destiné à barrer la route a ce genre de pratiques. A la même occasion, Abderrachid Tabi a annoncé la prochaine mise en place d’une instance d’enquête visant à renforcer le travail de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption. Ces mesures sont accompagnées d’un gros travail que mènent les services de sécurité sur le terrain. Ils ont pour mission d’opérer des perquisitions et des recherches visant à mettre à jour d’éventuels biens cachés et non déclarés par leurs propriétaires incarcérés. Le 15 Mars dernier, des investigations avaient abouti à la découverte de véhicules de luxe, motos et bateaux de plaisance dont le montant s’élève à 1000 milliards de centimes Ils avaient été dissimulés par des membres de la famille et des proches de Mahieddine Tahkout.
Le processus devant mener à la récupération de tous les biens issus de la corruption ne se mène cependant pas que sur le territoire national. L’Algérie mène aussi un gros travail en direction des pays étrangers ou ont été répertoriés des biens achetés avec l’argent de la corruption. Sur ce plan la mission s’avère plus difficile. Elle dépend d’une part de la volonté politique des autorités des pays concernés mais aussi de la nature des textes juridiques liant ces États à l’Algérie. Pour combler tous les vides existants en la matière, le ministre algérien de la justice a d’ailleurs récemment effectué des déplacements. Il s’est rendu successivement au Liban, en Espagne puis au Qatar ou ont été signés des mémorandums portant sur la coopération en matière d’extradition des criminels.
Amel Zineddine