Touché de plein fouet par la pandémie : Flambée de pauvreté et d’inégalités sociales au Maroc
Au royaume chérifien, où l’injustice sociale et la corruption sont érigées en véritables dogmes, cette pandémie de coronavirus a dévoilé à tous les illusoires « développement harmonieux » et « amélioration du niveau de vie » des sujets de sa majesté Mohamed VI. Désormais, on parle carrément d’une véritable « flambée de la pauvreté ».
Les chiffres, têtus et imparables, relèvent en effet de la science exacte. pour les personnes en situation de vulnérabilité, le taux a plus que doublé, passant de 7,3 % avant le confinement à 16,7 % pendant le confinement, relève l’étude « Évolution du niveau de vie des ménages et impact de la pandémie Covid-19 sur les inégalités sociales», du Haut-commissariat au plan (HCP) marocain, parue le 24 mars courant, et que nous avons pu consulter.
Le plus grave, et le plus accablant dans ces données, c’est qu’elles émanent d’une structure « inféodée » au Makhzen.
Subjectifs et dirigés ces chiffres, déjà très inquiétants sans cela, sont à multiplier par deux ou trois pour qui connait la propension démesurée de Rabat à grimer ses données statistiques gênantes , et à embellir les faits et les donnés.
Dans le pays alors brutalement à l’arrêt, le secteur informel – qui représente près de 80 % des emplois au Maroc, selon l’Organisation internationale du travail (OIT) – a été frappé de plein fouet, ainsi que les trois quarts des travailleurs dénués de toute couverture sociale.
Les urbains, qui représentent les deux tiers des habitants, ont été particulièrement touchés. Dans un Maroc marqué par les inégalités sociales et qui reste au 121e rang mondial pour son indice de développement humain, ces inégalités sociales ont alors «dépassé le seuil socialement intolérable », relève le HCP.
La crise a été « très anti-pauvres », relevait de son côté l’Unicef l’automne dernier, dans son étude portant sur l’impact de la pandémie sur la pauvreté des enfants, ces derniers ayant été particulièrement pénalisés par la crise sanitaire. Ces contrecoups majeurs de la pandémie ont poussé le Maroc à prendre des « mesures urgentes de lutte contre l’exacerbation de la précarité afin d’endiguer l’augmentation de la pauvreté et des inégalités sociales », relève le rapport du HCP. Les ménages ont reçu une aide financière pendant trois mois avant l’été 2020.
« 5,4 millions de ménages s’étaient inscrits sur le registre pour pouvoir percevoir l’aide, rappelle l’économiste Najib Akesbi, à raison de 4,6 personnes par ménage, cela correspond à 25 des 36 millions d’habitants ».
C’est dire l’ampleur des besoins. « Ces aides sont une première au Maroc où nous n’avons jamais eu d’État social », relève le sociologue Mehdi Alioua.
« Une grande partie de la population vit au jour le jour, fait ses courses au quotidien, achète tout au détail, aussi bien une cigarette à l’unité que de la lessive au poids. Ce qui est un indicateur de la faiblesse des revenus », poursuit le sociologue. Alors pour ces millions de ménages, ces aides « ont permis de sauver les meubles », estime-t-il. Mais le sauvetage a été temporaire.
«Ces aides n’ont pas été renouvelées depuis l’été dernier, déplore Najib Akesbi ». L’étude ne dit rien de la situation difficile de la population au cours du deuxième semestre 2020».
Une bombe sociale à très grande échelle s’apprête donc à exploser sous le trône de Mohamed VI pour emporter son pouvoir féodal et injuste. Les jours du Makhzen son comptés désormais…
Ali Oussi