Traite humaine vers l’Europe : le Maroc impliqué
Le 20 septembre courant, la presse française rapportait une information sur le démantèlement d’une filière clandestine qui s’est spécialisée de faire entrer de manière illégale, des migrants marocains dans l’espace Schengen, particulièrement en France, au cours des trois dernières années. Les migrants clandestins marocains payaient leur passage en Europe à 8000 euros en se faisant remettre un vrai visa chinois ou thaïlandais et ceux voulant se rendre en France pouvaient acheter de faux papiers ou de vrais titres de séjour auprès des individus travaillant en préfecture de Seine-Et-Loire ainsi que grâce à des complicités consulaires.
Ainsi, les migrants clandestins marocains se faisaient apposer un faux-vrai visa chinois ou thaïlandais sur leurs passeports puis, à l’escale en Allemagne, ils mettaient fin à leur voyage et introduisaient alors une demande d’asile, chose qui leur permettait de pénétrer en territoire européen sans qu’aucun pays membre ne lui délivre un visa. Selon les résultats de l’enquête concernant cette filière clandestine, ils auraient été 195 sans-papiers marocains qui seraient entrés en Europe de cette manière, pour se rendre en France, en Espagne ou en Italie, d’une manière générale et ce, durant les 18 derniers mois.
Le nombre cité plus haut ne concerne qu’un seul réseau de passeurs opérant de la sorte, d’autres ont été aussi démantelé en Espagne où deux réseaux ont été démantelé, entrainant l’arrestation de 15 personnes qui y étaient impliquées. Les recherches ont aussi déterminé que les migrants étaient démarchés soit au Maroc soit à leur débarquement sur les côtes espagnoles afin de les faire passer en France.
Pire encore. Des adolescents et des mineurs marocains ont été la proie de ces passeurs qui les approchaient au Maroc, à la zone du Campo de Gibraltar ou en Andalousie, et finissaient par être exploités dans cette véritable traite humaine. Un réseau qui s’était spécialisé dans la traite de mineurs marocains a d’ailleurs été démantelé par la garde civile espagnole en juin 2019.
Le rapport de la Commission Européenne publié au début de l’année 2021 est beaucoup plus explicite concernant le Maroc et son implication dans la traite humaine puisque le royaume est classé parmi les principaux pays d’origine des suspects de traite humaine hors Union Européenne, en compagnie du Nigéria, de la Chine, de l’Albanie et du Pakistan. En plus, avec 101 citoyens marocains poursuivis en justice pour leur implication dans la traite humaine, le Maroc est également sur le podium en compagnie du Nigéria, de l’Ukraine, de l’Inde et du Brésil, devançant la Chine et la Turquie.
Par contre et prenant en considération d’autres critères, le Maroc essaie de cacher la vérité en médiatisant régulièrement des bilans d’avortement d’opération de migration clandestine et de démantèlement de réseaux de passeurs. Mais les chiffres de la Commission Européenne prouvent le contraire en plaçant le Maroc sur le podium des pays exportateurs de crime organisé, de traite humaine et de trafics illicites.
Tahar Mansour