La diplomatie marocaine carbure à la corruption et au chantage. Toutefois, à trop tirer sur la corde, celle-ci finit forcément par se casser. Et c’est ce qui vient vraisemblablement de se produire avec le récent éclatement d’un scandale d’envergure (au moins) nationale.
Celui-ci éclabousse le Waidad Nasri, un club de football de Oujda, dont le président, Said Nasri, vient d’être placé sous mandat de dépôt. Une bonne trentaine de personnes sont également mêlées à cet énorme scandale. Parmi elles, on retrouve des cadres très en vue du PAM, le Parti Authenticité et Modernité de Fouad Ali El Himma, chef de cabinet et ami d’enfance du roi Mohamed VI.
En théorie, il ne s’agit rien moins que de l’homme le plus puissant du Maroc. Car face à lui, il y a Aziz Akhanouch, l’actuel chef du gouvernement, richissime oligarque, lui aussi ami de Mohamed VI, dont le parti, le RNI (rassemblement national des indépendants), grand vainqueur des dernières législatives (truquées) au royaume chérifien.
Sachant par ailleurs que la corruption au Maroc est une « vertu encouragée quand elle est l’œuvre des gens du Makhzen, force est de supposer que le scandale évoqué au début de cet article est la manifestation d’un grave conflit au sommet du pouvoir marocain.
Ce conflit, selon toute vraisemblance, pourrait être lié à la guerre de succession qui fait présentement rage, et qui a eu tendance à s’accentuer et à s’aggraver depuis le début du massacre des civils palestiniens, femmes et enfants en tête.
Le peuple marocain est majoritaire à rejeter l’alliance stratégique, militaire et sécuritaire conclue entre Rabat et Tel-Aviv. Face aux horreurs qui se déroulent sous nos yeux en Palestine, des centaines de milliers de sujets marocains sont de plus en plus nombreux à sortir dans la rue pour dénoncer la trahison par leur roi de la cause palestinienne. « Au Maroc, les trois ans de normalisation diplomatique avec Israël célébrés en toute discrétion », titre par exemple le journal Le Monde.
« Depuis que l’armée israélienne assiège Gaza, en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre, la question de la poursuite de la coopération avec Israël est posée au Maroc. La pression populaire en faveur du « non » est grande. Des rassemblements se tiennent chaque semaine dans les principales villes du pays. Le mouvement de protestation est soutenu par de nombreux partis, syndicats et associations qui réclament la fin des relations avec l’Etat hébreu », détaille encore le même média.
« La situation est telle que les trois ans du « deal du siècle »Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, n’a fait l’objet d’aucune célébration. Il est pourtant l’un des principaux faits d’armes de la diplomatie marocaine depuis que Mohammed VI a pris les rênes du pouvoir en 1999 ».
En effet, ce journal ne croit pas si bien dire ou écrire. Le Makhzen faut carrément face à une véritable crise existentielle, qui le menace dans ses fondements. La position de Mohamed VI, avec sa double casquette usurpée de « commandeur des croyants » et « président de la commission Al Qods », en devient carrément intenable. D’autant que les Islamiste du PJD (parti de la justice et de la démocratie), ont enfin compris qu’ils ont été bernés pour jouer le rôle de pare-choc et signer par la suite le « deal du siècle, avant d’être jetés comme une vieille chaussette trouée et puante.
Leur montée au créneau se fait de plus en plus pressante et oppressante, jusqu’à engager un bras de fer public avec le palais royal.la question qui se pose dès lors est bien celle de savoir si ce sont les heures du deal du siècle ou bien celles du Makhzen qui sont comptées. Toujours est-il que le compte à rebours a bel et bien commencé…
El Ghayeb Lamine