Les Etats-Unis déclarent l’ambassadeur d’Afrique du Sud persona non grata : Pretoria et Washington au bord de la rupture…
L’Amérique de Trump mène les « grosses affaires d’Etats » et de géostratégie selon les humeurs et les sentiments et ressentiments d’une poignée de personnes. Cela déteint forcément sur la justesse et la pertinence de bon nombre de décisions priser. En voici un exemple particulièrement frappant. Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a déclaré vendredi l’ambassadeur d’Afrique du Sud aux Etats-Unis « persona non grata », l’accusant notamment de… « haïr » Donald Trump. Il est pourtant clairement établi dans les relations internationales les amours et les haines ne font pas partie des calculs et des données devant être pris en ligne de compte. Or, le chef de la diplomatie de Trump, au demeurant réputé proche du Maroc et de l’entité israélienne, ne semble guère l’entendre de cette oreille. Ebrahim Rasool « nourrit les tensions raciales, hait les Etats-Unis et hait le président » Donald Trump, a écrit Marco Rubio sur X, ajoutant que le diplomate sud-africain n’était « plus le bienvenu » à Washington et était dorénavant considéré comme « persona non grata ». cette attitude, irréfléchie, de Marco Rubio et de son président, laisse la porte ouverte face à des dérives encore plus graves, et des coups de sang entre Etats sur la base des humeurs d’une poignée de personnes. Ce choix stratégique, totalement dénué de sagesse, n’a non plus rien de démocratique, attendu que les dizaines ou centaines de millions de citoyens impliqués malgré eux dans des conflits qui ne les concernent, ne soutiennent pas forcément ce bellicisme de Washington, sous-tendu par des non-dits liés au génocide israélien en Palestine occupée. Cette décision s’inscrit dans un contexte de durcissement des relations entre les Etats-Unis et l’Afrique du Sud. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a accusé Pretoria de manière particulièrement fantaisiste de traiter de façon « injuste » les descendants de colons européens, créant même une procédure d’asile aux Etats-Unis pour les « réfugiés afrikaners ». En plus de couper toute aide à l’Afrique du Sud, il avait alors décidé que les Etats-Unis encourageraient « la réinstallation » de ceux-ci, « fuyant la discrimination raciale encouragée par le gouvernement », selon lui. Il va sans dire que cette attitude représente une ingérence directe et inacceptables dans les affaires internes et souveraines de l’Afrique du Sud. Elon Musk, natif d’Afrique du Sud et puissant allié de Donald Trump, a également accusé le gouvernement sud-africain de discrimination envers les populations blanches. En fait le nœud du problème réside dans le fait que c’est Pretoria qui a courageusement saisit la CPI (Cour Pénale Internationale) concernant le génocide israélien à Gaza et sa politique d’apartheid en Palestine occupée. Pretoria a même obtenu la délivrance d’un mandat d’arrêt international contre le néonazi Benyamin Netanyahu. La réplique de Washington, qui foule vertement aux pieds le droit international, a été de décréter des sanctions contre les magistrats officiant au niveau de la CPI, et de recevoir au niveau du Bureau Ovale de la Maison Blanche le bourreau sanguinaire des femmes et des enfants de Palestine. Dans tous les cas de figure, si l’Afrique du Sud décide d’appliquer les lois classiques de la réciprocité diplomatique, l’ambassadeur américain à Pretoria devrait plier ses bagages dès ce samedi, ce qui serait synonyme de rupture totale des relations entre ces deux pays.
Mehdi Ghayeb