Carnage de migrants africains : La commission des droits de l’Homme de l’UA accable le Maroc
Dans un communiqué rendu public la veille, la Commission Africaine des droits de l’homme et des Peuples a sévèrement tancé le Maroc, lui reprochant notamment son recours excessif à la force pour empêcher des migrants africains de forcer le passage vers l’enclave espagnole de Mellila, faisant plus d’une vingtaine de morts et près d’une centaine de blessé. Cette commission reproche également à Rabat son refus de ratifier la charte africaine relative au respect des droits de l’Homme. « Tout en reconnaissant que le Royaume du Maroc n’est pas encore partie à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ( la Charte), la Commission note avec profonde consternation la mort de plus d’une vingtaine de migrants africains et l’existence d’un grand nombre de blessés, tous ressortissants de pays africains parties à cette Charte, au cours des évènements du 24 juin 2022, lors d’une tentative de passage forcé vers l’enclave Espagnole de Melilla faisant frontière avec la ville de Nador située au nord-est du territoire marocain ». La Commission enchaine pour déplorer le « recours excessif de la force qu’aurait utilisée la police des frontières en vue de repousser ces migrants. Elle est préoccupée par l’arrestation et la détention de nombreux migrants à la suite de cette malheureuse tragédie ». quoique en termes pesés et mesurés, cette commission ne laisse pas de condamner ce gravissime et criminel dérapage des forces de sécurité marocaines. « La Commission rappelle l’importance de respecter les principes fondamentaux du droit international des droits de l’homme ainsi que les considérations élémentaires d’humanité (l’Ubuntu) qui consacrent le respect, en toute circonstance, de la dignité inhérente à la personne humaine, la prohibition de toute forme de traitements cruels, inhumains ou dégradants et le droit à un procès équitable, notamment lorsqu’il s’agit des migrants exposés à de multiples vulnérabilités, aussi bien sur le territoire des Etats d’accueil ou de transit ». Désormais dans de sales draps, Rabat devra faire face à une enquête internationale indépendante. Celle-ci devrait permettre de prouver que certains migrants décédés sont morts du fait des coups qu’ils ont reçus de la part des soldats et policiers marocains, comme on a pu le voir dans de nombreuses images et vidéos. Et c’est la raison pour laquelle le Maroc s’est empressé d’enterrer tous ces morts sans même procéder à leur identification, ainsi qu’aux autopsies de rigueur. L’heure de rendre des comptes semble bel et bien avoir sonné. C’est en tout cas ce que suggère ce communiqué dans sa très percutante conclusion : « La Commission présente enfin ses sincères condoléances aux familles des victimes et appelle à l’ouverture d’une enquête nationale indépendante pour faire la lumière sur ces évènements et établir les responsabilités ».
https://www.achpr.org/fr_pressrelease/detail?id=645
Kamel Zaidi