Cours de soutien scolaire : La charrue avant les bœufs
Le phénomène était devenu visible dès le début du mois de septembre. Plusieurs endroits réputés pour abriter des salles de cours de soutien, dans des garages ou des salles en bas de grandes villas, connaissent une animation particulière.
Des grappes d’adolescents, cahiers, livres et stylos à la main et le sempiternel téléphone de l’autre, attendent dès la matinée devant certaines villas de quartiers cossus, donnant l’impression d’être devant des établissements scolaires. Nous pouvons même remarquer des notes collées aux portails, en arabe et en français, que les enfants consultent dans une ambiance très animée.
Renseignement pris, il s’agit d’élèves de 4ème année moyenne et de 3ème année secondaire qui venaient là pour recevoir des cours de soutien ! La première question, c’est : soutenir quoi ?
Les cours officiels n’ont pas encore commencé. Les élèves n’ont même pas regagné leurs classes et, déjà, des gens proposent des cours de soutien pour les élèves des classes d’examen. Normalement, nos enfants auraient, peut-être, besoin de ces cours au plus tôt un mois après le début de l’année scolaire, pour réviser les leçons reçues dans les établissements scolaires ou pour comprendre des leçons qu’ils n’ont pu assimiler.
Quant aux matières proposées, il s’agit du français, de l’anglais, des mathématiques et, parfois, de la langue arabe, pour des montants mensuels allant de 1000 à 3000 DA, selon certains témoignages que nous n’avons pas pu confirmer auprès des concernés.
Ainsi, et outre le fait que le moment des cours de soutien, comme nous le disions plus haut, est inapproprié, il faut voir qui dispense ces cours ? S’agit-il d’enseignants aguerris qui pourront donner un plus à ces élèves dont les parents sont prêts à tous les sacrifices pour les voir réussir ou ne s’agit-il que d’étudiants ou de personnes qui, même diplômées, n’ont jamais enseigné et ne possède donc pas les méthodes pédagogiques pour cela ?
Il y a tout lieu de croire que ce ne sont pas des enseignants, du moins dans les 90% des cas, car des témoignages difficiles à corroborer l’affirment.
Il faut dire que l’acte d’enseigner n’a jamais été facile, il requiert non seulement la possession de connaissances avérées et très larges de la matière enseignées, mais il y a aussi la manière, qui est un véritable art, de faire parvenir cette instruction et ces connaissances à l’élève et que ne peut posséder que quelqu’un qui a exercé de longues années dans l’enseignement. Quant à nos enseignements, ils ont été certainement pris de court (sans jeux de mots), car ils sont eux-mêmes victimes de ces agissements qui font perdre le … cours des pensées et des … cours à leurs élèves.
Tahar Mansour