De l’ALN à l’ANP, un serment d’honneur entre un peuple et son armée (2 ème Partie):
L’armée nationale populaire à travers les différentes Constitutions de l’Algérie
Avec les changements accélérés qui ont marqué le monde à la fin des années 1980 à la suite de la chute du Mur de Berlin, avec la fin de l’ordre bipolaire qui a régi le monde pendant de longues décennies et afin d’être au diapason de cette évolution, l’Algérie a opté pour le pluralisme politique. L’adoption de la Constitution du 23 février 1989 inaugure une ère nouvelle, celle de la transition démocratique en Algérie.
Dans cette perspective, l’Armée nationale populaire s’est volontairement retirée du débat politique pour se consacrer exclusivement à ses missions de défense de la souveraineté et de l’unité nationales, conformément à l’article 24 de la nouvelle Constitution. Celui-ci stipule : « La consolidation et le développement du potentiel de défense de la nation s’organisent autour de l’Armée nationale populaire. L’Armée nationale populaire a pour mission permanente la sauvegarde de l’indépendance nationale et la défense de la souveraineté nationale. Elle est chargée d’assurer la défense de l’unité et de l’intégrité territoriale du pays, ainsi que la protection de son espace terrestre, de son espace aérien et des différentes zones de son domaine maritime. » Ces missions sont confirmées par l’article 25 de la Constitution amendée en 1996.
Ainsi lorsqu’il était devenu nécessaire de procéder à des réformes politiques dans le but de cristalliser le concept de la démocratie dans notre pays, conformément à la nouvelle Constitution, l’Armée nationale populaire n’a pas entravé le processus démocratique. Bien au contraire, elle a salué cette démarche en se plaçant au-dessus de toutes les luttes partisanes et en veillant à garantir la légitimité constitutionnelle en vue d’édifier une société juste et égalitaire. Il en est pour preuve la directive du chef d’état-major de l’ANP : n°51,89 LP/ANP en date du 4 avril 1989, portant sur les nouvelles missions constitutionnelles de l’ANP et les devoirs qui en découlent pour ses membres. Cette directive rappelle que : « Bien, qu’il soit un citoyen jouissant de tous ses droits, tout militaire ne peut aspirer à participer à une activité politique ou contre n’importe quelle formation politique soit à l’intérieur ou à l’extérieur des institutions militaires. »
Par cette attitude responsable, l’Armée nationale populaire s’est conformée avec conviction aux dispositions de la Constitution en veillant à préserver sa cohésion et l’unité de ses rangs.
De ce fait, et lorsque l’Etat s’est trouvé menacé dans ses fondements par les actes subversifs perpétrés par les groupes terroristes, l’ANP a été aux premières lignes de la lutte antiterroriste pour restaurer la sécurité et la stabilité du pays et sauvegarder la République et les institutions démocratiques.
Parallèlement, l’ANP a poursuivi la mise en œuvre du vaste programme de modernisation dans lequel elle s’est engagée pour répondre aux exigences de la défense nationale et être au diapason des armées modernes.
Constitution du 1er novembre 2020
La révision de la constitution objet d’un référendum approuvé par les algériens le 1er novembre 2020 a conforté l’ANP dans ses missions essentielles de préservation de l’unité du peuple et du territoire nationale, de la paix civile, de protection des citoyens et des biens publics et privés. La constitution de 2020 introduit une nouvelle mission pour l’ANP qui est consacrée par l’article qui stipule que : « l’Algérie se défend de recourir à la guerre pour porter atteinte à la souveraineté légitime et à la liberté d’autres peuples et s’efforce de régler les différends internationaux par des moyens pacifiques. L’Algérie peut, dans le cadre du respect des principes et des objectifs des Nations- unies, de l’Union africaine et des Etats de la Ligue des Etats arabes, participer au maintien de la paix ».
LE SERVICE NATIONAL
Définitions et objectifs
Le service national a été institué au sein de l’ANP en 1969. À l’époque, le pays était engagé dans un vaste programme de développement et de transformation pour effacer les séquelles de l’héritage colonial que ce soit au niveau de l’économie, de la culture et même des attitudes et mentalités. Pour cela, les autorités décidèrent de mobiliser toutes les ressources humaines disponibles qui pouvaient participer au développement et à la réalisation des objectifs suprêmes de la révolution tout en assurant la défense nationale, l’unité du peuple, l’intégrité du territoire et la sauvegarde du patrimoine national.
Le service national était donc le choix idéal pour la réalisation de tous ces objectifs. Sa particularité principale est de faire connaître à des jeunes de toutes les régions du pays, de différentes couches sociales et de différents niveaux culturels, la notion d’unité et d’engagement total au service de la nation à travers un mode de vie collectif favorisant la connaissance et les échanges mutuels dans le cadre de l’ordre et de la discipline.
Les principes du Service national
Le service national s’appuie sur un nombre de principes fondamentaux qui sont :
– Principe d’égalité et de justice: le service national permet la participation de façon juste et égale des appelés issus de différentes régions et de différents niveaux, aux tâches communes et dans un objectif commun sans discrimination ni distinction.
– Principe de gratuité : tout Algérien doit consacrer deux années – par la suite la durée de service a été ramenée à 18 mois puis à une année – de sa vie au service de son pays pour fournir un travail gratuit dans le but de contribuer à son développement et à son indépendance économique sans attendre de récompense.
– Principe d’unité et de globalité : le service national est conçu non pas comme l’addition et la succession pure et simple d’une période de service militaire, mais comme un processus continu et complet d’une liaison intime sans faille de ses différentes phases.
* Le principe de globalité entraîne un jeu complexe de relations constantes entre les différentes périodes par lesquelles passe l’appelé pour accomplir son service national : harmonisation des méthodes de formation ; préparation des appelés à leur passage d’une phase à l’autre du service national.
– Principe d’efficacité : l’efficacité doit être un but poursuivi inlassablement dans toutes les activités pour arriver à atteindre les résultats voulus en utilisant les énergies et les ressources disponibles de la meilleure des façons.
– Principe de cohérence et d’adaptation permanente : il est nécessaire d’adapter de façon permanente et avant chaque appel la qualité et le volume des ressources humaines aux moyens disponibles et aux actions entreprises.
– Principe de réciprocité et d’apport mutuel : En contrepartie des missions d’intérêt national qu’il accomplit quelles que soient sa condition sociale, sa fonction et sa responsabilité, l’appelé reçoit une formation et une éducation qui lui permettent de développer ses capacités morales et physiques sur tous les plans et dans tous les domaines.
Les réalisations des jeunes du Service national
Les jeunes appelés du Service national ont affirmé, par leur participation massive aux projets de développement national, la poursuite de la bataille pour la construction et le développement dans différents secteurs. Cette participation s’est concrétisée par la réalisation de nombreux projets parmi lesquels nous citons :
– les projets de développement des zones rurales, inscrits dans le cadre du premier plan quadriennal,
– la construction de villages et d’écoles,
– la réalisation et la restauration de barrages,
– la réalisation d’infrastructures routières reliant les différentes régions du pays,
– le forage des puits et l’installation de canalisations d’eau potable dans les villages,
– l’installation de lignes électriques et téléphoniques.
Cette participation s’est élargie en 1971 aux actions développées dans le cadre de la révolution agraire qui avait pour but d’améliorer les conditions de vie de la paysannerie. Dans cet esprit, la 6ème promotion d’appelés a été baptisée « Promotion de la Révolution agraire ». Parallèlement, de nombreux autres projets sont à l’actif des jeunes du service national dont :
– la mise en valeur des terres…
– la plantation d’arbres (campagne de reboisement à Saïda (1970-1971).
Mais aussi et surtout les grands chantiers que furent :
– la route de l’unité africaine (Transsaharienne) : dans le cadre de la politique de désenclavement des régions du Sahara et de l’ouverture de l’Algérie à l’Afrique, il a été décidé la construction de la transsaharienne.
– Le barrage vert : pour freiner l’avancée du désert vers le Nord, un vaste chantier de plantation d’arbres est lancé sur une longueur de 1500 km et une largeur de 20 km, soit une superficie de 3 millions d’hectares, et couvrant les hautes plaines et l’Atlas saharien : C’est le barrage vert.
Ce projet grandiose devrait connaitre une reprise pour lutter contre les dangers de la désertification, pour la création de nouvelles zones humides et pour préserver l’environnement.
La participation des jeunes appelés n’est pas limitée aux projets de construction. Il y a aussi des secours d’urgences lors des catastrophes naturelles comme le séisme qui avait frappé la ville de Chleff en 1980 où les jeunes appelés avaient apporté toute l’aide nécessaire aux citoyens. Il en fut de même après la catastrophe du 10 novembre 2001 à Bab-El Oued.
Enfin, il y a aussi la contribution de l’ANP à des œuvres humanitaires, entre autres, la construction de structures d’accueil pour personnes âgées ou en détresse à l’image des Diar Errahma de Birkhadem à Alger.
In Mémoria