Documents/ Projet de gazoduc marocain : L’infranchissable embûche nigériane
Le Maroc, qui s’apprête à vivre un hiver rigoureux depuis qu’Alger a stoppé l’alimentation du gazoduc qui alimentait l’Espagne via son territoire, et qui fait face à de sévères menaces de jacqueries çà cause de la flambée des cours des carburants, a tenté une riposte en lançant un projet de gazoduc pharaonique, supposé passer par plusieurs pays de la Cédéao.
Ce projet qui, dans le meilleur des cas, ne verrait le jour qu’à l’horizon 2047, se heurte toutefois à de sérieux écueils. Si l’on excepte le cruel manque de moyens, le principal d’entre eux est bel et bien lié à la poursuite de la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc. Au Nigéria, puissant pays pivot de l’UA avec l’Afrique du Sud et l’Algérie, la société civile et la classe politique sont vent debout contre ce projet mort-né.
C’est ce que montrent les nombreux documents auxquels nous avons pu accéder, dont une très intéressante lettre adressée au président Muhammad Buharri par un impressionnant panel d’acteurs politiques, associatifs et institutionnel.
Cette lettre fait directement référence à ce projet de gazoduc transatlantique, et est signée par une coalition d’organisations de masse nigérianes réputées, notamment le Congrès du travail du Nigéria, NLC, le Congrès des syndicats du Nigéria, TUC, le Syndicat du personnel universitaire des universités, ASUU, le Front d’action conjointe, JAF, Women Advancement for Economic and Leadership.
Empowerment, WAELE AFRICA, Comité de Défense des Droits Humains, CDHR, Ecole Idéologique Amilcar Cabral-Mouvement, ACIS-M, Associations Etudiantes et Organisations de la Société Civile. Il y est rappelé que « toutes les organisations susmentionnées sont liées par un engagement à assurer la fin de la domination coloniale historiquement, politiquement et moralement inacceptable au Sahara Occidental, la dernière colonie du continent africain ».
Or, est-il encore déploré, « le Conseil exécutif fédéral, FEC, le 1er juin 2022, a donné son approbation à la Nigeria National Petroleum Corporation, NNPC, pour conclure un accord avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO pour la construction du projet de gazoduc transatlantique Nigeria-Maroc.
Ce gazoduc, selon l’annonce, doit acheminer du gaz naturel vers quinze pays d’Afrique de l’Ouest et le Maroc, et via le Maroc vers l’Espagne en Europe.
Le pipeline aura une longueur de 5660 km (3517 milles) et sera construit par phases sur vingt-cinq ans. Même si le projet n’en est qu’à ses débuts, nous savons qu’il y a des problèmes qui ne manqueront pas d’embarrasser le gouvernement et le peuple nigérians ». Tel que conçu et imaginé, ce projet ne verra jamais le jour.
Pour preuve, « le gazoduc proposé après avoir traversé tout le littoral de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO, Mauritanie), traverserait les eaux côtières de la République arabe sahraouie démocratique également connue sous le nom de Sahara occidental (dont 80 % sont sous occupation militaire marocaine depuis 1975) avant d’atteindre les côtes du Royaume du Maroc.
Il s’agit d’un stratagème délibéré de l’État occupant marocain pour compromettre la position de principe du Nigéria, de l’Union africaine (UA), des Nations unies (ONU), de la Cour internationale de justice (CIJ) et de la Cour européenne de justice sur le conflit occidental. Conflit du Sahara. Nous affirmons avec toute l’emphase et convaincu que si le projet est mis en œuvre, il y aura certains dommages clairement évitables et, embarras et honte inutiles pour le gouvernement et le peuple du Nigeria.
Ceci est particulièrement important compte tenu du rôle que le Nigéria a joué dans la libération nationale des peuples africains à l’étape la plus cruciale. Votre Excellence, nous rappelons, avec une mémoire indélébile, le rôle joué par notre pays, le Nigeria, en vertu de sa défense de principe des droits des peuples dans des endroits comme le Zimbabwe, le Mozambique, la Guinée Bissau, le Cap Vert, la Namibie, l’Angola et l’Afrique du Sud. à l’autodétermination, a gagné beaucoup de respect universellement.
La contribution de notre pays à la lutte du peuple du Sahara Occidental pour l’indépendance, était en 1984, à son stade le plus élevé et le plus fondé lorsque vous étiez le chef de l’État nigérian. Cela a valu à notre pays un immense respect dans le monde entier et a garanti la place du Nigéria dans l’histoire de la libération de l’Afrique et de l’émancipation des peuples colonisés dans le monde ».
Outre le fait indéniable que le Sahara Occidental sera très certainement libre avant cette date butoir de 2047, force est de supposer que le roi Mohamed VI, pris à la gorge par les nombreux soucis auxquels il a à faire face à cause de sa gestion chaotique du royaume chérifien, semble avoir recouru à l’artifice de ce chimérique projet de gazoduc. En somme, Mohamed VI est un vulgaire vendeur de rêve…
How not to be a Statesman on your first day in office- President Ruto of Kenya Shwi Letter to President Buhari on the NigMor Gas Pipeline Project Aug 2022 Final cop (1)
El Ghayeb Lamine