Eclairage
Dégoût et des… couleuvres
Par Mohamed Abdoun
Cerné de toutes parts par d’incommensurables scandales, dont les conséquences fatales commencent déjà à porter leurs premiers fruits, le royaume chérifien est bel et bien au creux de la vague. Le signe le plus évident et le plus frappant qui indique que pour lui c’est bel et bien le chant du… cygne, réside bel et bien dans le fait que le palais royal se soit senti obligé de se fendre d’une mise au point adressée aux islamistes entristes du PJD 5(parti pour la justice et le développement, d’Abdel Ilah Benkirane. Deux éléments d’analyse me paraissent essentiels pour comprendre l’importance de cette sortie des services de Mohamed VI. D’abord, le PJD avait servi de « pare-choc » au Makhzen pour traverser relativement sans encombre les turbulences des printemps arabes, et mener des réformes de façade. Ces fausses réformes démocratiques avaient porté au pouvoir le PJD. Ce dernier, à la tête du gouvernement au moment des (mé)faits porte la marque infamante de la signature du « deal du siècle, portant normalisation par le Maroc de ses relations avec l’entité sioniste. Une fois instrumentalisé pour ces basses œuvres, le PJD avait été jeté comme une vieille chaussette trouée au profit de l’oligarque Aziz Akhanouch. Ensuite, il est de notoriété publique que selon les « us » anachroniques du Makhzen, le roi ne doit faire l’objet d’aucune critique, quelle qu’elle soit. Il me souvient que le magazine Tel Quel avait été placé au pilon pour avoir osé évaluer les dix ans de règne de Mohamed VI, quand bien même les résultats étaient jugés « positifs » à cette époque. Que le palais se soit donc senti contraint de se justifier face au PJD à propos de la question palestinienne est de fait une preuve suffisant qu’il ya le feu en la demeure. C’est parce que des évènements défavorables sont venus s’adjoindre à la critique du PJD. Le Makhzen a par exemple cru bon de s’appuyer à fond sur les accords d’Abraham. Il a, à ce titre, poussé plus loin que personne sa compromission et sa coopération sécuritaire avec l’entité sioniste. En parallèle, il a joué à fond la carte du traditionnel désaccord entre Téhéran et Ryad, faisant accroire à ses « alliés arabes » que le front Polisario serait aidé par les Gardiens de la Révolution ainsi que le Hezbollah. Or, l’accord historique établi entre l’Iran et l’Arabie Saoudite rend le sol particulièrement friable sous les pas de la moribonde diplomatie marocaine. Son argumentaire, qu’il pensait savamment bâti, n’en déplaise à ses mensonges, en devient particulièrement risible et anachronique. D’autant qu’en parallèle, l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite néonazie en Palestine occupée a décuplé le génocide dont est victime ce peuple. Les calculs de Mohamed VI, devenu pestiféré et infréquentable, s’écroulent sous ses pieds comme un château de cartes. Et, comme si cela ne suffisait pas, son deal du siècle a éternellement associé entre elles les questions sahraouie et palestinienne. De quoi pousser un jour la majeure partie des Etats membres de la Ligue arabe à mettre un terme à leur inexplicable soutien au colonialisme marocain tel que déployé au Sahara Occidental à l’endroit d’un peuple arabo-musulman. Ce n’est pas tout. Une sorte d’effet domino devrait accompagner l’historique réconciliation entre Téhéran et Ryad. Il s’agit en premier chef du retour imminent de Damas au sein de sa famille arabe naturelle. Mieux, face aux nombreux coups de Jarnac d’un Makhzen devenu plus que jamais indigne de confiance, il faudrait s’attendre également à un notable changement de ton au sein du conseil de sécurité à la faveur des actuels chambardements causés par le conflit ukrainien. d’une part, il y a fort à parier que Moscou et Pékin se mettent à soutenir plus fermement le droit du peuple sahraoui à la tenue d’un référendum d’autodétermination. Quant à l France, pour reprendre l’expression de l’actuel ministre des Affaires Etrangères de la RASD (république arabe sahraouie et démocratique), Mohamed Sidati, dans un entretien accordé à La Patrie News, il est demandé que Paris se départisse enfin de sa « neutralité négative ». Restent les USA, « pen holder » concernant cette question, dont l’abandon du Tweet de Trump concernant une prétendue « marocanité du Sahara Occidental » ne fait absolument de doute pour personne. En conclusion, si Rabat continue de fouler aux pieds le droit international, une résolution contraignante, doublée de diverses sanctions, est à attendre pour les prochains mois à l’endroit de ce royaume terroriste et voyou…
M.A.