Eclairage
Par Mohamed Abdoun
La rencontre des six de ce lundi, que nous évoquons depuis vendredi passé, comporte pas mal de messages subliminaux et, hélas, indélébiles. Le lieu de la rencontre, d’abord, évacue de facto la question palestinienne. Choisir de se réunir en Palestine occupée est en soi une reconnaissance formelle de la souveraineté sioniste sur des territoires qu’elle occupe illégalement, aux yeux de l’ONU et au regard du strict droit international, depuis la nekba de 1947 d’abord, et la guerre des six jours de 1968 ensuite.
Les pays arabes que sont l’Egypte, le Maroc, les Emirats et Bahreïn, reconnaissent de facto cette illégale souveraineté. Vont plus loin que les Américains et l’ONU, allant jusqu’à accepter tacitement les colonies sauvages, assimilables à autant de crimes contre l’humanité, et même l’occupation du Golan syrien. En fait de messages subliminaux, celui qui nous interpelle également, vient nous dire que l’entité sioniste vient d’acquérir le statut officiel de leader patenté d’une sorte de coalition armée dressé contre l’Iran.
Et c’est du reste là que réside le premier et plus important message exprimé par cetterencontre. Dans cette folie axiomatique et manichéenne qui veut que les ennemis de mes ennemis doivent systématiquement être mes amis, ces pays arabes viennent de placer au rébus la cause palestinienne. Déclarer la guerre à l’Iran, c’est assurer une protection et une durabilité éternelle au grand projet expansionniste de l’entité sioniste.
C’est aussi chercher à affaiblir le seul pays qui tient encore tête à cet état d’apartheid, incarnant à son corps défendant le peu qui reste du front du refus. Plus pressé que ces autres pays arabes, le Maroc a allègrement franchi par anticipation les étapes prévisibles et à venir. Il vient en effet de qualifier de « terroristes » les résistants palestiniens. Son objectif inavoué, comme il l’a fait avec son deal du siècle et le tweet de Trump, est d’arriver à « criminaliser » l’héroïque résistance du Polisario face à l’illégale occupation marocaine. Bref, cette rencontre que l’on peut effectivement qualifier d’historique, ne l’est que dans le sens le plus sale et le plus détestable qui soit. Yair Lapid, ministre des AE de l’entité sioniste, présent lui aussi à cette sordide rencontre du Néguev, avait osé, souvenons-nous, comparer l’Algérie à l’Iran. Il l’avait fait, souvenons-nous encore, depuis le territoire… marocain. La boucle est ainsi bouclée.
Une grande et salvatrice décantation est en passe de s’opérer. Le sommet arabe d’Alger du 1er novembre prochain nous en fournira les ultimes clés de lecture. Wait and see…
M.A