Éclairage : Sagesse
Par Mohamed Abdoun
Le ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a indiqué dimanche que son pays ne souhaitait pas voir la question de son retour à la Ligue arabe figurer dans l’ordre du jour du sommet d’Alger, indique un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie syrienne a fait cette annonce ce dimanche lors d’un entretien téléphonique avec son homologue algérien Ramtane Lamamra, précise le communiqué. Selon M. Moqdad, la Syrie préfère que la question liée au rétablissement de son statut de membre au sein de la Ligue arabe “ne soit pas soulevée” lors du sommet d’Alger, prévu les 1er et 2 novembre prochain, afin de permettre à la ligue de se focaliser sur les énormes défis qui se poseront à elle lors de ce sommet tout aussi décisif qu’historique. Ici, la voix de la sagesse a très largement pris le dessus. Damas, puissant membre fondateur de cette Ligue, n’aurait jamais dû en être suspendue. au moment des (mé)faits, seule Alger et Beyrouth avaient osé émettre des réserves. Cela nous avait même valu de véhémentes menaces. Mais, il est inutile de ruminer ses rancœurs. Cette suspension, dictées par le puissant lobby prosioniste et les promoteurs des « printemps arabes, a très sévèrement affaibli cette guilde. son épicentre, qui oscillait entre le Caire et Damas, ce qui lui assurait un relatif équilibre « idéologique », a fini par se déplacer vers les monarchies du Golfe. D’où l’avènement des accords d’Abraham, et cette normalisation, qui avance à marche forcée, au détriment du droit international, et de la cause palestinienne. Le « front du refus » agonise ! J’ai couvert et suivi de très près le précédent sommet d’Alger. J’en ai retenu la volonté contrariée de notre pays de réformer cette ligue, dont l’obsolescence et l’anachronisme sautent aux yeux. Tel que conçue, et comme on le voit si bien, cette ligue n’a absolument aucune chance d’influer sur le cours des évènements. Elle les subit, voilà tout. le grand défi du sommet d’Alger devrait consister, à mon humble sens, à mener ces profondes réformes au pas de charge. les évènements tendent en effet à s’accélérer. il serait de ce fait inutile et contre-productif de se contenter de formulations ampoulées, creuses et sans lendemain. La ligue des 22-1 doit reprendre le contrôle, peser sur le cours des évènements, et porter (concrètement) à bras le corps la cause palestinienne. Elle le doit, de même qu’elle n’aurait pas dû tourner le dos à ses frères syriens au moment où ils avaient le plus besoin d’elle. Une erreur historique peut se rattraper. le Golan n’est pas (totalement) perdu. Mais la guerre des six jours, si. À cause d’une trahison qui risque de se reproduire si nous n’y prenons pas garde. la Syrie, avec ses grandes et belles traditions diplomatiques et civilisation elles, vient de faire étalage d’un magnifique exemple de savoir-vivre et de résilience. la diplomatie algérienne, qui n’y est certainement pas étrangères, ne se contente pas de recouvrer ses lettres de noblesse. Elle gagne en confiance et en savoir-faire. le sommet d’Alger sera celui du second souffle et du nouveau départ. mais, pour y arriver, que d’embûches sur le chemin….
M.A.