Edito
Fatale erreur de stratégie…
Par Mohamed Abdoun
Le président français, Emmanuel Macron est en train de vivre une fin de mandat aussi chaotique que l’a été le début de son premier. Son dernier remaniement gouvernemental aura été dans ce sens précis celui du quitte ou double. Le choix Atal cristallise une sorte de pis-aller. Cela s’en ressent surtout en matière de politique extérieure. Stéphane Séjourné, nouveau ministre français des Affaires Etrangères, y annonce clairement la couleur. Dans son plan d’action il priorise le Maroc, nous le dit vertement, et se prémunit de toute éventuelle critique en expliquant que c’est là une instruction du président Macron. Finie la bouderie. Oui, mais comment, et à quel prix. On se souvient qu’au moment de l’éclatement du scandale Pegasus, un logiciel espion israélien dont s’était servi le Maroc contre des milliers de personnes, dont Macron lui-même, ce dernier, vexé au plus haut point, n’avait guère mâché ses mots pour dire son fait à Mohamed VI. Il avait continué par le bouder, se gardant de l’appeler ou de le recevoir en dépit de son séjour français de plus de 6 mois par an dans un des deux châteaux acquis en Hexagone par la rapine, les détournements et la prédation. L’actuel gouvernement est sans doute le plus pro-marocain de toute l’histoire de la Ve République. Annoncer son intention de renouer avec le Maroc, c’est en effet tendre une perche inespérée à Mohamed VI, et lui permettre ainsi de renchérir et de poser ses conditions. Or, on se souvient bien de quelle manière ce dernier, dans un discours, avait claironné que Rabat mesurerait ses relations avec l’ensemble de ses partenaires à l’aune de leur position sur le Sahara Occidental. L’erreur de Séjourné est une erreur d’amateur. A moins qu’elle n’eut été préméditée. Manière de signifier à Rabat que Paris accepte d’avance toutes les exigences posées par Rabat dans cette envie d’aller vite. Aller vite pour assurer à l’ami Atal la possibilité de passer sans escale de Matignon à l’Elysée. Fort heureusement, nous n’en sommes pas (encore) là. Et Alger dispose d’arguments massues pour imposer son point de vue, conforme à la légalité internationale, concernant la décolonisation du Sahara Occidental. Le temps des grandes manœuvres promet de commencer incessamment. Wait and see…
M.A.