Entretien exclusif
Aminatou Haidar : « Nous appelons le Conseil de Sécurité à traiter avec fermeté la violation par le Maroc du doit international »
La Patrie News : Quel commentaire faites-vous par rapport au changement de position du président du gouvernement espagnol vis-à-vis du Sahara. Occidental?
Aminatou Haidar : Personnellement je ne la considère pas comme un simple changement de position, mais plus tôt comme une nouvelle trahison du gouvernement espagnol contre le peuple sahraoui. Cette décision honteuse viole les règles de la légalité internationale, en particulier les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et les recommandations de l’Assemblée générale des Nations unies, qui appellent clairement à une solution qui respecte et garantit le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Je considère également que cette nouvelle position position constitue un soutien à l’agresseur qui est l’occupant marocain, et constitue également une menace imminente contre la sécurité et la paix régionales et ses répercussions sur la paix internationale. ce changement de position constitue également une violation flagrante des principes du droit international. Ça sera aussi une carte blanche pour le régime autoritaire marocain pour intensifier sa répression contre nous les défenseurs et activistes sahraouis aux territoires occupée et même contre les civiles sahraouis aux territoires libérés qui sont victimes d’attaques militaires meurtrières par des drones marocains, et l’occupant marocain se sent protégé en jouissant de l’impunité totale.
Quant à la situation aux territoires occupés du Sahara Occidental est alarmante, et la répression s’ est intensifié suite à la violation du Maroc à l’ accord de cessez-le-feu le feu à la date du 13 Novembre 2020, le Maroc interdit toute forme de protestation que ça soit d’aspect politique ou socio-économique. Hier même à la ville occupé de Smara, une manifestation pacifique a été violemment réprimée cette répression a laissé des victimes, à titre d’ exemple le fils du grand activiste Hamadi Nassiri( membre du bureau exécutif de l’ Instance Sahraouie Conte l’ Occupation Marocaine « ISACOM », le jeune sahraoui Abdelmounaaim Nassiri qui se trouve dans une situation inquiétante suite à la torture qu’il a subit de la part de plusieurs agents de la police de l’ occupant marocain. La situation des prisonniers d’opinions sahraouis aux prisons marocaines est très grave, ils se trouvent dans des conditions pénitentiaires très déplorables et ils sont le plus souvent mal traités et torturés, un groupe d’ entre eux se trouve en grève de la faim depuis plusieurs jours protestant contre la privation de leurs droits.
Lors de notre dernier entretien, vous aviez été la première, et peut-être la seule, à prévoir ce retour vers le conflit armé entre le front Polisario et les forces d’occupation marocaine. Est-ce que la lutte armée reste la seule voie possible pour arracher son indépendance ?
En étant une défenseur des droits humains, ma lutte est pacifique et je crois toujours à la résistance non violente, je souhaite que la communauté internationale nous écoute, apprécie notre lute pacifique et récompense les sacrifices que nous déployons pour maintenir une résistance pacifique aux territoires sahraouis occupés malgré le terrorisme d’ état que partique le Maroc contre nous et contre une population civile sans défense.
Lors de sa première tournée dans la région, l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, Staffan de Mistura, n’a pas pu se rendre dans les territoires occupés. Est-ce que vous y êtes retenus en otage ?
Depuis l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc le 31 Octobre 1975, les territoires occupés du Sahara Occidental se trouvaient sous un quadrillage militaire, policier et médiatique. Les autorités d’occupation marocaines procédaient dans la plus part du temps à la non autorisation aux médias et aux observateurs étrangers d’accéder à ces territoires occupés. Ceux qui ont eu de la chance d’y accéder se trouvaient alors refoulés par les autorités marocaines et rares sont ceux et celles qui ont pu échapper à “la vigilance” des services de renseignement marocains. Depuis la reprise de la lutte armée, suite à la violation par le Maroc de l‘accord de cessez-le-feu le 13 novembre 2020, les autorités d’occupation marocaines ont accentué leur représailles envers les activistes et défenseurs des droits de l’homme sahraouis et les mettent sous surveillance totale et leurs appareils de téléphone portables sont sous écoute permanente des services d’espionnage marocains. Ces activistes sont même interdits de quitter le périmètre urbain des villes où ils habitent. Dans ces conditions restrictives de la liberté, comment vous voulez alors qu’on peut recevoir librement et avoir des entretiens avec l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, Monsieur Staffan De Mistura?
Qu’attendez -vous de concret de la réunion du conseil de sécurité de l’ ONU sur le Sahara Occidental dont la date est prévue pour le 20 Avril courant?
Depuis 1963, le processus de décolonisation au Sahara Occidental attend toujours d’être achevé. La communauté internationale par l’intermédiaire de l’ONU, doit assumer sa responsabilité politique et morale pour mettre fin à la souffrance du peuple sahraoui dont son territoire national est sous l’occupation marocaine depuis le 31 octobre 1975. Par conséquent, le Conseil de Sécurité de l’ONU est appelé alors à adopter lors de sa prochaine réunion du 20 avril 2022, une résolution claire et conforme à la légalité internationale en faveur du processus de la décolonisation au Sahara Occidental permettant au peuple sahraoui de jouir de son droit légitime de l’autodétermination. Le conseil de sécurité doit mettre fin à son indifférence quant au calvaire du peuple sahraoui et respecte son droit légitime à la liberté et et à la dignité.
Nous appelons le Conseil de Sécurité de l’ONU à traiter avec fermeté la violation par le Maroc du doit international et du droit international humanitaire au Sahara Occidental. Il est temps que le conseil de sécurité rompe avec la stratégie de deux poids deux mesures en traitant le conflit du Sahara Occidental avec une politique d’hypocrisie…