Entretien
Oubi Bouchraya : « C’est le Maroc qui pratique du terrorisme d’Etat contre les peuples voisins »
Dans ce passionnant et long entretien l’ambassadeur de la RASD à Bruxelles, Oubi Bouchraya , s’est exprimé à cœur ouvert, sans le moindre fard. Il y parle bien sûr de la décision prise par les dirigeants sahraouis de saisir la justice concernant le contrôle de l’espace aérien du Sahara Occidental. On y apprend qu’une stratégie bien pensée vise à ramener au Polisario un enchainement de victoires, tant juridiques que diplomatiques. Notre interlocuteur tient au passage à mettre quelques points sentis sur les « i » : la doctrine du Polisario l’a toujours tenu éloigné des actes terroristes, quelle qu’en ait été la nature, et même du temps de l’âge d’or des mouvements libérateurs révolutionnaires. Impossible d’en dire autant pour le Maroc, qui se livre à des actes criminels de terrorisme d’Etat à l’aide de ses drones tueurs. C’est dire que ses grossières et éhontées tentatives d’accusations ne tiennent franchement pas la route. Oubi Bouchraya El-Bachir est également revenu sur son historique et exceptionnelle prestation verbale devant le Parlement français. Mais aussi et surtout les immenses victoires du Polisario devant la cour de justice européenne, dont il a été un des principaux artisans. Quant à la trahison de Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol, dont il parle avec un luxe de détails, et d’incompréhension aussi, notre interlocuteur laisse percer un maitre-mot qui définit et résume à lui seul la diplomatie marocaine. Il s’agit du chantage, exercé à tous les niveaux et par tous les responsables marocains. L’Espagne en est certainement victime…
« Pedro Sanchez est une exception dans ce paysage unanime espagnol favorable au Sahara Occidental »
« Personne ne peut contourner notre droit à l’autodétermination »
« Le principe du référendum doit demeurer au-dessus des débats et des contingences. Les négociations doivent uniquement résider dans la définition et l’identification du corps électoral »
« À chaque fois qu’il est fait référence à une une consultation démocratique et transparente, le Maroc se braque systématiquement »
Entretien réalisé par Mehdi Ghayeb
La Patrie News : Vous avez évoqué la possibilité de déposer des plaintes concernant la violation de l’espace aérien par le Maroc. Peut-on en savoir plus ?
Oubi Bouchraya El Bachir : Il n’est pas possible de dévoiler l’ensemble de nos cartes à jouer pour le moment. Présentement, nous œuvrons à consolider l’ensemble de nos acquis du Luxembourg. Des décisions décisives pour nous son attendues pour mai-juin de l’année prochaine. Rien d’autre ne sera entrepris avant que nos acquis ne soient définitivement consolidés. Nous agissons méthodiquement, et sans aucune précipitation. Nos plaintes interviendrons donc lorsque nous serons assurés de notre victoire. Notre déclaration est donc à but médiatico-politique, et non pas strictement politique. l’engagement signé par Pedro Sanchez en marge de sa visite au Maroc fait notamment référence à l’espace aérien au sein d’une commission conjointe à Rabat et Madrid. Cela signifie de facto pour nous que l’Espagne commence à se désengager de l’administration de nos territoires. Il est légalement établi que l’espace aérien du Sahara Occidental dépend de l’Espagne. Si Madrid va jusqu’à mettre en application ce désengagement, il est clair que nous saisirons les instances judiciaires compétentes.
Justement, la diplomatie marocaine, par la voix de son premier responsable tente d’établir des amalgames entre la résistance armée et légitime du front Polisario et les actions terroristes. Le peuple sahraoui, via ses représentants légitimes, est en droit de protéger de revendiquer et de défendre sa terre, mais aussi ses espaces aérien et maritime…
Les deux objectifs du Maroc visent la souveraineté et la manière d’arracher un maximum de reconnaissances à son plan d’autonomie, mais aussi les attaques menées contre le front Polisario en tant que mouvement de libération, et représentant unique et légitime du peuple sahraoui. C’est dans cet objectif précis que s’inscrit l’offensive marocaine contre le Polisario, basée sur des amalgames truffés de mensonges et de manipulations. Souvenez-vous, cette offensive avait déjà commencé en 2018. Nacer Bourita, immédiatement après son retour de Tel-Aviv, avait évoqué de fantomatiques liens entre le Polisarion et le Hezbollah, via un attaché militaire iranien basé en Algérie. Certes, ce n’était là que des sornettes. Or, le Maroc poursuit cette offensive oiseuse via ses nombreux relais au sein des grandes capitales occidentales. Voilà pourquoi vous me donnez ici l’occasion de préciser et de rappeler quelques éléments essentiels liés à ce sujet. L’histoire du Polisario est connue de tous. Depuis sa création jusqu’à ce jour, il n’a jamais commis le moindre acte terroriste. Même durant la période des années 1970 et 1980, où il était possible pour les mouvements de libération de séquestrer des civils ou de s’en prendre à des avions civils, le Polisario s’est surement tenu éloigné de ces actes extrêmes et extrémistes. Nous en avions la possibilité, et le droit aussi. Mais nous-nous en étions abstenus par principe. Nos doctrines fondatrices nous interdisent de recourir aux actions pouvant être qualifiées de terroristes, et encore moins de nous en prendre aux populations civiles. Le Polisario, depuis sa naissance et jusqu’à sa victoire finale, est résolu à mener son combat de manière propre, absolument irréprochable. Ceci, d’une part. de l’autre, nous menons présentement notre combat corps-à-corps contre l’occupant marocain dans les différents domaines où cela nous est possible. D’abord, sur le plan militaire depuis la reprise de notre lutte armée en date du 13 novembre 2020. Nous la menons exactement dans le même esprit que celui qui prévalait pour nous durant les années 1970 et 1980. Cela signifie que nos soldats se limitent exclusivement aux positions de l’armée d’occupation marocaine. Le Polisario ne compte mener aucune offensive au-delà des cibles militaires marocaines. Ce choix répond à notre doctrine et à notre idéologie. On ne veut pas non plus insulter l’avenir. Le peuple marocain est un peuple frère. C’est notre voisin. Il n’est pas possible de changer la géographie. Nous savons également que le peuple marocain est autant victime que nous des agissements des dirigeants de ce royaume expansionniste. Nous n’avons jamais perdu de vue que ce conflit est une sorte de parenthèse qui sera fermée un jour. Nous espérons et œuvrons pour que tous les peuples de notre région renouent avec l’esprit de fraternité, de cohabitation, de respect mutuel et d’entraide, qui ne devraient jamais cesser d’être le leur. Voilà pourquoi nos actions militaires offensives se limitent aux positions de l’armée d’occupation marocaine. On n’ira pas au-delà du mur de la honte marocain. Pour ce qui est des zones occupées, les consignes sont on ne peut plus claires. Tous les citoyens sahraouis s’assignent à un attachement extraordinaire au militantisme exclusivement pacifique. La société civile sahraouie y est attachée depuis toujours. Et surtout depuis 2005, année de déclenchement de notre intifadha. Leurs critères et modes d’actions sont très clairs, s’agissant de la défense des droits légitimes du peuple sahraoui. Un des pics les plus significatifs de ce mode de résistance strictement pacifique est le campement de Gdeim Izik. Près de 6000 familles sahraouies, ont décidé de monter un camp de protestation et de la dignité à côté de notre capital El Ayoun, avec le tente comme symbole premier. Impossible de trouver un mode d’expression plus pacifique ni plus expressif et plus fort sur le plan médiatico-politique. L’autre exemple de notre résistance pacifique est notre manifestation à El Ayon du 5 mai 2013, après l’échec des USA sous Obama et du temps de James Baker, d’étendre aux prérogatives de la MINURSO le respect des droits de l’homme. Face à cet échec, dont s’est rendue coupable la France au conseil de sécurité, toute la société civile, y compris les fonctionnaires est descendue pacifiquement dans la rue. Plus de 6000 Sahraouis ont ainsi manifesté pacifiquement en cette triste occasion. C’est notre mode d’action immuable. Nous n’en avons jamais dévié, ni n’en dévierons jamais.
Ceci étant, le Maroc recourt à ce genre de grossières accusations chaque fois qu’il est acculé. Ça a toujours été le cas depuis le contexte de la guerre froide des années 1970. A cette époque, nous étions des groupuscules de cubains et de vietnamiens. Après la victoire de la révolution islamique en Iran, nous en sommes devenus le relais dans la région. Le Maroc est allé jusqu’à mettre à profit les attaques du 11 septembre en tentant d’établir un inexistant lien entre Ben Laden et le front Polisario. Aujourd’hui c’est le Hezbollah. Nous n’arrivons pas à suivre les accusations et les élucubrations du Maroc. C’est en effet lui qui dit qu’en plus de celui de la Corée du Nord, nous incarnerions l’ultime fief communiste dans le monde. Et nous serions islamistes en même temps ! Notre défi public lancé au Maroc court toujours. Qu’il brandisse la moindre preuve, ou qu’il se taise à jamais. D’ailleurs, comment peut-on être islamiste et révolutionnaires de gauche à la fois. Oui, quand il se sent acculé, le Maroc sort les accusations les plus farfelues et surréalistes qui soient. Ni l’occident, ni la communauté internationale, ne sauraient être induits en erreur par ces grossières et mensongères manipulations. Je dis et redis cela à cause des récentes déclarations de notre chef d’état-major sorties de leur contexte, que le Maroc et ses multiples relais tentent de monter en épingle.
En parlant d’insulter l’avenir, d’après ce que l’on voit, c’est le Maroc qui est en train d’assassiner des civils de diverses nationalités avec ses drones tueurs. N’est-ce pas là du terrorisme d’Etat, ou du terrorisme tout court…
C’est en effet le Maroc qui se rend régulièrement et systématiquement coupable de terrorisme d’Etat. Sur la ligne de front, et même au-delà, il ne fait aucune distinction entre militaires et civils. Ses victimes sont en majorité et jusqu’à présent, des civils. Ce sont là des faits de terrain absolument incontestables. Il s’attaque avec ses drones tueurs à des civils pas uniquement sahraouis, mais aussi mauritaniens et algériens. Sans avoir besoin d’enfoncer le clou, c’est le Maroc qui mérite d’être accusé de se livrer à d’abjects actes terroristes.
Je suis de très près vos actions. Vous avez remporté de grandes victoires sur le plan juridique au niveau de la cour de justice européenne, et politique au niveau du Parlement français. Pouvez-vous nous en dire plus, et est-ce ainsi que la cause sahraouie a des chances de progresser ?
Pour la France, et c’est valable aussi pour l’Espagne, je dois dire que cette vision réductrice du Maghreb au seul Maroc est une vision erronée, et une gravissime erreur stratégique. Depuis le début de ce conflit, la France affiche clairement son penchant pour les thèses expansionnistes marocaines. Elle parie sur ses visées expansionnistes et illégales. Elle fait cela au détriment des autres pays de la région comme l’Algérie et la Mauritanie. Ceux qui depuis 45 ans pariaient sur l’extermination totale du peuple sahraoui doivent enfin s’avouer que leur pari était impossible depuis le début. Le peuple sahraoui a en effet fait preuve d’une indéfectible détermination. J’en profite d’ailleurs pour lancer un appel au président français qui vient d’être réélu afin qu’il opte pour une approche équilibrée envers le Maghreb dans son ensemble, et le Sahara Occidental en particulier. Au mois de janvier de l’année passée, une séance parlementaire inédite a été consacrée au Sahara Occidental. Le Front Polisario s’y est exprimé, ainsi que notre avocat, Gilles Devers et la militante Claude Mangin. Ce fut un appel aux Politiques et aux gouvernements français pour que ce pays joue un rôle différent et plus constructif dans ce conflit. C’est ce qui est attendu du nouveau gouvernement français. Pour ce qui est de la cour européenne, nous constatons une contradiction majeure et flagrante au sein de ce bloc qui prétend être un bastion de la démocratie et du respect des droits. Or, c’est la troisième fois que les dirigeants européens introduisent un recours contre la décision de justice rendue en notre faveur en date du 29 septembre 2021. La cou a invalidé des accords conclus avec le Maroc car incluant illégalement le Sahara Occidental. Or, au lieu de s’y plier, les dirigeants européens introduisent des appels. Pour eux c’est juste des manœuvres pour gagner du temps. Car, nous sommes assurés de notre victoire finale, et avons mis toues les chances de notre côté. Le Maroc et le Sahara Occidental sont des territoires distincts et bien séparés aux yeux de la justice européenne. La question y est définitivement tranchée. Celle de la représentativité du front Polisario ainsi que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination aussi. Nous incarnons de ce fait l’unique personnalité juridique pour agir auprès de la cour de justice européenne. Hélas, la France et l’Espagne tentent de contrecarrer le travail de la cour de justice au détriment de leurs propres intérêts, ce qui est anecdotique en soi. C’est la réputation de l’UE qui est en jeu. On attend la décision prévue pour l’année prochaine. Mais on est optimistes. Nous attendons que la cour de justice reconduise les mêmes arrêts déjà rendus en 2016 et 2018.
Toutes les chances sont en effet mises du côté de la légalité, de la démocratie et du peuple sahraoui. En attendant, la question lancinante qui se pose est celle de connaître la raison du revirement spectaculaire de Pedro Sanchez. Pourquoi, oui, pourquoi le président du gouvernement a littéralement décidé de se tirer une balle dans la jambe en s’alignant sur la position marocaine, et en rompant le consensus politique et populaire qui avait toujours fait foi en Espagne ?
Personne ne cerne avec exactitude le pourquoi de ce revirement. Il y a eu d’abord cette crise provoquée par l’hospitalisation de notre président à Longorno. Mais c’était seulement un prétexte puisque la crise avait réellement commencé depuis décembre 2020. C’était lié au rejet par l’Espagne de la décision de Trump. C’est la ministre espagnole des AE Arancha Laya, qui avait évité l’effet domino au sein de l’Europe en déclarant qu’aun pays, aussi grand ou puissant soit-il, ne peut décider de façon unilatérale du statut définitif du Sahara Occidental et de son peuple. La crise avait commencé à ce moment-là. Les responsables marocains avaient instrumentalisé un geste purement humanitaire allant jusqu’à mettre en danger la vie de 10000 Marocai, dont de nombreux mineurs et enfants. Le fond du problème résidait très certainement dans le niet catégorique de Mme. Arancha. Finalement, pour en finir avec cette crise, Pedro Sanchez semble s’être plié au diktat marocain et à son chantage. En effet, il a carrément été question de notre espace aérien, ainsi que de notre façade atlantique à propos de la délimitation des frontières maritimes entre le Maroc et l’Espagne. Il reste, que personne ne sait pourquoi exactement Pedro Sanchez a été amené à faire une concession majeure et radicale dans la position espagnole vis-à-vis du Sahara Occident. Ces énormes concessions ne sont pas seulement rejetées par le peuple sahraoui et lac communauté mondiale, mais carrément par son propre gouvernement. En Espagne, une forte opposition a même touché le Parlement, le Sénat, le gouvernement et même le propre parti de Pedro Sanchez PSOE. On a vu qu’en juillet le Maroc avait décidé d’envoyer des migrants, dont des mineurs et des enfants à Ceuta. A cette époque, le gouvernement espagnol déployait même ses troupes, et disait ne pas vouloir céder au chantage marocain. Même l’UE s’était solidarisée avec l’Espagne. Il avait été question de ne plus céder à cette traditionnelle façon de toujours céder au chantage marocain. Arriva alors ce communiqué du 18 mars qui est venu incarner de la manière la plus basse possible battre en brèche le consensus espagnol concernant la cause sahraouie. Partant, l’Espagne perd toute possibilité d’aider à régler le conflit du Sahara Occidental. Elle est allée bien au-delà de la position du conseil de sécurité. Aucun pays n’a osé aller aussi loin dans ces concessions. Il évident que cette proposition d’autonomie marocaine ne constituera jamais une solution au conflit sahraoui. La doctrine de l’ONU et sa charte, parlent du droit du peuple sahraoui. En tous ca, nous les sahraouis, gardons cette extraordinaire mobilisation du peuple espagnol contre cette décision unilatérale de Pedro Sanchez. Pedro Sanchez est une exception dans ce paysage unanime espagnol favorable au Sahara Occidental.
Le mot « chantage » revient systématiquement quand on parle de diplomatie marocaine. Est ‘il possible de le lier aux pratiques se trouvant à l’origine de ce revirement espagnol, et même de celui de la France et des autres pays ?
Au début, il y a eu le catégorique refus de l’Espagne de s’aligner sur la déclaration de Trump. A suivi de près le sport préféré du Maroc de faire chanter l’Espagne. Depuis mars 2020 jusqu’à décembre 2022. Je crois que des cercles ou puissances occidentales voulaient imposer la position marocaine. C’est la détermination du peuple sahraoui qui a fini par faire échouer cette option. Personne ne peut contourner notre droit à l’autodétermination. Le plan visant à faire appel à l’Espagne n’a pas fonctionné. Cette proposition d’autonomie était la dernière envers tous les peuples colonisés. Certains veulent se servir de l’Espagne pour défendre le plan moribond du Maroc.
En parlant de légalité internationale, qu’est-ce qui est véritablement attendu de Staffan de Mistura, l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental lors de son imminente tournée dans la région, surtout si cette fois-ci encore il ne peut pas se rendre dans les territoires occupés ?
Pour moi, le fait de se rendre dans les territoires occupés est une nécessité absolue. Il ya aggravation flagrante et inquiétante des atteintes aux droits de l’Homme dans ces territoires. le siège imposé à la maison de Soltana Kheya dans la ville occupée de Boujdour se fait de plus en plus menaçant et criminel. Elle y souffre depuis plus d’une année en compagnie des activistes américains qui ont réussi à la rejoindre. Un véritable médiateur de l’ONU a pour obligation de se rendre sur place. De Mistura dont nous attendons avec impatience la seconde tournée est un diplomate chevronné. A priori, il dispose de toutes les capacités intellectuelles et d’expertise pour mener à bien sa mission. Mais, le problème ne réside pas en lui. Il se situe au niveau du Maroc, et du conseil de sécurité aussi. Si le Maroc s’accroche à sa politique, imposant de façon unilatérale sa vision aux Sahraouis et au conseil de sécurité, cette mission est vouée à l’échec. La mission de la MINURSO, comme son nom l’indique, est d’organiser un référendum au Sahara Occidental. En dépit de toutes ces contraintes, le front Polisario est prêt à coopérer avec de Mistura et à faciliter sa tâche. Le problème a toujours résidé au sein de l’autre partie. C’est là que de Mistura doit fournir plus d’efforts, et se montrer autrement plus ferme. Il est tenu de convaincre le Maroc de se départir de sa dose zélée d’arrogance et d’intransigeance. Il est également tenu de convaincre le conseil de sécurité qu’il y a des règles et des lois à respecter. Ce conflit, au regard du droit international, est on ne peut plus clair.il est défendu d’abandonner cette approche conforme au droit international pour s’engager sur une voie qui ne mène nulle part. de Mistura doit se concentrer sur les points solides et absolument inébranlables. Il s’agit des accords très clairs et explicites déjà signés entre les deux parties. Cela, en plus des résolutions franches déjà adoptées par l’ONU concernant ce conflit. Certes, des voix s’élèvent pour dire que ce référendum est aujourd’hui inapplicable. Pour ces voix, il serait impossible de déterminer avec exactitude le corps électoral appelé à voter. Nous répondons que le principe du référendum doit demeurer au-dessus des débats et des contingences. Reste à en déterminer les modalités pratiques. Les négociations doivent uniquement résider dans la définition et l’identification du corps électoral. Le Maroc refuse désormais le principe lui-même de ce référendum. Ce faisant, il défie ouvertement l’ONU et se place en faux du droit international. Par exemple, si le Maroc prétend que les Sahraouis seraient majoritaires à soutenir l’occupation marocaine, alors pourquoi ne pas organiser le référendum et laisser les Sahraouis décider librement et souverainement de leur destin. On épargnerait beaucoup d’efforts et d’argent.
Oui, d’autant que le Maroc applique depuis 1975 la politique de la colonisation de population, assimilable à autant de crimes contre l’humanité aux yeux du droit international.
Tout à fait. Beaucoup de colons marocains passent aujourd’hui pour des Sahraoui. Le plan de James Baker, qui a été adopté par le conseil de sécurité en juillet 2003, prévoyait une période d’autonomie et de transition afin d’identifier les votants et d’organiser le référendum. Hé bien une bonne partie de colons marocains avaient été retenus dans la liste finale des votants. Là encore, c’est le Maroc qui s’est rétracté. Il n’a pas confiance en ses propres sujets. A chaque fois qu’il est fait référence. À une consultation démocratique et transparente, le Maroc se braque systématiquement. Ce constat nous fonde à penser que le Maroc n’a jamais eu l’intention de se plier au droit international, et d’accepter la tenue de ce référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Ce qu’il fait, ce sont des manœuvres qui cherchent à lui faire gagner du temps. Sa démarche a toujours été mensongère et trompeuse.
D’autant que le parallèle entre l’occupation sioniste et marocaine est totalement établi. Le Maroc se livre à la politique du fait accompli, assuré qu’il est de son impunité…
Exactement. Aucune résolution contraignante n’a jamais été prise contre le Maroc. Bien au contraire. Par exemple, au niveau de l’UE, au lieu de respecter les décisions très claires, on préfère s’y opposer et les contester dans le bute d’aider le Maroc et de gagner du temps. Ces pratiques alimentent et consolident le sentiment d’impunité chez le Maroc. Le même constat est fait au niveau du conseil de sécurité. Certains en arrivent à récompenser ceux qui foulent aux pieds les lois internationales. Il est temps que les choses changent, et évoluent enfin dans le bon sens.