Humeur
Dos au mur
Par Mohamed Abdoun
La tournée de Staffan de Mistura, envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, donne l’air de patiner. Ce dernier continue de se confiner dans un intriguant silence. Le Maroc, qui a essayé de lui faire tenir des propos prétendument favorable à son mort-né plan d’autonomie, s’est fait sévèrement rappeler à l’ordre. Mais, cette humiliante mise en garde commence à exaspérer le camp sahraoui. C’est en effet son peuple qui en souffre. Le statut-quo arrange grandement les affaires du Makhzen. Cette situation de fait accompli, pareille en quelque sorte à ce qui se passe en Palestine, ne saurait, ni ne devrait, durer plus longtemps. L’occupation illégale du Sahara Occidental par le Maroc perdure depuis 47 longues et interminables années. il est temps d’y mettre un terme définitif. D’autant que ce territoire non-autonome demeure comme une sorte d’épine sur le pied de l’UA. C’est en effet l’ultime colonie persistant en Afrique, et jetant à bas les nobles principes portés et défendus par cette guilde. Oui, il est temps que les choses évoluent et changent. Dans le bon sens bien entendu. Celui de la légalité internationale. D’autant que les choses se sont totalement et parfaitement clarifiée depuis la précédente tournée de De Mistura, durant laquelle il avait été empêché de se rendre dans les territoires occupés. ce gravissime incident avait forcé le diplomate italo-suédois à écourter sa tournée, et à rentrer précipitamment à New-York. Oui, le peuple sahraoui, brimé, opprimé, pillé, est retenu en otage par l’armée d’occupation marocaine. il est forcé de vivoter dans une sorte de prison à ciel ouvert. un peu comme en Palestine. L’ONU est tenue de réagir et d’assumer pleinement son rôle. « Suite à sa visite à Rabat en juillet et au voyage qu’il a conclu récemment à Tindouf, l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, M. Staffan de Mistura, tient des réunions avec d’autres interlocuteurs concernés dans la région. Il s’est rendu hier à Alger pour rencontrer les autorités algériennes. Il prévoit de se rendre à Nouakchott pour des réunions avec les autorités mauritaniennes le 10 septembre. Au cours de ces engagements régionaux, l’Envoyé personnel continue d’attendre avec intérêt d’approfondir les consultations avec toutes les parties concernées sur les perspectives de faire avancer de manière constructive le processus politique sur le Sahara occidental. Ce faisant, il entend rester guidé par les précédents clairs établis par ses prédécesseurs ». Voilà tout ce qua dit Stéphane Dujaric, porte-parole du SG de l’ONU lors de sa conférence de presse quotidienne concernant cet épineux sujet. C’est loin d’être suffisant. L’ONU ménage le chou et la chèvre en fermant les yeux sur les gravissimes dépassements du Maroc. Abba El Hussein, président de la commission des droits de l’Homme sahraouie, avec lequel je me suis entretenu immédiatement après sa rencontre ave de Mistura, m’avait assuré avoir remis un volumineux dossier sur les nombreux crimes marocains. or, ce diplomate s’est contenté s’écouter sans rien dire. Cette attitude, qui semblait sage et pondérée au début, devient à présent intenable. Carrément inacceptable. L’ONU se laisse ostensiblement défier et marcher sur les pieds par le Maroc. la MINURSO, comme son nom l’indique, a pour charge d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental cette opération avait été acceptée et dûment paraphée Par Rabat EN 1991 sous la double et auguste autorité de l’ONU et de l’ex-OUA. Cette incontournable opération, comme l’a rappelé Alger, est plus que jamais imprescriptible. Pour le Polisario, dont on attend un communiqué dans les prochaines heures à venir, il n’est certainement pas question de baisser les armes, ni d’observer un quelconque cessez-le-feu avant que l’ONU n’ait arrêté un agenda précis portant feuille de route vers la tenue de ce référendum. La Maroc ne doit pas avoir d’autre choix que de s’y plier. Pour l’ONU, il y va de sa crédibilité, et de son existence même…
M.A.