Maroc-Gate : Soltana Kheya victime du complot !
Les jours passent. Les langues se délient. Et les révélations s’enchainent. Parmi les dernières en date, si l’on excepte l’entrée fracassante de Nicolas Sarkozy dans le scandale planétaire du Maroc-gate, on apprend que même l’égérie de la cause sahraouie, Soltana Kheya, pour reprendre l’expression de Pierre Galand dans un entretien accordé à La Patrie News, en a été victime elle aussi.
Le journal italien “Il fatto quotidiano”, citant des enquêteurs du parquet fédéral de Bruxelles, a en effet indiqué que l’ingérence du régime marocain ne se serait pas limitée à influencer les décisions du Parlement européen concernant le Maroc, mais aurait également été portée sur la “nomination des membres des commissions de l’Eurochambre qui traitaient de dossiers délicats pour le pays maghrébin”, mais aussi celle “des candidats au prix Sakharov pour la liberté d’expression”.
En analysant la liste présentée par divers groupes politiques, poursuit le média italien, “on constate qu’en 2021 le Groupe de Gauche a proposé Soltana Khaya pour que son nom figure dans le trio de finalistes. Or, le tandem Panzini-atmoun a réussi à lui ôter ce prestigieux prix alors qu’elle se trouvait en résidence surveillée dans la ville occupée de Boujdour en compagnie de sa mère et de sa sœur, et faisait l’objet des pires sévices de la part de l’occupant marocain. Le prix Sakharov est en quelque sorte le prix Nobel de la paix, version Parlement européen. Cette usurpation confirme ce que nous écrivions la veille, citant Ferré : à cause de la corruption marocaine quasi-généralisée, les médailles et les distinctions se mettent bel et bien à faire les trottoirs !
A cette époque sombre, nous avions réussi à garder contact avec elle. Cette dernière nous envoyait régulièrement des photos d’elle, arborant le drapeau sahraoui sur la terrasse de sa maison. Elle avait également réussi à nous accorder un entretien, dans lequel elle avait décrit son enfer avec d’effrayants détails. Jointe par téléphone, Soltana Kheya nous dit que cette manœuvre ne l’étonne pas du tout. Pour elle en effet, les gens du Makhzen sont capables du pire. Ils sont sans morale et sans état d’âme. Soignée aux iles Canaries, où elle reprend laborieusement des forces après tout ce qu’elle a subi, elle promet qu’elle compte revenir bientôt sur sa terre natale.
L’en expulser représenterait en effet un crime de guerre, comme l’a déclaré l’ONU au lendemain de la déportation depuis Al Qods de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri. Il est axiomatique que ce Maroc-gate scelle définitivement la fin de l’entreprise coloniale au Sahara Occidental.
Tous ses arguments et éléments de langage sont en effet réduits à néant. Il a perdu le peu de crédibilité dont il pouvait encore se targuer. Personne ne peut non plus prendre sa défense sans attirer sur lui-même de solides suspicions de corruption. Reconnaissons quand même cet admirable tour de force aux dirigeants marocains : ils arrivent à allier admirablement corruption et prostitution. La rime y est aussi.
El Ghayeb Lamine