Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale
La couverture sociale, un droit pour tous
Si la sécurité sociale dans le monde est plutôt perçue comme un apanage de certaines classes, l’Algérie en a fait un outil d’aide et d’assistance à l’ensemble de ses citoyens, même ceux qui ne travaillent pas mais ont besoin d’une couverture sociale car souffrant de maladies chroniques ou d’un handicap. En 2022, même les chômeurs bénéficient de l’assurance sociale, tout comme les autres catégories déjà incluses, il leur suffit de s’inscrire à l’allocation chômage qui leur est servie chaque mois et ils sont automatiquement portés sur les listes des cotisants de la CNAS.
Mais il faut dire que pour arriver à une telle couverture sociale, plusieurs étapes ont été franchies depuis l’indépendance.
Un peu d’histoire …
Durant l’occupation française de l’Algérie, la sécurité sociale s’est caractérisée par les inégalités et les iniquités flagrantes envers le peuple algérien par rapport aux travailleurs d’origine européenne qui activaient en Algérie. Le travailleur algérien, outre le fait qu’il n’avait aucune assurance sur son travail puisque le colon pouvait le licencier au moment qu’il voulait, n’avait droit à aucune couverture sociale bien que la loi y afférente ait été adoptée en France dès 1945. Il a fallu de longues années de luttes syndicales pour que les algériens parviennent à arracher la promulgation d’une ordonnance portant sur les assurances sociales et les retraites en juin 1949 mais qui ne sera appliquée qu’en 1950 pour le régime général et en 1957 pour l’assurance vieillesse.
Malgré cela, les droits aux allocations familiales arrachés de forte lutte par les travailleurs algériens en 1949 avaient un relent discriminatoire certain car excluant les travailleurs agricoles, de loin les plus nombreux et ‘ont privé de ce fait la majorité du peuple algérien de ce droit’ et ce n’est qu’en 1956, par calcul politicien car l’Algérie se trouvait en pleine guerre de libération nationale, que les ouvriers agricoles ont pu bénéficier du droit aux allocations familiales.
La sécurité sociale après l’indépendance
Dès l’annonce de l’indépendance de l’Algérie, les colonisateurs ont, avant de quitter le pays, détruits et brulé la grande partie des archives et dossiers de la sécurité sociale, en plus des pillages des fonds des organismes de sécurité sociale, les laissant dans une situation catastrophique. Mais ils ont compté sans le génie algérien et la solidarité de tous les travailleurs avec la direction politique du pays. Grâce aux efforts conjugués de tous, les différents organismes de sécurité sociale ont pu être rétablis, les archives reconstituées et le paiement des différentes prestations rétabli, en un temps record.
Dès 1963, la sécurité sociale en Algérie commença à connaitre une réorganisation structurelle, qui aboutit, petit à petit, à la refonte du système de sécurité sociale en 1983 qui a consacré les principes fondamentaux du système national de sécurité sociale basés sur la solidarité, l’uniformisation des avantages et l’unicité de son financement et de sa gestion.
Entre 1983 et 1999, c’est la mise en œuvre de la refonte qui a prévalu et s’est soldée par l’unification des régimes, l’affiliation obligatoire de tous les travailleurs et salariés, l’unification des droits et obligations des bénéficiaires et l’unicité du financement.
Les structures de la sécurité sociale en Algérie
Suite à la refonte du système de sécurité sociale de 1983, il a été mis en place quatre caisses nationales ayant le statut d’établissement public à caractère spécifique :
– La Caisse Nationale des Assurances Sociales des Travailleurs Salariés (CNAS)
– La Caisse Nationale des Retraites (CNR)
– La Caisse Nationale de Sécurité Sociale des Travailleurs Non-Salariés (CASNOS)
– La Caisse Nationale d’Assurance Chômage (CNAC).
Les risques couverts
Les neuf branches des systèmes de sécurité sociale prévues par la Convention n° 102 de l’OIT sont comprises dans celui de l’assurance sociale en Algérie :
– L’assurance maladie
– L’assurance maternité,
– L’assurance invalidité,
– L’assurance décès,
– Les accidents du travail,
– Les maladies professionnelles,
– L’assurance chômage,
– La retraite,
– Les prestations familiales.
Amélioration des prestations
Le système de sécurité sociale en Algérie a connu plusieurs réformes tendant à améliorer les prestations offertes aux assurés sociaux, ayant comme programme :
Ø L’amélioration de la qualité des prestations : avec l’extension des structures de proximité, l’élargissement du système tiers-payant, développement des actions sanitaires (centres régionaux d’imagerie médicale et cliniques spécialisées) et l’amélioration du pouvoir d’achat des retraités.
Ø La modernisation : réhabilitations des structures existantes, généralisation de l’outil informatique, valorisation de la ressource humaine et introduction de la carte électronique de l’assuré social Chifa.
Ø La préservation des équilibres financiers : réforme des instruments de recouvrement des cotisations, réforme du financement de la sécurité sociale, mise en application d’une nouvelle politique de remboursement (générique et tarif de référence).
Poursuite des efforts pour l’amélioration des prestations
Le ministère du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale poursuit actuellement ses efforts en matière de sécurité sociale pour améliorer les prestations fournies aux assurés sociaux. Outre les remboursements des médicaments, le système de sécurité sociale en Algérie a introduit le conventionnement avec des médecins, des cliniques privées, des hôpitaux publics et des centres d’hémodialyse, pour ne citer que ceux-là. Des commissions sont aussi à pied d’œuvre pour étudier les meilleurs moyens à mettre en œuvre pour l’amélioration constante de ces prestations, toujours au profit des assurés sociaux, notamment ceux souffrant de maladies chroniques ou de handicaps lourds.
Tahar Mansour