Pandora Papers : Un énorme scandale sur fond de règlements de comptes géostratégiques
La presse mondiale, et occidentale plus précisément, vient de révéler un énorme scandale baptisé « Pandore Paper».
Le choix des dirigeants accusés pose toutefois problème, quoique le mérite de ce travail peut toutefois résider dans la façon de mettre en garde l’ensemble des dirigeants dans le monde, et leur rappeler au passage que, dans un monde véritablement libre, la presse, dans son acceptation la plus large, s’avère bel et bien être un authentique « quatrième pouvoir».
Mais, venons-en aux faits. Plusieurs dirigeants, dont le Premier ministre tchèque, le roi de Jordanie ou les présidents du Kenya et d’Équateur, ont dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, notamment à des fins d’évasion fiscale, selon une enquête publiée dimanche 3 octobre par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).
L’enquête baptisée « Pandora Papers», à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes, s’appuie sur quelque 11,9 millions de documents, qui proviennent de 14 sociétés de services financiers, et a mis au jour plus de 29 000 sociétés offshores.
Selon ces documents, le Premier ministre tchèque Andrej Babis a placé 22 millions de dollars dans des sociétés écran qui ont servi à financer l’achat du château Bigaud, une grande propriété située à Mougins, dans le sud de la France.
Le président équatorien Guillermo Lasso a, lui, logé des fonds dans deux trusts dont le siège se trouve aux États-Unis, dans le Dakota du Sud. En 2019, Volodymyr Zelensky a été élu, après avoir incarné dans la série «Serviteur du peuple», un président fictif, incorruptible, luttant contre les oligarques et les forces de l’agent, rappelle un journaliste à Kiev, Stéphane Siohan.
Mais sur la base des Pandora Papers, les journalistes de Slidstvo Info, un média d’investigation ukrainien, ont prouvé que pendant des années, Zelensky et ses amis du Kvartal 95, sa société de production audiovisuelle, ont caché leur fortune dans une douzaine de sociétés-écrans, à Chypre, au Belize et aux Iles Vierges britanniques.
L’enquête montre que plus de 40 millions de dollars, versés par l’oligarque Ihor Kolomoisky, patron de la télévision à laquelle Zelensky vendait ses programmes, ont échappé au fisc ukrainien.
« Le film montre que Zelensky n’est pas juste un gars simple qui veut être différent, ce qui a été un de ses messages politiques, le président du peuple et tout ça, souligne Anna Babinets, rédactrice en chef de Slidstvo Info. Nous voyons qu’il y a beaucoup de combines, des choses douteuses».
Maintenant on voit qu’il est juste un homme d’affaires comme les autres, qui essaie de garder son argent à l’extérieur de l’Ukraine. « À l’extérieur de l’Ukraine, et notamment à Londres, dans les quartiers cossus, ou les partenaires d’affaires de Zelensky ont acquis des appartement luxueux».
Le problème, c’est que Zelensky a amené au pouvoir ces mêmes amis de jeunesse, avec lesquels il a monté ce système opaque.
Parmi eux, son premier assistant Serhiy Chéfir, dont la voiture a récemment été prise dans une fusillade, mais également Ivan Bakanov, qui est aujourd’hui le patron des services secrets du pays.
Volodymyr Zelensky vient de faire passer au Parlement une loi anti-oligarques, mais avec ces révélations sur ses tours de passe-passe financiers, c’est son crédit politique qui risque désormais, d’être démonétisée.
Le roi de Jordanie et ses villas
C’est un immense empire immobilier caché par le roi Abdallah II, révèle l’enquête. Pas moins de 14 résidences luxueuses situées au Royaume-Uni et aux États-Unis.
La plus récente est une propriété à Malibu avec accès direct sur la plage. Le sujet est hautement sensible et le montage financier s’est fait en secret. Tout est géré par une trentaine de sociétés écrans aux Caraïbes et au Panama.
Le roi Abdallah II n’est jamais désigné par son nom et il n’existe pas de trace numérique des documents. La raison ? Une telle affaire pourrait mettre en danger le régime jordanien. Le pays a été fortement touché par la crise sanitaire et connaît des difficultés économiques. Près de 16% de la population du royaume vit en dessous du seuil de pauvreté et un tiers de la population du pays est considéré comme pauvre.
La popularité du roi est fragilisée. En avril dernier, son demi-frère, le prince Hamza, avait critiqué ouvertement le régime avant d’être arrêté pour avoir fomenté un coup d’État contre le roi Abdallah II.
Ces révélations pourraient aussi compromettre les aides financières reçues par la Jordanie. En 2020, le royaume a touché 3,7 milliards de dollars de la communauté internationale. Réagissant à ces révélations, le roi Abdallah II s’est défendu. Les propriétés seraient issues de sa fortune personnelle, ont fait savoir ses avocats.
Le recours à des paradis fiscaux serait justifié par « des raisons légitimes de sécurité et de confidentialité».
Cette enquête se révèle toutefois subjective et orientée. Elle place en effet le président russe au premier rang des accusés, au même titre que ses proches.
Quand on sait ce qui se passe en France, aux USA et au Maroc, pour ne citer que ces exemples, on a du mal à croire que ce travail journalistique n’a pas été « ordonné» par des puissances occidentales à la poursuite d’objectifs géostratégiques bien compris.
Du coup, on se surprend même à constater qu’aucun dirigeant chinois ne figure sur la liste des mis en cause. Le mérite de ces « enquêtes» n’en demeure pas moins positif, qui pousse les hauts responsables dans le monde à cesser de confondre entre argent public et biens personnels..
Rafik Bakhtini