Tentative de déstabilisation du Sahel : Les mises en garde d’Ahmed Attaf
L’Algérie alerte une nouvelle fois sur la présence d’« armées terroristes » au Sahel, une région où se multiplient, ces derniers temps, les coups d’États militaires. Une mise en garde lancée par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, dans un entretien accordé à notre consœur d’Al Jazeera Khadidja Benguenna.
Dans son intervention, le chef de la diplomatie algérienne a affirmé que cette « région est constituée par les pays les pauvres au monde ». Une région, a-t-il souligné, « réputée pour les prises de pouvoirs non constitutionnelles ».
Une région ayant enregistrée ces « deux dernières années, pas moins de 8 coups d’État et tentatives de putsch » a argumenté Ahmed Attaf. Analysant situation prévalant dans cette région, Ahmed Attaf relève que la recrudescence des activités des groupes armés dans la région est la conséquence de nombreuses convoitises de puissances occidentales aussi bien pour les richesses de son sous-sol que par sa position stratégique avec une large bande frontalière avec l’Algérie.
« Aujourd’hui on ne peut plus parler de groupes armés mais d’armées terroristes qui sévissent dans la région » et qui « sont sources d’inquiétude aussi bien pour les populations que pour les gouvernements en place», déplore Ahmed Attaf.
Une inquiétude déjà exprimée, septembre dernier dans son discours tenu lors d’une réunion ministérielle de l’Union africaine à New York. Ahmed Attaf a souligné que le terrorisme est devenu la « première » et la « principale menace » à la paix et à la sécurité sur le continent africain, en particulier dans la région du Sahel, qui a enregistré selon lui le « plus grand nombre de victimes au cours de l’année écoulée ».
Le Sahel est devenu un « centre mondial du terrorisme », a déclaré Ahmed Attaf, alertant sur la présence dans cette région d’« armées terroristes » dotées d’armes modernes et contrôlant de vastes zones géographiques.
« Des armes lourdes provenant essentiellement de la Libye une autre région marquée par l’instabilité », indique Ahmed Attaf. Et d’énumérer les groupes terroristes sévissant dans la région à l’instar de Boko Haram, Daesh, Al Qaida, et l’État islamique et une multitude de groupuscules, faisant de la région « poudrière » et « un motif d’inquiétude ».
La tendue de l’Algérie envers le Maroc
Dans l’entretien accordée à Al-Jazeera, le chef de la diplomatie algérienne a, également abordé d’autres sujets brulants. Interpelé sur les relations de l’Algérie avec le Maroc et l’avenir de l’Union du Maghreb arabe, Ahmed Attaf a été catégorique.
«Dans notre relation avec le Maroc, on peut dire que l’Algérie est plus disposée à accélérer la recherche d’une solution politique» a-tt-il asséné, précisant que « nous sommes conscients, comme les autres États, (de l’importance) de la construction du Maghreb arabe et de la fraternité » ajoutant que « le rêve demeure encore. Il ne pourra jamais être détruit. Et le chef de la diplomatie va plus loin « j’attends avec impatience le jour où nous tenterons à nouveau de relancer cette construction ».
A ce propos, Ahmed Attaf affirme que l’Algérie ne s’est jamais refusé à relancer le processus : «C’est ce qui peut nous être raisonnablement demandé et nous sommes prêts pour cela ».
La Palestine n’est plus une préoccupation des arabes
Abordant la situation dramatique en Palestine, Ahmed Attaf a asséné ses vérités en pointant du certains pays arabes qui se sont détournés de la question palestinienne.
Des États arabes atteints de l’ « effet du témoin » appelé aussi « effet spectateur » ou « effet Kitty Genovese » »ou en en anglais « bystander effect ».
Dans sa réponse, Ahmed Attaf a dénoncé la «éparpillement » entre les pays arabes sur la question, ce qui « se traduit sur le terrain par une faiblesse ».
Et de regretter que « le monde n’a plus évoqué une solution politique à la question palestinienne depuis plus de 25 ans. Le dernier à avoir lancé une initiative politique c’est le président Clinton à la fin des années 1990 ».
« J’ai rencontré des ministres ces derniers temps, et j’ai constaté que la priorité n’est plus la question palestinienne », révèle Ahmed Attaf, qui explique cet état de fait par le fait qu’il n’y avait pas « une insistance des pays arabes à inclure la question palestinienne dans l’agenda international », allusion à peine voilée à la Ligue des États arabes.
R.N.