Thomas Clausi, jeune entrepreneur italien, multiplie les démarches pour déployer sa néo-banque Africa Pay, dans 19 pays africains. La banque fonctionne essentiellement avec les cryptommaines. N’est-ce pas hasardeux de s’installer dans une région, peu familiarisée avec les bitcoins ? Visiblement nullement échaudé par ses tribulations judiciaires dans un des pays du continent, notre interlocuteur expose ses motivations.
Propos recueillis par S. Biskri
La Patrie-news : Vous êtes promoteur du projet Africa Pay. En quoi consiste-t-il exactement et comment fonctionnera cette banque virtuelle ?
Thomas Clausi : La banque virtuelle sera présente dans 19 pays en Afrique (Algérie, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, Mali, Mauritanie, Niger, République centrafricaine, Sénégal, Tchad, Togo et Tunisie).
C’est une réelle révolution technologique et surtout bancaire qui proposera de nombreux services. Elle consiste a offrir des frais moindres à la bancarisation de la population ou nous serons implantés.
Alors qu’en France près de 99 % de la population dispose d’un compte en banque, le taux de bancarisation est beaucoup plus faible en Afrique. Selon les chiffres officiels de la BCEAO (Banque centrale des états d’Afrique de l’Ouest), il serait d’à peine 18 % dans les pays de l’UEMOA (Union économique monétaire ouest-africaine) et d’environ 10 % sur l’ensemble du continent. Une grande majorité de la population ne dispose pas d’accès à des comptes, des crédits, des plateformes boursières, etc
Pourquoi lancer ce projet en Afrique, alors que les populations du continent n’ont pas encore, tout-à-fait, intégré le e-paiement dans leurs habitudes. Elles seront forcément réticentes à l’utilisation de la cryptomonnaie ?
Nos solutions sont très faciles à utiliser. C’est vraiment là ou on se démarque. Nous avons fait de nombreux tests avec une population très vaste afin de comprendre ce nos clients attendaient vraiment, mais surtout que ce soit le plus simple pour eux. Nous avons même développé une version pour les analphabètes.
L’utilisation des cryptomonnaies restera une option. On offrira des services bancaires de base pour la population. La cryptomonnaie sera surtout destinée aux plus jeunes. 60 % des Africains ont moins de 24 ans, à l’horizon 2050.35 % des jeunes dans le monde seront africains. On utilise beaucoup la technologie blockchain, même pour nos services bancaires de bases.
Comment comptez-vous agir face au vide juridique afférent au recours au bitcoin, dans les pays où vous voulez déployer la néo-banque ?
Le projet est tellement innovant que malheureusement certains états ne sont pas, juridiquement, à jours sur de nombreux points. Mais je pense, avant tout, que c’est grâce à ce genre de projet ambitieux que les états pourront faire de nombreuses améliorations que ce soit dans leur système juridique ou dans de nombreux autres domaines.
Votre expérience au Maroc (condamnation pour escroquerie) vous a assurément échaudé, mais elle suscite aussi plus de méfiance et suspicion sur votre projet et votre personne. Votre commentaire ?
Je pense que les investisseurs ont compris l’affaire et la volonté d’anéantir le dirigeant d’africa Pay. Il ne faut pas oublier que africa Pay faisait beaucoup de bruit au Maroc. Peut-être a-t-elle commencé à effrayer de par son avancée technologique.
D’ailleurs, on m’a jugé sur la base d’une loi qui n’existe pas. Aucune loi n’interdisait l’utilisation des cryptomonnaies. Ce qui montre la volonté de stopper le dirigeant de Africa Pay.
C’est surtout grâce aux soutiens de la présidente du Conseil des ministres italiens, Giorgia Meloni, le ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani et le Consul général italien au Maroc, Marco Silvi que j’ai été libéré.
S.B