Affaire Pegasus : Emmanuel Macron change de téléphone et de numéro
Espionné par les services secrets marocains à l’aide de Pegasus, un maliciel israélien extrêmement intrusif, le président français, Emmanuel Macron, a changé de téléphone et de numéro.
Selon l’Elysée cité par des médias, le chef de l’Etat français a également exigé un renforcement de tous les protocoles de sécurité à la suite d’un conseil de défense « exceptionnel » dédié à l’affaire Pegasus.
« Le président de la République suit au plus près ce dossier et prend cette affaire très au sérieux », avait souligné, plus tôt dans la journée, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français, sur France Inter.
Un scandale planétaire a éclaté cette semaine après la révélation d’une affaire d’espionnage massif par un consortium de 17 médias, dont Le Monde. Plusieurs pays, surtout le Maroc, sont pointés du doigt.
Le royaume de Mohammed VI est, à ce titre, le pays qui a utilisé à un rythme frénétique le mouchard conçu par NSO Group. Sur les 50 000 numéros de la liste, consultée par l’organisation Forbidden Stories et Amnesty International avant d’être partagée avec le consortium de 17 médias, le makhzen en a ciblé une bonne partie. Plus de 10 000, selon Le Monde.
Rien qu’en Algérie, 6000 numéros appartenant à des responsables, des journalistes, des diplomates étrangers et des membres de la société civile ont été sélectionnés par le client marocain de NSO pour être infectés. Les numéros français, quant à eux, représentent 10% de la totalité des numéros ciblés par le makhzen.
D’après Le Monde, « le numéro de téléphone d’Emmanuel Macron a été saisi en mars 2019 par un opérateur au sein des services de sécurité du Maroc ». « Qu’il y ait eu ou non infection, la présence de ce numéro sur la liste constitue un acte hostile du royaume chérifien envers le chef d’un Etat ami et allié, dont les services de renseignement respectifs coopèrent de près, notamment en matière de lutte antiterroriste », déplore le quotidien français.
Jupiter, comme le surnomme la presse locale, n’est pas le seul à avoir été épié par Rabat. Son ancien Premier ministre, Edouard Philippe, quinze ministres – certains sont toujours en fonction, d’autres non – l’ont été.
Parmi eux figurent des poids lourds du gouvernement comme Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur.
Les barbouzes de leur majesté n’ont lâché personne. Des anciens ministres d’origine marocaine, à l’image de Myriam El Khomri, ont été ciblés. A en croire Le Monde, le patron de la police et du renseignement intérieur marocains, Abdellatif Hammouchi, est allé jusqu’à surveiller secrètement un numéro de son monarque et des membres de la famille royale.
Djaouad Amine