Agence de notation panafricaine : l’économiste international Magaye GAYE s’explique
Le Président en exercice de l’Union africaine (UA), Monsieur Macky Sall, a plaidé en faveur de la création d’une agence de notation financière africaine face aux évaluations qu’il qualifie de « parfois très arbitraires » des agences internationales. Pour, Magaye GAYE,
économiste international, trois raisons peuvent expliquer la nécessité de ce mécanisme. Il est question, souligne-t-il dans une contribution pour Finacial Afrik, du «niveau d’endettement» des pays africains qui devient «de plus en plus préoccupant et laisse entrevoir des difficultés prochaines en termes de notation et par ricochet d’accès
aux marchés financiers». Ce risque est exacerbé par «un contexte international de plus en plus difficile avec les conséquences de la guerre en Ukraine, les séquelles du covid et les tendances inflationnistes notées dans le monde».
Il s’agit également des Investissements Directs Etrangers (IDE) vers l’Afrique qui, en 2020, «se sont effondrés de 30 à 40 % et les envois de fonds ont chuté de 9 %; l’Afrique représente moins de 3,5% des IDE mondiaux». L’autre raison concerne l’ «exaspération du côté africain face à des agences de notation de plus en plus rigoureuses dans le
respect des principes et soucieuses d ‘éviter la survenance de nouvelles crises financières mondiales comme celles que le monde a connu en 2008». Cette idée de la création d’une agence panafricaine de notation est, selon M. Magaye, «sans doute intéressante du point de vue symbolique et procède d’une volonté de l’Union Africaine de s’inscrire dans une posture de force de proposition». Toutefois, l’économiste recommande de la prudence et de la lucidité. Explicite, il indique, entre autres, que le marché financier «admet difficilement de nouveaux membres et est concentré autour de 3 acteurs clefs (
Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch Ratings) avec des barrières à l’entrée importantes pour tout nouvel entrant notamment en matière de réputation, de taille critique et de réglementation».
Rappelons que le président de l’UA a affirmé qu’«en 2020, alors que toutes les économies subissent les effets du Covid-19, 18 des 32 pays africains notés par au moins l’une des grandes agences d’évaluation ont vu leur notation dégradée. Ceci représente 56 % de notations dégradées pour les pays africains contre une moyenne mondiale de 31 %
pendant la période ». Aussi, déplore-t-il, «des études ont montré qu’au moins 20 % des critères de notation des pays africains relèvent de facteurs plutôt subjectifs d’ordre culturel ou linguistique, sans lien avec les paramètres qui jaugent la stabilité d’une économie».
Mohamed Ait S.