Les choses semblent s’accélérer au Niger, où des militaires avaient renversé le 26 du mois en cours, le président élu, Mohamed Bazoum.
Les militaires nigériens ont d’ailleurs accusé ce lundi, la France de « vouloir intervenir militairement », au lendemain d’un sommet des voisins ouest-africains du Niger menaçant d’utiliser la « force » s’il n’était pas rétabli dans ses fonctions d’ici à dimanche.
Les pressions sur les putschistes qui ont pris le pouvoir le 26 juillet, afin qu’ils rétablissent « l’ordre constitutionnel », sont de plus en plus fortes, venant de l’ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, pays essentiel dans la lutte contre les groupes djihadistes qui ravagent les pays du Sahel depuis des années.
Les pays d’Afrique de l’Ouest ont, eux, fixé dimanche un ultimatum d’une semaine à la junte militaire au Niger pour un « retour complet à l’ordre constitutionnel », affirmant ne pas exclure un « recours à la force » si ce n’était pas le cas.
Réunie à Abuja, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a également décidé de « suspendre toutes les transactions commerciales et financières » entre ses Etats membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires. L’Allemagne et l’Espagne ont aussi annoncé la suspension de l’aide au développement et de leur appui budgétaire au Niger.
Avant même le sommet d’Abuja, les militaires putschistes, dirigés par le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle à l’origine du coup d’Etat, les avaient par avance dénoncées, y voyant une « intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec les pays africains non membres de l’organisation et certains pays occidentaux ».
L’Union européenne (UE) a prévenu qu’elle tiendrait les putschistes responsables « de toute attaque à l’encontre de civils, et de personnel ou d’installation diplomatiques », selon le chef de sa diplomatie, Josep Borrell. Elle « appuiera rapidement et résolument » les décisions de la Cedeao.
La Russie de son côté, dont le drapeau est agité par des manifestants projunte à Niamey, a appelé lundi « à un rétablissement au plus vite de la légalité dans le pays » et « à la retenue de toutes les parties ».
Médiation tchadienne
Le Niger, qui compte 20 millions d’habitants, est l’un des pays les plus pauvres du monde, en dépit de ses ressources en uranium. Les sanctions décidées par la Cedeao « feront très mal à notre pays », a estimé dimanche à France 24 le premier ministre nigérien, Ouhoumoudou Mahamadou.
Le dirigeant tchadien, Mahamat Idriss Déby, dont le pays n’est pas membre de la Cedeao, mais qui est voisin du Niger, également puissance militaire au Sahel alliée de la France, a participé au sommet d’Abuja.
Il s’est ensuite rendu à Niamey, pour « voir ce qu’il peut apporter au règlement de la crise », selon N’Djamena. Il a pu s’entretenir avec Mohamed Bazoum, retenu depuis le 26 juillet dans sa résidence présidentielle, et avec le général Tchiani.
Des « arrestations abusives »
Le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, au pouvoir, a dénoncé les « arrestations abusives » de quatre ministres (intérieur, pétrole, mines et transports), d’un ancien ministre et du chef du parti, dans un communiqué transmis lundi à l’Agence France-Presse.
Des sources proches de la présidence ont également fait part aux médias, de l’arrestation du ministre de l’enseignement supérieur.
Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, miné par les attaques de groupes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaida, est le troisième pays de la région à subir un coup d’Etat depuis 2020.
R.I