Coup d’Etat au Niger : L’Afrique de l’ouest sur une poudrière !
Le coup d’Etat opéré depuis trois jours au Niger donne l’air de vouloir provoquer une sorte d’effet-domino. Toute la région ouest-africaine risque en effet de s’embraser après que la CEDEAO a fixé un ultimatum aux putschistes avant d’intervenir militairement. Cette dernière semble en effet « contrôlée » par la France, qui refuse de se retirer du continent africain malgré tous les dégâts qu’elle y a causés depuis son assassinat du colonel Mouammar Kadhafi. Le Niger, loin d’être isolé face à la menace de la CEDEAO a en effet vu venir d’inespérés et inattendus renforts. Une intervention militaire au Niger pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum, renversé par un putsch, serait considérée comme «une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali», a indiqué un communiqué conjoint des gouvernements de Ouagadougou et Bamako. Les deux gouvernements «avertissent que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali», au lendemain d’une menace d’usage de «la force» par les dirigeants ouest-africains réunis à Abuja, la capitale du Nigeria. Les deux gouvernements «préviennent que toute intervention militaire contre le Niger entraînerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger». Ils «mettent en garde contre les conséquences désastreuses d’une intervention militaire au Niger qui pourrait déstabiliser l’ensemble de la région». Ils ajoutent qu’ils «refusent d’appliquer» les «sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériens» décidées à Abuja. Ultimatum d’une semaine Dimanche, les dirigeants de la Cédéao ont fixé un ultimatum d’une semaine à la junte militaire au Niger pour un «retour complet à l’ordre constitutionnel», affirmant ne pas exclure un «recours à la force» si ce n’était pas le cas. Ils ont également décidé de «suspendre toutes les transactions commerciales et financières» entre ses États membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires impliqués dans le coup d’État. Dans un communiqué séparé, la Guinée «exprime son désaccord concernant les sanctions préconisées par la Cédéao, y compris une intervention militaire» et «a décidé de ne pas appliquer ces sanctions qu’il considère illégitimes et inhumaines». Conakry «enjoint la Cédéao à reconsidérer sa position». Ces renforts montrent q’un conflit généralisé couve en Afrique de l’ouest, qui se meut bel et bien sur une poudrière. En attendant, le Bénin a fermé sa principale frontière avec le Niger, juste après le double sommet UEMOA-CEDEAO, tenu à Abuja (Nigéria) et consacré à la situation politique au Niger. « Toutes les activités au port de Cotonou qui concernent le Niger sont suspendues. Plusieurs sources rapportent que de nombreux camions en route pour Niamey, transportant des conteneurs et du vrac chargé au port de Cotonou, sont actuellement bloqués à la frontière, côté Bénin », indique Radio France Internationale (RFI). En revanche, les voyageurs sont autorisés à circuler, selon des témoins cités par le même média. Le Niger, en tant que principal partenaire du port béninois, achemine la majorité de ses importations via Cotonou. Une fois déchargées des navires, ces marchandises se dirigent vers Niamey, comme l’a précisé la même source. Ce corridor est très fréquenté dans la région, et les statistiques estiment que jusqu’à 1000 véhicules traversent cette frontière chaque jour, transportant des véhicules d’occasion, des produits alimentaires, pharmaceutiques, de l’essence et divers autres produits. Lors de sa visite officielle au Bénin en mars dernier, le président Bazoum avait lui-même souligné l’importance vitale de ce corridor pour son pays, en ajoutant que le port de Cotonou était également le port du Niger. Ce dossier reste à suivre…
Wassim Benrabah